Dossiers pédagogiques/Collections
du Musée
Un mouvement, une période
art conceptuel |
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L'Art conceptuel : " Ce qui permet à l'art d'être art "
Les artistes et leurs uvres
Sol LeWitt, 5 Part Piece (Open Cubes) in Form of
a Cross, 1966-1969
Robert Morris, Card File, 1962
Joseph Kosuth, One and Three Chairs, 1965
Stanley Brouwn, Trois Pas = 2587mm, 1973
Art & Language, Singing Man, 1976
Lawrence Weiner, Stones + Stones. 2 + 2 = 4, 1987
Ce dossier sinscrit dans une série Un mouvement,
une période, qui sera régulièrement augmentée dans cette partie du
site.
- Ces dossiers sont réalisés autour dune sélection duvres
des principaux mouvements ou tendances représentés dans les collections du Musée
national dart moderne.
- Sadressant en particulier aux enseignants ou aux responsables de groupe,
ils ont pour objectif de proposer des points de repères et une base de
travail pour faciliter l'approche et la compréhension de la création
au 20e siècle, ou pour préparer une visite au Musée*.
Chacun de ces dossiers comporte :
- une présentation générale permettant de définir et de situer le mouvement
dans un contexte historique, géographique et esthétique,
- une sélection des uvres des collections du Musée les plus représentatives,
traitées par fiches comportant une notice duvre, une reproduction et une biographie de lartiste,
- un ou plusieurs textes de référence apportant en complément une approche théorique,
- une chronologie,
- une bibliographie sélective.
*À NOTER
Les collections du Musée comportent 65 000 œuvres. Régulièrement, le
Musée renouvelle les œuvres présentées dans ses espaces situés aux 4e et 5e
niveaux du Centre Pompidou. Les dossiers pédagogiques sont réalisés en lien
avec ces accrochages.
Pour en savoir plus sur les collections du Musée : www.centrepompidou.fr/musee
L'Art conceptuel : "ce qui permet à l'art d'être art"
LArt conceptuel nest pas un mouvement structuré, ni même
une tendance univoque. Il concerne plutôt des artistes qui ont pour première
exigence d'analyser ce qui permet à lart dêtre art, analyse qui
elle-même se conduit selon deux grandes orientations.
Dune part, avec un artiste comme Sol LeWitt, suivi de Dan Graham,
lArt conceptuel reçoit une acception large, fondée sur laffirmation
de la primauté de lidée sur la réalisation. En conséquence, tout un pan
de lhistoire de lart peut être qualifié de "conceptuel",
depuis le 15e siècle avec l'appartenance de la peinture aux arts
libéraux où le travail de l'esprit tient la plus grande part : l'art est "cosa
mentale" avait écrit Léonard de Vinci. En somme, tout artiste
qui privilégie le "disegno", la conception par le biais du dessin,
participe de lArt conceptuel.
Pour Sol LeWitt, tout le cheminement intellectuel du projet (gribouillis, esquisses, dessins, repentirs, modèles, études, pensées, conversations) a plus de valeur que l'objet présenté. "La couleur, la surface, et la forme ne font qu'accentuer les aspects physiques de l'uvre. Tout ce qui attire l'attention sur le physique d'une uvre nuit à la compréhension." (Artforum, été 1967).
Dautre part, une acception restreinte de l'Art conceptuel est circonscrite par Joseph Kosuth ou le groupe dorigine anglaise Art & Language à travers la revue du même nom. Il sagit de limiter le travail de lartiste à la production de définitions de lart, de répondre à la question "Quest-ce que lart ?" par les moyens de la logique (Cf. texte de référence de Kosuth). A la primauté de lidée, se substitue ici celle de lexigence tautologique : définir lart et rien que lart sans se contredire. Le but de cette restriction de lactivité artistique est de refuser toute visée métaphysique, jugée comme incertaine, pour névoluer que dans le domaine du fini, assurément viable.
Outre Joseph Kosuth et Art & Language, de nombreux artistes ont contribué à cette recherche, notamment Robert Barry, On Kawara, Lawrence Weiner aux Etats-Unis, Victor Burgin en Grande-Bretagne, Bernar Venet et Daniel Buren en France, et ont assuré son développement international.
En résumé, la divergence des deux interprétations dépend de ce que lon entend par "conceptuel" : lidée ou la tautologie. Cependant, si cette distinction peut sembler subtile, on ne peut en négliger les implications : à travers lopposition des deux orientations de lArt conceptuel, cest le choix de linfini ou du fini qui est en jeu.
Bien que remettant en cause lobjet et sa production, l'Art conceptuel n'a cependant jamais pu se passer de réalisations formelles qui se matérialisent le plus souvent par la photographie ou l'édition de livres et de catalogues, mais aussi de diagrammes, de schémas, de plans, de fichiers et d'installations diverses.
La spécificité de l'Art conceptuel est parfois difficile à cerner tant par la diversité des démarches artistiques que par l'ampleur de son influence sur différentes tendances contemporaines qui prouve sa vitalité.
La plupart de ces textes sont extraits ou rédigés à partir des ouvrages La Collection, Musée national dart moderne, Ed. du Centre Pompidou, Paris, 1987, et La Collection, Acquisitions, 1986-1996, Ed. du Centre Pompidou, Paris, 1996.
Sol LeWitt
Sol LeWitt, 5 Part Piece (Open Cubes) in Form of a Cross, 1966-1969
(Pièce en cinq unités (cubes ouverts) en forme de croix)
Acier peint (laque émaillée)
160 x 450 x 450 cm
© Adagp, Paris
Cette uvre, emblématique de la sculpture de Sol LeWitt, illustre un principe de construction des formes quil met en place à partir de 1965. Ses sculptures deviennent des structures modulaires : des constructions qui répètent et ordonnent une même unité en suivant des principes de progression géométrique. 5 Part Piece (Open Cubes) in Form of a Cross, comme lénonce son titre, se compose de cinq cubes évidés émergeant dun plan en croix. Plus précisément, quatre cubes disposés en croix font apparaître un cinquième élément central et virtuel, formé par les arêtes des autres cubes.
Cette uvre
hérite de lexpérience acquise par Sol LeWitt auprès des artistes de lArt
minimal : les formes sont posées à même le sol pour remettre en cause
lusage du socle dans la sculpture classique ; elles sont peintes
en blanc, afin déliminer toute qualité de représentation et dexpression.
Mais elle applique un postulat énoncé par Sol LeWitt tour à tour en 1967 et
1969 dans ses deux grands textes "Paragraphs on conceptual Art" et
"Sentences on conceptual Art" : luvre nest
que lillustration dune idée. Ni ses détails matériels, ni ses limites
dans lespace, nont dimportance. En droit, elle pourrait se
développer à linfini.
Avec ce parti pris théorique, Sol LeWitt quitte lArt minimal
pour lArt conceptuel. Grâce à la prédominance de lidée,
"lart devient la machine qui fabrique lart".
Biographie
Après des études dart, Sol LeWitt travaille comme graphiste auprès de larchitecte I. M. Pei. De cette expérience, il retient didée de la supériorité dun projet sur sa réalisation.
Il élabore ses premières uvres autour de 1962, des tableaux en relief où se mêlent des mots et des formes géométriques.Sa première exposition personnelle a lieu à New York en 1965, année de lapparition de ses structures modulaires. Il expose alors avec les artistes de lArt minimal, notamment à la célèbre exposition collective du Jewish Museum de New York, Primary Structures, en 1966.
A partir de 1967, il rompt avec lArt minimal en qualifiant son travail de "conceptuel". Il soriente vers la création duvres qui se réduisent de plus en plus à des modèles, voire de simples textes indiquant les opérations à effectuer pour leur réalisation. Il conçoit ainsi à partir de 1968 des Wall Drawings, fresques à composer par la répétition dun motif géométrique en couleurs primaires. Quant à lauthentification de ses uvres, Sol LeWitt utilise des certificats, ouvrant la voie par ce système à dautres artistes comme Daniel Buren ou Lawrence Weiner.
Plus récemment, ses Wall Drawings réintroduisent un espace illusionniste, des couleurs plus subtiles, et une technique graphique plus complexe.
Sol LeWitt au musée Guggenheim
Ses dernières uvres réconcilient la sculpture et le dessin par la création densembles conçus in situ, où des Wall Drawings multicolores font écho à de grands solides blancs et irréguliers.
Robert Morris
Kansas City, 1931
Robert Morris, Card File, 1962
(Fichier)
Tiroir de fichier métallique, monté sur planche de bois, fiches cartonnées
68,5 x 27 x 4 cm
© Adagp, Paris
Card File (en français tout simplement fichier) répond au projet dune uvre entièrement tautologique, qui nest constituée que de sa propre histoire : rien quune série de fiches, alignées dans un classeur de type Cardex, regroupant par ordre alphabétique les données constitutives de luvre. A "Décision", on peut lire la liste des premières fiches et la date de leur choix ; à "Erreurs" le recensement des fautes dorthographe contenues dans les autres fiches ; à "Titre" le titre ; à "Signature" la signature de Morris, etc, la plupart des fiches renvoyant l'une à lautre. Ce jeu virtuellement infini est arrêté par décision arbitraire au 31 décembre 1962, comme lindique la fiche "Travail".
Card File anticipe le mouvement de lArt conceptuel qui sefforce, dans les années 60 et 70, dappliquer aux arts visuels un modèle issu de la philosophie du langage (en particulier celui de J. L. Austin, dont les articles ont été publiés sous le titre How to do Things with Words*, littéralement "comment faire des choses avec des mots"). Joseph Kosuth, l'un des principaux acteurs de ce mouvement, reconnaît dans Card File une uvre fondatrice, dailleurs citée dans dinnombrables articles et publications sur lArt conceptuel comme une référence essentielle.
Biographie
Après avoir fréquenté différentes écoles des beaux-arts, à Kansas City, San Francisco et Portland, Robert Morris pratique tout dabord la peinture, dans un style proche de celui de Pollock. A la fin des années 50, son intérêt pour la musique et la danse le conduit à New York où il fréquente des musiciens comme John Cage et la Monte Young, avant de rencontrer Jasper Johns et Frank Stella. Cest dans ce contexte quil développe lidée dun art sans qualités, ni peinture ni sculpture, ses "Formes neutres" ("Blank Form"), dont le principe est très proche de celui des "objets spécifiques" de Donald Judd. Ces formes ont été utilisées comme accessoires au cours de performances réalisées notamment avec Yoko Ono et le Living Theater. Dans le même temps, son intérêt pour Marcel Duchamp lui suggère des objets post-dadaïstes qui jouent avec humour des contradictions entre lintelligible et le visible.
A partir du milieu des années 60, lunivers de Morris est en place : il inclut à la fois la peinture, le dessin, la sculpture, la danse, le théâtre, la performance - parfois à vocation politique - , le Land Art et les constructions à grande échelle, la pratique de lempreinte ou du moulage, le film, la vidéo.
Au début des années 80, Robert Morris surprend le public avant-gardiste en présentant des peintures dapocalypse, enchâssées dans de grands cadres baroques faits de moulages dossements et de fragments de corps. Cette nouvelle orientation confirme que Robert Morris est un artiste inclassable.
*J. L. Austin, Quand dire, cest faire, éd. du Seuil, Paris, 1970, pour la traduction française.
A propos de J. L. Austin et la philosophie du langage sur le site .philosophypages.com
Robert Morris au musée Guggenheim
Joseph Kosuth
Toledo, Ohio, 1945
Joseph Kosuth, One and Three Chairs, 1965
(Une et trois chaises)
Installation : chaise en bois et 2 photographies
200 x 271 x 44 cm
© Adagp, Paris
Cette pièce fait partie des Proto-investigations, série de travaux qui annonce lavènement de lArt conceptuel. Rappelant les Philosophical Investigations de Wittgenstein que Joseph Kosuth cite fréquemment, cet intitulé a été choisi rétrospectivement par lartiste, en fonction de son programme de recherche ultérieur : the First Investigations, the Second qui sacheminent vers une réflexion de plus en plus abstraite. Les Proto-investigations désignent en réalité une série duvres conçues dès 1965, mais restées à létat de notes : "Je ne disposais tout simplement pas de largent nécessaire, à cet âge, pour fabriquer des uvres, et, franchement, il ny avait pas lieu de le faire, alors que je navais pas despoir tangible de pouvoir les présenter, et aussi compte tenu de la nature du travail".
Dans One and Three Chairs, un objet réel, une chaise quelconque, est choisi parmi les objets dusage courant les plus anonymes. Il est placé contre une cimaise, entre sa photographie son image reproduite par un procédé mécanique et sa définition rapportée dun dictionnaire anglais (ou bilingue en fonction du lieu dexposition). Lensemble est la triple représentation dune même chose sans quil y ait une répétition formelle. Ce qui est multiplié dune partie à lautre de luvre, ce nest pas la chaise réelle, encore trop particulière malgré sa neutralité, ni la photographie qui ne représente que son image du point de vue du spectateur, ni enfin sa définition qui envisage tous les cas répertoriés de lemploi du mot "chaise" mais néglige de fait celui de la chaise réelle et de son image. Il sagit dans les trois cas dun degré distinct de la réalité de lobjet. Tous trois désignent, par leur association, une quatrième chaise, idéale et invisible dont le concept se trouve ainsi suggéré, bien plus que défini. Là où défaille lobjet, intervient limage, et là où celle-ci à son tour défaille, apparaît le langage, lui-même insuffisant mais déjà relayé par lobjet.
Biographie
Joseph Kosuth, en réaction contre lécole formaliste américaine, abandonne la peinture sitôt ses études d'art achevées. Pour lui, lart doit se fonder sur des propositions positives, alors que les questions dordre formel ou celles touchant à la personnalité de lartiste ne le sont jamais absolument. En théoricien de lArt conceptuel, dont il devient rapidement une figure majeure, il affirme que lart, par les efforts de lartiste, ne peut que mettre lart en question, en linterrogeant sur sa propre nature : "Le ready-made fit de lart une question de fonction. Cette transformation ce passage de lapparence à la conception marquera le début de lart moderne et de lArt conceptuel. Tout lart après Duchamp est conceptuel" (Art after philosophy, 1969). Il reprend la formule du peintre Ad Reinhardt "Art as art as art", ladapte à ses vues "Art as idea as idea", et parvient à une proposition satisfaisante : "lidée de lart et lart sont la même chose". Prenant exemple sur lanalyse logique, il reconnaît que les tautologies sont les seules propositions valables puisque, comme lart, elles restent vraies en vertu delles-mêmes : "Lart est une tautologie. Lart est la définition de lart".
Lensemble de son uvre jusquà aujourdhui sélabore au plus près de ces schémas. Ses pièces napparaissent pleinement à la conscience du spectateur quau moment même de la lecture du texte qui y figure. Les objets encore présents dans les Proto-investigations de 1965 disparaissent ensuite pour n'être plus qu'un texte placardé, indice suffisant de lexistence de luvre.
Visiter un site sur Ludwig Wittgenstein (en anglais)
Joseph Kosuth au musée Guggenheim
Stanley Brouwn
Paramaribo, Suriname, 1935
Stanley Brouwn, Trois Pas = 2587mm, 1973
Casier métallique : 3 tiroirs superposés avec fiches blanches imprimées
46 x 19,8 x 39,7 cm
Achat 1989
AM 1989 - 199
Cette uvre appartient à un projet gigantesque entrepris à partir
de 1971, lequel consiste pour lartiste à compter ses pas avec la plus
grande précision possible, et à établir des mesures entre son corps, ses déplacements
et le territoire dans lequel il évolue.
Intitulée de manière précise et tautologique, Trois Pas = 2587 mm, elle
est constituée de trois casiers métalliques. Chaque casier contient des fiches
dont chacune porte la mention 1 mm, mesure qui, en sadditionnant selon
le nombre de fiches, totalise la longueur dun de ses propres pas :
soit successivement 864 mm, 860 mm et 863 mm.
Peu importe ici les circonstances et le contexte du déplacement sur lesquels
lartiste ne sexprime pas : seule la mesure des trois pas fait sens.
Par la suite, Stanley Brouwn synthétise son rapport au monde dans des dessins
réduits à deux traits parallèles, par exemple dans One Meter, One Step.
Luvre intitulée 1x1 m, 1x1 pas, 1x1 coudée, 1x1 pied, renvoie à lunité de mesure linéaire, et à la mesure de son propre corps exprimée
en mesure ancienne.
Ces uvres se dérobent à toute appréciation de qualité au sens traditionnel.
Leur titre recouvre exactement ce quelles montrent. Elles ne signifient
rien dautre que ce quelles exhibent : le rapport entre une
expérience concrète et lespace. Ce qui relève peut-être précisément du
domaine de lart.
Biographie
Depuis le début des années 60, Stanley Brouwn refuse tout catalogue personnel contenant dautres indications que la stricte description des uvres exposées. Son retrait de toute scène publique (ainsi nest-il jamais présent à ses vernissages) explique en partie la discrétion dans laquelle est tenu son travail. Il sagit pourtant dune uvre fondée sur une rigueur et sur une cohérence internes, qui en font lune des uvres les plus significatives de lArt conceptuel. Toutefois, à la différence dautres artistes conceptuels, Stanley Brouwn se situe toujours par rapport à une réalité physique. Son langage se constitue non à lintérieur dun champ clos, mais toujours dans un rapport au monde.
Après avoir détruit ses dessins et ses peintures antérieurs, puis côtoyé des artistes de Fluxus, il réalise en 1959 à Amsterdam ses premières expériences : il pose sur le sol des feuilles de papier qui conservent la trace du passage des piétons. En 1960, il commence la série This Way Brouwn, croquis d'itinéraire esquissés par des passants auxquels il demande son chemin et où il impose ensuite son tampon. Ces croquis ninterprètent rien ; ils décrivent une activité à la fois physique et mentale et inscrivent le lien que lartiste entretient avec lespace. Bien avant les artistes conceptuels américains, Stanley Brouwn montre que lart peut naître de situations banales, être une trace de léchange social qui en découle. Luvre nest plus un objet unique aux qualités esthétiques imposant sa contemplation, mais le constat dune activité : le déplacement du corps dans lespace.
A partir de 1964, il systématise sa méthode en associant lactivité décrite au comptage précis des éléments qui la composent.
Art & Language
Formé en mai 1968 à Coventry, Grande-Bretagne, le groupe Art &
Language est composé de Terry Atkinson (1939), Michaël
Baldwin (1945), David Bainbridge (1941), Harold Hurrell (1940), Charles Harrison (1941-2009), Mel Ramsden (1944), tous de nationalité britannique, Ian Burn (1939-1993) de nationalité autralienne.
Art & Language, Singing Man, 1976
Sérigraphie avec mine de plomb et encre de Chine
76 x 61 cm
Achat 1977
AM 1977 - 661 (1 à 3)
Cette sérigraphie est caractéristique des uvres conçues par le groupe Art & Language et du vif débat qui s'instaure entre ses membres dans la seconde moitié des années 70 autour de la notion d'art engagé. En faisant allusion à lart soviétique des années 20, le groupe propose une réflexion critique sur l'enthousiasme de ces avant-gardes et lambiguïté des images.
Cette uvre fait partie dun ensemble de douze sérigraphies qui portent
chacune linscription manuscrite dun couplet de chanson, ici "The
Language of Working Class is universal, its lyricism lightens the he/art (le
langage de la classe ouvrière est universel, son lyrisme soulage le cur/art)".
Exposée en 1977 à la galerie Fabre à Paris, cette série était présentée avec
un film vidéo montrant les artistes chantant ce couplet. A travers cette parodie
dune chanson populaire, Art & Language pointe, sur un mode ironique,
les relations qui tendent à substituer lart au cur.
Combinant image et langage, le groupe, qui joue sur les mots (heart = cur et/ou art), manifeste ses préoccupations centrées sur larticulation de problématiques sociales et visuelles, et affirme ici ses distances avec la plupart des pratiques artistiques britanniques plus directement engagées dans laction politique.
Histoire du groupe Art & Language
A partir de 1969, le groupe publie aux Etats-Unis une revue, Art & Language, éditée par Joseph Kosuth. En 1971, Mel Ramdsen (1944) et Ian Burn (1939) le rejoignent. Constitué à un moment où lart minimaliste semble représenter lapogée du formalisme et où lArt conceptuel atteint sa pleine maturité, le groupe fonde son activité, ses "conversations", sur une recherche des relations entre théorie et pratiques artistiques.
Aux premières uvres de 1966-1967, comme Air Show ou Temperature Show, constituées de rapports rédigés dans le style des protocoles scientifiques sur des expériences imaginaires, succèdent des pièces purement textuelles qui ne renvoient qu'à elles-mêmes.
L'uvre fondatrice de cette démarche est l'éditorial du premier numéro de la revue paru en mai 1969, texte composé collectivement et non signé, pour contester la notion d'auteur. Cet écrit pose dès ses premières lignes l'hypothèse selon laquelle un texte qui explique ce qu'est l'Art conceptuel est une "uvre d'art conceptuelle". Il analyse les divers critères qui président à la reconnaissance d'une uvre d'art : à la suite de Duchamp, le groupe conclut qu'un environnement artistique suffit à la transfiguration d'un objet en art. Ainsi, un texte mentionnant qu'il est destiné à une galerie d'art, deviendrait de ce seul fait une uvre. L'essai se conclut par une remise en cause de la théorie selon laquelle l'art visuel corrigerait la pensée conceptuelle. "L'utilisation du langage du monde de l'art" peut suffire à faire de l'art.
Depuis la fin des années 70 marquée par le départ de Terry Atkinson qui se consacre à la recherche d'une esthétique marxiste, le groupe recentre son interrogation sur la peinture : elle est présentée comme un "site culturel" dont il sagit de dégager la spécificité par rapport à dautres productions intellectuelles, par exemple des textes historiques, politiques ou philosophiques. Latelier des artistes et le musée deviennent alors des thèmes récurrents et démultipliés dune vision ironique du monde de lart, notamment dans les séries des Incidents in a Museum et des Ateliers dartistes.
Lawrence Weiner
Bronxville (Etats-Unis), 1942
Stones + Stones. 2 + 2 = 4, 1987
Lettres de dimensions variables, peintes en gris et bleu
© Adagp, Paris
Cette uvre est, comme toutes celles de Weiner depuis 1968, une proposition linguistique écrite sur un mur choisi par le collectionneur ou l'institution détentrice. Les phrases de Weiner sont des titres d'uvres qu'il a réalisées pour sa part dans son atelier, sans les communiquer au public, et qu'il transmet en offrant la possibilité d'une nouvelle matérialisation. C'est pourquoi Wiener se déclare à de nombreuses reprises sculpteur.
Stones + Stones. 2 + 2 = 4
est composée de cinq uvres qui constituent des travaux autonomes et
qui peuvent être exposées séparément (les cinq énoncés "pierres + pierres"
avec des variantes ajoutées). Mais elles forment également un ensemble qui "fonctionne
comme un groupe de rock avec cinq membres". Les énoncés peuvent être traduits
dans la langue souhaitée et la dimension des lettres est modulable en fonction
de la taille du support. En revanche, les inscriptions sont pour cette uvre
nécessairement grises et bleues. La réalisation oscille donc entre liberté et
contraintes, comme lindique l'ensemble des clauses que Lawrence Weiner
publie dès 1968 dans la revue Art News pour définir son travail :
"1. L'artiste peut construire le travail.
2. Le travail peut être fabriqué.
3. Le travail peut ne pas être réalisé.
Chacune de ces possibilités étant égale et en accord égal avec l'intention de
l'artiste, le choix d'une condition relève du récepteur à l'occasion de chaque
réception".
Si le caractère poétique de Stones + Stones. 2 + 2 = 4 est indéniable, l'artiste dit lavoir conçue également en référence à la situation politique de la Nouvelle-Calédonie en 1986.
Biographie
Les caractéristiques de l'uvre conceptuelle de Lawrence Weiner ont été élaborées au fil d'une première carrière picturale méconnue. Dans le contexte artistique américain du début des années 60, qui hésite entre une problématique concentrée sur le pouvoir de la peinture et, à l'opposé, l'introduction d'objets quotidiens dans le domaine de l'art, Lawrence Weiner choisit une solution hybride qui consiste à démystifier la peinture en assimilant le tableau à un objet courant. Par exemple, en 1964, il expose à la galerie dirigée par Seth Siegelaub de New York des toiles représentant des hélices vues à la télévision, dont les variations tiennent aux couleurs, aux formats et aux matériaux.
Il s'agit pour l'artiste de contester l'idée qu'une peinture est un objet précieux, le tableau peint nétant qu'une illustration de "ce que devrait être une peinture".
Plus tard, il peint des tableaux à la manière de Pollock mais contrairement à l'inventeur du Dripping, il n'est pas question ici d'en extraire la meilleure partie, mais d'indiquer le caractère aléatoire de l'uvre dans sa matérialité. D'ailleurs chez Weiner, la couleur, le format, la dimension sont déterminés par le commanditaire. Ainsi l'uvre inclut la participation de son destinataire, ce qui devient par la suite un facteur décisif et original de sa production conceptuelle.
En 68, Lawrence Weiner présente dans un espace public une uvre faite de cordes et de pieux enfoncés dans le sol. Détruite par des passants, ignorant qu'il s'agissait d'art, l'artiste décide de ne plus produire d'uvre matérielle et de cette anecdote naît sa pratique conceptuelle. Il publie la même année Statements, qui est à la fois un recueil de titres d'uvres potentielles, et une exposition, puisque l'art conceptuel n'habite plus d'autre lieu que l'espace mental.
Lawrence Weiner au musée Guggenheim
Lawrence Weiner sur le site de artseensoho
Joseph Kosuth, "Art after philosophy I" (extraits), Studio International, octobre 1969.
Première publication en français (version abrégée) dans Art Press, n°1, décembre-janvier 1973.
Reproduit dans le catalogue LArt conceptuel, une perspective,
Musée dArt Moderne de la Ville de Paris, seconde édition, 1991, pp.236-241.
Le 20e siècle a vu lavènement dune époque dont on pourrait dire quelle est celle de la "fin de la philosophie et du commencement de lart". Jentends bien entendu par là quil sagit dune "tendance" de la situation. Il est certain que la philosophie linguistique peut être considérée comme lhéritière de lempirisme, mais cest une philosophie rigide(1)*.
Par ailleurs, il existe certainement une "condition artistique" à lart précédant Duchamp. Néanmoins, ses autres fonctions ou raisons dêtre sont si accusées que son habilité à fonctionner en tant quart limite sa condition artistique au point quil ne sagit plus dart que de façon minime (2). Il ny a pas de relation mécanique entre la "fin" de la philosophie et le "commencement" de lart mais je ne pense pas quil sagisse uniquement dune coïncidence. Bien que les mêmes causes puissent être responsables de deux faits, cest moi qui fais le rapprochement. Je soulève ceci pour analyser la fonction de lart et, conséquemment, sa viabilité. Jagis ainsi pour permettre la compréhension de ma démarche et par implication celle dautres artistes, en même temps que pour donner une interprétation plus claire du terme "Art conceptuel"(3)
Je me propose dans ce chapitre, de généraliser une distinction entre "lesthétique" et lart, dexaminer lart formaliste (parce que lun des principaux responsables de lassimilation de lesthétique et de lart) et détablir que lart est analytique. Cest parce que lart existe en tant que tautologie quil demeure à "lécart" des présomptions philosophiques.
Il est nécessaire de séparer lesthétique de lart parce que lesthétique concerne des jugements sur la perception du monde en général. Autrefois, lun des deux pôles de la fonction artistique était sa valeur décoratrice. La tranche de la philosophie qui traitait du "beau", et donc du goût, se trouvait inévitablement dans lobligation de discuter aussi de lart. De cette "habitude" naquit lidée quil y avait un rapport conceptuel entre lart et lesthétique, ce qui est faux. Jusquà ces derniers temps, cette idée nétait jamais directement entrée en conflit avec les considérations esthétiques, non seulement parce que les caractéristiques formelles de lart perpétuaient cette erreur, mais aussi parce que les autres "fonctions" apparentes de lart (peinture de thèmes religieux, portraits daristocrates, éléments darchitecture, etc.) usaient de lart pour dissimuler lart.
Lorsque des objets sont présents à lintérieur du contexte artistique (et jusquà une réponse récente, on a toujours utilisé des objets), ils méritent autant dêtre choisis en fonction de considérations esthétiques que nimporte quels objets dans le monde et considérer dun point de vue esthétique un objet du royaume de lart signifie que lexistence de lobjet, ou son fonctionnement artistique, est sans rapport avec le jugement esthétique.
La relation entre lesthétique et lart ne va pas sans rappeler celle
qui existe entre lesthétique et larchitecture, en cela que larchitecture
a une fonction tout à fait spécifique et quelle que soit la qualité de son dessin,
il est avant tout relatif à laccomplissement de sa fonction. Ainsi, les
jugements portés sur son apparence correspondent au goût et lon peut discerner,
tout au long de lhistoire, différents exemples, loués à des époques différentes
selon lesthétique particulière à ces époques. La pensée esthétique est
même allée jusquà emprunter des exemples à larchitecture sans aucun
rapport avec lart, pour en faire des uvres dart elles-mêmes
(les pyramides dEgypte).
Les considérations esthétiques sont en fait toujours étrangères à la fonction
dun objet ou à sa raison dêtre, sauf, bien sûr, si la raison dêtre
de cet objet est strictement esthétique. Un objet décoratif est un exemple dobjet
purement esthétique dans la mesure où la fonction première de la décoration
est "dajouter quelque chose afin de rendre plus attrayant, embellir,
orner" (4) et ceci est entièrement une question de goût. Ce qui précède
nous mène tout droit à lart "formaliste" et à sa critique (5).
Lart formaliste (peinture et sculpture) correspond à lavant-garde
de la décoration et, à vrai dire, on peut raisonnablement affirmer que sa condition
artistique est à ce point réduite que fonctionnellement il ne sagit pas
dart, mais de pures exercices esthétiques. Avant tout, Clément Greenberg**
est le critique du bon goût. Derrière chacun de ses choix se trouve un jugement
esthétique, reflétant son goût. Et que reflète son goût ? Lépoque
au cours de laquelle il saffirma comme critique, celle qui est réelle
pour lui, les années cinquante
Les critiques tout comme les artistes formalistes ne sinterrogent
pas sur lentité art. Or, comme je lai dit ailleurs, être artiste
aujourdhui signifie sinterroger sur lentité art. Si lon
sinterroge sur lentité peinture on ne peut sinterroger a fortiori
sur lentité art. Si un artiste accepte la peinture (ou la sculpture),
il accepte la tradition qui laccompagne. Ceci, parce que "art"
est un terme général et "peinture" un terme spécifique. La peinture
est une forme dart. En réalisant des tableaux, vous acceptez déjà la nature
de lart (et ne la mettez pas en question). Vous acceptez alors la nature
de lart selon la tradition européenne dune dichotomie peinture-sculpture.
("Four Interviews", par Arthur Rose, Arts Magazines, fév. 1969).
Lobjection la plus solide que lon puisse soulever à lencontre dune justification formaliste de lart traditionnel est quune telle notion referme implicitement une conception a priori des possibilités de lart. Et un tel a priori sur la nature de lart (distinct des propositions ou des "uvres" de forme analytique dont je parlerai plus tard) fait de lart lui-même un a priori : il est impossible de sinterroger sur la nature de lart. Et cette interrogation de la nature de lart est une idée très importante pour comprendre la fonction de lart.
Lart "moderne" et les réalisations antérieures semblaient liés en vertu de leur apparence formelle. Autrement dit, le "langage" artistique demeurait le même alors quil exprimait de nouvelles choses. Lévénement qui permit de concevoir et de comprendre quil était possible de "parler un nouveau langage" tout en conservant un sens à lart fut le premier "ready-made" de Marcel Duchamp. À partir du "ready-made", lintérêt de lart ne porte plus sur la forme du langage, mais sur ce qui est dit. Ce qui signifie que le "ready-made" fit de lart non plus une question de forme, mais une question de fonction. Cette transformation ce passage de lapparence à la conception marqua le début de lart moderne et celui de lart "conceptuel". Tout lart (après Duchamp) est conceptuel.
La valeur de certains artistes venant après Duchamp peut être mesurée en fonction de questionnements plus ou moins importants quils ont effectués de lentité art ; ce qui revient à dire "ce quils ont ajouté à la conception de lart" ou "ce qui nexistait pas avant quils entreprennent leur uvre". Les artistes mettent en question lentité art en avançant des propositions nouvelles quant à la nature de lart. On ne peut sen tenir, pour y parvenir, au "langage" de lart traditionnel qui nous a été transmis, cette activité reposant sur le postulat selon lequel il ny a quune manière de formuler des propositions artistiques
Lart "nexiste" quau travers de son influence sur un autre art et non comme les restes concrets des idées dun artiste. Si divers artistes du passé "revivent", cest que certains aspects de leur uvre deviennent "utilisables" pour des artistes vivants. Il semble que lon nait pas tout à fait compris quil ny avait pas de "vérité" en matière artistique.
Quelle est la fonction de lart, quelle est sa nature ? Si nous continuons à considérer les formes artistiques comme étant le langage de lart, nous comprendrons alors quune uvre dart est en quelque sorte une proposition avancée dans le contexte artistique en tant que commentaire sur lart.
Précédée d'un chiffre : note de Joseph Kosuth
Précédée d'une * : note de la rédaction
(1) La tâche dont une telle philosophie sest chargée est la seule "fonction"
quelle pouvait remplir sans poser des affirmations philosophiques
* Il s'agit de la philosophie contemporaine américaine qui, globalement, à la
suite de Wittgenstein et des penseurs du Cercle de Vienne (1926-1935),
réduit lactivité philosophique à lanalyse logique, doù son
apparente austérité. Selon ces courants de pensée, la philosophie doit disparaître
au profit de la logique.
(2) Jen traite à la section suivante.
(3) Je voudrais toutefois dire clairement que je nai lintention
de parler au nom de personne dautre. Je suis arrivé seul à ces conclusions,
et cest à partir de cette pensée que mon art, depuis 1966 (sinon avant)
a évolué. Cest seulement récemment après avoir rencontré Terry Atkinson
que jai su que lui et Michael Baldwin partagent des opinions qui sont
analogues aux miennes, bien que ne leur étant pas identiques.
(4) Websters New World Dictionary of the American Language.
(5) Le niveau conceptuel de luvre de Kenneth Noland, Jules Olitsky,
Morris Louis, Ron Davis, Anthony Caro, John Hoyland, Dan Christensen, etc. est
fourni par les critiques le soutenant. On le verra plus tard.
** Clement Greenberg est un éminent critique dart américain, défenseur
de lExpressionnisme abstrait contre larrivée des néo-dadaïstes et
du Pop Art, quil assimile au "kitsch" (en yiddish "mauvais
goût").
1961
Henry Flynt utilise pour la première fois les termes "Concept
Art" (ce qui nest pas encore le Conceptual Art) pour intituler
un court essai, publié en 1963 par La Monte Young, représentant du mouvement Fluxus. Dans ce texte, il est question pour Flynt dinventer un
art dont le matériau serait le concept et dont la beauté serait analogue à celle
des formules mathématiques.
Robert Morris réalise Card File, une uvre qui ouvre la voie de
l'Art conceptuel.
1965
One and Three Chairs de Joseph Kosuth, travail emblématique de lArt
conceptuel.
1966
L'artiste conceptuel Mel Bochner organise à la School of Visual Arts de New
York l'exposition Working Drawings and Other Visible Things on Paper not
necessarily meant to be Viewed as Art. Il y présente des dessins, esquisses,
documents, listes et photocopies doriginaux à consulter dans des classeurs.
Plus que linachèvement des travaux, cest le principe de mise en
forme "administrative", propre à lArt conceptuel, qui
est posé.
Dans son ouvrage Statements, rédigé pour lexposition Non Anthropomorphic
Art présentée à la Lannis Gallery de New York, Kosuth a recours à
ladjectif "conceptuel" : "Mes objets dart sont
des totalités : ils sont complets et désintéressés. Ils sont constitués
de matériaux non organiques, sans couleur, absolument synthétiques et non naturels ;
ils sont plus constitués de matériaux conceptuels que de matériaux trouvés".
Dan Graham propose à Arts Magazine, pour son numéro de décembre-janvier
1966-67, une double page intitulée "Homes for America" composée dun
texte et de photographies. Quand le numéro paraît, la rédaction a substitué
aux images de Dan Graham une photographie de Walker Evans. La maquette originale,
reconstituée en 1970-71, forme ce que lon considère comme "luvre"
Homes for America.
1967
Sol LeWitt, artiste issu de lArt minimal, publie dans le numéro
dété de Art Forum les "Paragraphs on Conceptual Art".
Il définit comme Art conceptuel tout travail artistique entièrement conçu
avant sa matérialisation. Ainsi, "lidée devient une machine qui fait
de lart". LeWitt est le tenant dune acception large de lArt
conceptuel.
1968
Formation du groupe Art & Language à Coventry, Grande-Bretagne, par
Terry Atkinson et Michaël Baldwin. David Bainbridge et Harold Hurrell se joignent
à eux.
1969
En janvier, le critique Seth Siegelaub organise, dans un bureau new-yorkais,
une exposition intitulée January 5-31 dont le communiqué de presse précise
que lexposition est le catalogue lui-même, la présence concrète des uvres
nétant quun supplément à ce dernier, voire un échantillon :
32 uvres figurent au catalogue, 8 seulement sont présentées. Il ne sagit
pas de renoncer à la pratique de lexposition mais de la revisiter : lArt
conceptuel poursuit son investigation en interrogeant aussi le concept
d "exposition".
Sol LeWitt, publie ses "Sentences on Conceptual Art" dans 0-9, revue éditée à New York par l'artiste Vito Acconci. Propositions éclairantes
quant à la distinction des deux orientations de lArt conceptuel : "Les artistes conceptuels sont plutôt des mystiques que des rationalistes.
Ils arrivent à des conclusions que la logique ne peut atteindre.
Les jugements rationnels répètent des jugements rationnels.
Les jugements irrationnels débouchent sur des expériences nouvelles." (cité par B. Buchloh, in LArt conceptuel, une perspective, Musée
dArt Moderne de la Ville de Paris, seconde édition, 1991, p. 28).
Les artistes anglais et l'Américain Kosuth veulent sen tenir aux possibilités
structurantes du langage, tandis que les artistes venant de lArt minimal acceptent dabandonner la rationalité pour l'idée.
En mai, publication aux États-Unis du premier numéro de la revue Art & Language, avec pour sous-titre "The Journal of Conceptual Art".
Sol LeWitt y publie ses "Sentences on Conceptual Art".
Kosuth fait paraître, dans Studio international, une série de trois articles
qui forment lun des textes fondamentaux de lArt conceptuel, "Art after Philosophy".
La suite de lhistoire du mouvement développera les bases théoriques ainsi
posées.
A consulter sur Internet
-
www.conceptual-art.net
- L’Art conceptuel sur le site du musée Guggenheim
Essais sur l'Art conceptuel
- Peter Osborne, Art conceptuel, éd. Phaidon, Paris, 2006.
- Benjamin Buchloh, De lesthétique dadministration à la critique
institutionnelle (aspects de lArt conceptuel, 1962-1969), Essais
historiques II, Art édition, Lyon, 1992.
- Langage et Modernité, actes du colloque organisé par le Nouveau Musée
de Villeurbanne, sous la direction de Benjamin Buchloh, 1990.
- Catherine Millet, Textes sur lArt conceptuel, éd. Daniel Templon,
Paris, 1972.
- Catherine Millet, "LArt conceptuel", Opus International,
décembre 1969.
Catalogues dexposition
- Michael Baldwin, Charles Harrison, Mel Ramsden, Art and Language, Homes for Homes II, Migros Museum, Zurich, 2006 (en anglais)
- Art & Language, Galerie nationale du Jeu de Paume, Paris, 1994 .
- Art conceptuel Formes conceptuelles, Galerie 1900-2000, Galerie de
Poche, Paris, 1990.
- LArt conceptuel, une perspective, Musée dArt Moderne de
la Ville de Paris, 2e édition, 1991.
- Art conceptuel I, CAPC, Bordeaux, 1988.
- Joseph Kosuth, Investigations sur lart et problématiques depuis 1965,
ARC 2, Musée dArt Moderne de la Ville de Paris, 1974.
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