Planète Marker
Du 16 octobre au 22 décembre 2013

Chris Marker et Guillaume-en-Égypte. Dr

Chris Marker et Guillaume-en-Égypte. Dr

Une place à part Retour haut de page

Chris Marker, La Jetée, 1962, 28’

Chris Marker, La Jetée, 1962, 28’

À la fois écrivain, photographe, dessinateur, musicien et artiste multimédia, Chris Marker a toujours occupé une place à part dans le cinéma français et international. Influant aussi bien au centre qu’à la marge, il n’a cessé de réconcilier les contraires : la littérature et le cinéma, l’image fixe et mouvante, la fiction et le documentaire, l’engagement politique et la distance critique pour créer des œuvres singulières. Du court au long métrage, du film de voyage aux installations vidéo, en passant par le cinéma direct et le film de montage, il est l’un des fondateurs de l’essai cinématographique ainsi que l’auteur d’un film de science-fiction, La Jetée, qui joue un rôle central dans son œuvre.

Le Centre Pompidou et la Bibliothèque publique d’information (Bpi) rendent hommage à Chris Marker, à travers ses films bien sûr mais aussi en suivant la piste de ses inspirations, de ses amitiés et de ses rencontres… Au cœur de ce voyage, l’exposition de ses installations et des œuvres multimédias rassemblées dans la collection du Centre Pompidou, ses films et vidéos et un salon de lecture à la Bpi.
Manifestation organisée dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, en collaboration avec le Mois du film documentaire.

Les années de formation Retour haut de page

Une enfance à Neuilly Retour haut de page

Chris Marker s’est toujours plu à brouiller les pistes de sa biographie s’inventant plusieurs lieux de naissances : Belleville, Oulan-Bator, l’Ile-aux-Moines, parlant d’une enfance cubaine ou d’une famille hongroise. Comme si Christian-François Bouche-Villeneuve souhaitait réécrire la vie de ce personnage de fiction qu’il avait inventé : Chris Marker. En effet, si le nom de Chris Marker apparaît en janvier 1947 dans les pages de la revue Esprit, Christian-François Bouche-Villeneuve, lui, nait en 1921 à Neuilly-sur-Seine. Après s’être présenté comme « Français d’origine russo-américaine » à la sortie de son  roman, Le Cœur net1, il évoquera sur le cédérom Immemory une famille d’origine magyare, les Krasnapolski où domine la figure de l’oncle Krasna2, photographe et voyageur, modèle du futur Chris Marker. C’est en sa compagnie que l’adolescent aurait séjourné à Cuba au début des années 30.

À cette « enfance cubaine », où la légende le dispute à l’imaginaire, répondent des informations plus précises concernant Christian-François Bouche-Villeneuve qui entre au lycée Pasteur en 1936. Cette même année, il fait la connaissance de Simone Kaminker, la future Simone Signoret, élève au Cours Secondaire de Neuilly. « Le Cours Secondaire et le lycée Pasteur, c’était presque le même établissement »3, se souvient l’actrice. Un groupe de garçons et de filles se forme de part et d’autre du boulevard d’Inkermann. « Dans cette bande de garçons et de filles, il y avait Chris Marker, déjà »4, souligne-t-elle. Et de poursuivre : « On se retrouvait à midi, à la sortie des cours, sur l’avenue du Roule, devant une petite boutique de journaux qui s’appelait « Au sabot bleu », signalée par une immense enseigne »5.

Au lycée Pasteur, un jeune agrégé de philosophie marque les esprits : Jean-Paul Sartre. Christian Bouche-Villeneuve ne l’aura pas comme professeur mais lui demandera une étude sur le roman américain qu’il publiera dans les colonnes du journal du lycée, Le Trait d’union, dont il est le rédacteur en chef sous le pseudonyme de Marc Dornier. La grande passion du futur cinéaste est alors le théâtre et plus particulièrement les créations de Jean Giraudoux qui se jouent sous la direction de Louis Jouvet au théâtre de l’Athénée.

« Vingt ans en 40 »6 Retour haut de page

C’est en philosophie que s’inscrit le futur Chris Marker quand éclate la guerre. Son père, Georges Villeneuve, banquier, est nommé à Vichy. Le mois de ses vingt ans, le jeune homme lance La Revue française, Cahiers de la Table Ronde qui connaîtra deux numéros en juillet-août et novembre-décembre 1941. Il est alors proche du mouvement « Jeune France », imaginé par le philosophe Emmanuel Mounier et créé en novembre 1940 par le musicien Pierre Schaeffer. À lire les textes qui portent la signature de Marc Dornier, on sent une inquiétude devant l’état intellectuel et artistique du pays. S’il soutient la politique de « redressement national », il condamne en même temps la littérature moralisatrice et semble partagé entre ses aspirations à la création et à l’ouverture culturelle7 et la politique mise en place par le régime.
Dans Nouvelles Peu Exemplaires8, François Vernet dédie à Marc Dornier le texte « Trois jeunes tambours ».9 Il y est question d’un jeune homme, Roland, ayant suivi son père à Vichy et qui, après s’être rendu compte de la nature du régime, n’a plus d’autre désir que de partir pour les colonies ou Londres.

En mars 1942, le mouvement « Jeune France » est dissous et en novembre la zone libre disparaît. Le jeune homme entre chez « les Francs-tireurs et partisans », mouvement de résistance fondé par le Parti communiste français, il terminera la guerre comme parachutiste et interprète dans l’armée américaine. Ce parcours définit les facettes de sa personnalité : issu d’une famille catholique, il est sympathisant communiste et américanophile. La plupart de ses films feront référence à la guerre. L’espoir d’un monde plus juste va dominer la vie du futur écrivain et cinéaste dont le pseudonyme ne sera plus Marc Dornier mais Chris Marker.

Peuple et Culture Retour haut de page

Dès la fin de la guerre, Marker se consacre à l’éducation populaire au sein de l’association Travail et Culture, née de la Résistance, où il fait la connaissance d’Alain Resnais et d’André Bazin. Un mouvement similaire, Peuple et Culture, avait vu le jour à Grenoble en décembre 1944 avec pour mot d’ordre : « Rendre la culture au peuple et le peuple à la culture ». À l’automne 1945, les deux associations se rapprochent et, en 1946, Peuple et Culture s’installe à Paris. En 1947, Chris Marker fonde la revue Doc sous l’égide des deux associations afin de proposer des fiches pédagogiques d’enseignement populaire.

Travail et Culture et Peuple et Culture sont proches des éditions du Seuil qui publient la revue Esprit où entre Marker peu de temps après Bazin. Sa collaboration à la revue sera extrêmement riche : à la fois journaliste, critique, poète et nouvelliste, il témoigne de toute la diversité de ses talents. Après son roman, Le Cœur net (1949) aux éditions du Seuil, il se rapproche du cinéma en suivant l’exemple de Nicole Védrès10. Ecrivaine, essayiste et réalisatrice, auteure de Paris 1900 (1947)11, Nicole Védrès semble avoir montré au jeune écrivain la possibilité d’associer le métier de l’écriture et de la réalisation. C’est à ses côtés qu’Alain Resnais a débuté comme assistant monteur.

Chris Marker, Alain Resnais, Ghislain Cloquet, Les statues meurent aussi, 1953, 30’

Chris Marker, Alain Resnais, Ghislain Cloquet, Les statues meurent aussi, 1953, 30’

En compagnie de Resnais et de Ghislain Cloquet, Marker réalise Les statues meurent aussi. Consacré à l’art nègre, ce film qui lui a été commandé par la revue Présence Africaine, l’occupera de 1950 à 1953. Entre-temps, il signe son premier long métrage, Olympia 52, qui relate les Olympiades organisées à Helsinki quatre ans après la création du bloc de l’Est, film produit par l’association Peuple et Culture. Toute sa vie, le cinéaste restera fidèle à cet événement sportif comme le montre, en 1964, Le Mystère Koumiko réalisé en marge des Jeux Olympiques de Tokyo. En 1952, il publie un essai sur Jean Giraudoux qui a marqué son adolescence, Giraudoux par lui-même, dans la collection « Écrivains de toujours » au Seuil.


Le Groupe des Trente Retour haut de page

Alain Resnais, Chris Marker (assistant-réalisateur et commentaire), Toute la mémoire du monde, 1957, 22’Chris Marker, Dimanche à Pékin, 1956, 20’

1. Alain Resnais, Chris Marker (assistant-réalisateur et commentaire), Toute la mémoire du monde, 1957, 22’

2. Chris Marker, Dimanche à Pékin, 1956, 20’

Les statues meurent aussi est interdit par la censure en 1953. La dernière partie du film est considérée comme un pamphlet anticolonial. La même année est fondé le Groupe des Trente − parmi lesquels figurent Alexandre Astruc, Nicole Védrès, Alain Resnais, Yannick Bellon, Paul Paviot, Mario Marret ou Georges Rouquier − destiné à défendre le court métrage français. Comme le montre le générique de ses films pendant cette décennie, Marker se revendique de ce groupe dont il devient une figure importante. Il continue sa collaboration avec Alain Resnais sur Nuit et Brouillard (1956), Toute la mémoire du monde (1957) et Le Mystère de l’atelier quinze (1957), tout en travaillant à ses propres films.
À l’occasion d’un voyage en Chine de la revue Esprit, il tourne Dimanche à Pékin (1956), son premier court métrage en couleur. Celui-ci est précédé d’une carte de vœux « Claire de Chine » qui accompagne le numéro « Chine : porte ouverte » de la revue Esprit en janvier 1956.

Chris Marker, Lettre de Sibérie, 1958, 61’Chris Marker, Cuba si !, 1961, 52’

1. Chris Marker, Lettre de Sibérie, 1958, 61’

2. Chris Marker, Cuba si !, 1961, 52’

Depuis 1954, Marker s’occupe de la collection « Petite Planète » au Seuil, guides de voyage destinés à renouveler la présentation d’un pays à travers le texte et l’image. C’est sous le signe du voyage également et de la politique que se situent ses premiers films dont le plus célèbre reste Lettre de Sibérie (1958). « Je vous écris d’un pays lointain », l’incipit emprunté à Henri Michaux résume l’approche de Marker qui mêle actualité, imaginaire en noir et blanc, dessin animé, publicité, film historique, private jokes, chansons, mise en scène d’opéra. André Bazin qui avait déjà salué Dimanche à Pékin, parlera d’« essai documenté », développant sa réflexion dans deux articles12 où il évoque l’idée d’un « montage horizontal »,  « de l’oreille à l’œil », mis en place par l’auteur. Le terme d’essayiste va désormais être associé au cinéaste ainsi que la forme épistolaire qui réapparaîtra dans plusieurs de ses films. Réalisé pour célébrer les 12 ans d’Israël, Description d’un combat (1960) confirme la place de Marker au sein de « l’école française du court métrage ». En parallèle, le cinéaste continue son activité d’écrivain et d’éditeur avec Coréennes, première et unique publication de la collection « Courts-Métrages » qu’il fonde au Seuil en 1959.

En 1961, Cuba sí ! est interdit par la censure comme Les statues meurent aussi l’avait été dix ans plus tôt. Marker réagit en publiant le recueil Commentaires qui rassemble les photographies et le texte de ses premiers films ainsi qu’un « film imaginaire », L’Amérique rêve. Une période semble alors se clore, celle des premières réalisations que Marker considérera parfois de façon injuste comme secondaires.

Les grandes réalisations Retour haut de page

1962, un nouveau départ Retour haut de page

Chris Marker avec Pierre Lhomme, Le Joli Mai, 1962, 136’, vue 1Chris Marker avec Pierre Lhomme, Le Joli Mai, 1962, 136’, vue 2

Chris Marker avec Pierre Lhomme, Le Joli Mai, 1962, 136’

L’année 1962 marque un tournant dans l’œuvre du cinéaste. Pour la première fois, il tourne en France un long métrage, Le Joli Mai, selon la technique du « cinéma direct » inaugurée deux ans plus tôt par Jean Rouch et Edgar Morin avec Chronique d’un Eté (1960). Ce film-manifeste avait lancé la polémique du « cinéma-vérité », expression que Marker refuse d’employer.13 Le cinéaste décide d’utiliser cette technique, caméra légère et son synchrone, mais sans renoncer pour autant à sa subjectivité. En effet, si le film limite le commentaire à l’introduction et à la conclusion et repose essentiellement sur des entretiens, la caméra de Pierre Lhomme ne s’en révèle pas moins attentive au moindre détail. Si bien qu’il est possible de parler de « ciné-ma vérité »14, selon la formule de Roger Tailleur. Divisé en deux parties : Prière sur la Tour Eiffel et Le Retour de Fantômas, Le Joli Mai offre un portrait de Paris et des Parisiens, peu de temps après la signature des accords d’Évian qui mettent fin à huit ans de guerre en Algérie, et capte ainsi « le premier printemps de la paix ».

Chris Marker, La Jetée, 1962, 28’, vue 1Chris Marker, La Jetée, 1962, 28’, vue 2

Chris Marker, La Jetée, 1962, 28’

En parallèle, Marker tourne ce qui restera l’une de ses seules fictions, La Jetée.15 Ce court métrage d’anticipation se déroulant au lendemain de la Troisième Guerre mondiale est composé d’images fixes à l’exception d’un seul plan − pratique qu’il reprendra dans Si j’avais quatre dromadaires (1967) et Le Souvenir d’un avenir (2001). Le film décrit un Paris pré et post apocalyptique à travers une histoire d’amour, celle que vit un homme qui retourne dans le monde de son enfance. En rassemblant les différentes activités de l’auteur : l’écriture, la photographie et le cinéma et en rappelant les thèmes qu’il a déjà développés : l’enfance, le bonheur, la mémoire et la guerre, La Jetée apparaît comme un résumé de ses premiers films et l’annonce de son cinéma à venir.

Les années militantes avant et après Mai 68 Retour haut de page

Chris Marker avec François Reichenbach, La Sixième Face du Pentagone, 1968, 28’Collectif, Loin du Vietnam, 1967, 115’

1. Chris Marker avec François Reichenbach, La Sixième Face du Pentagone, 1968, 28’

2. Collectif, Loin du Vietnam, 1967, 115’

En 1967, Marker publie le deuxième tome de Commentaires qui rassemble les textes et les photographies de deux films de voyage réalisés entre-temps, Le Mystère Koumiko et Si j’avais quatre dromadaires ainsi qu’un « film imaginaire », Soy Mexico, composé pour cette publication. En cette « année du Vietnam », selon l’expression de Fidel Castro, il tourne La Sixième Face du Pentagone qui suit la marche des étudiants américains contre la poursuite de la guerre. Il coordonne également le film collectif Loin du Vietnam auquel collaborent, sous forme de séquences personnelles, des réalisateurs aussi différents que Claude Lelouch, William Klein, Jean-Luc Godard, Alain Resnais, Michèle Ray ainsi que 150 techniciens. Avec ce long métrage naît la coopérative SLON (Société pour le Lancement des Œuvres Nouvelles).

Groupe de Sochaux, 11 juin 1968, 1970, 20’Groupe Medvedkine de Besançon, Rhodia 4x8, 1969, 3’

1. Groupe de Sochaux, 11 juin 1968, 1970, 20

2. Groupe Medvedkine de Besançon, Rhodia 4x8, 1969, 3’

Depuis mars 1967, Marker suit à Besançon les grèves de l’usine textile de la Rhodiacéta. En décembre, il y tourne A bientôt, j’espère qui sera diffusé à la télévision française en mars 1968. Après avoir montré le film terminé aux ouvriers de la Rhodia, il les encourage à rendre compte eux-mêmes de leurs conditions de travail. Ainsi naît le premier Groupe Medvedkine, du nom du cinéaste soviétique Alexandre Medvedkine, initiateur du « ciné-train » qui parcourut en 1932 l’URSS pour rendre compte de l’état du pays. Un second groupe Medvedkine naîtra plus tard à Sochaux. Au moment de Mai 68, Marker lance les ciné-tracts auxquels collaborent Alain Resnais et Jean-Luc Godard.

En 1969, naît la série On vous parle de… qui se présente comme un Magazine de contre information. Il signe ainsi On vous parle du Brésil : Tortures et Carlos Marighela. Mais aussi : On vous parle de Prague, Jour de tournage et Le Deuxième procès d’Artur London qu’il conçoit sur le tournage de L’Aveu (1970) de Costa-Gavras. Ce dernier film redéfinit son engagement politique vis-à-vis de l’URSS ainsi que celui des acteurs, Simone Signoret et Yves Montand, et du scénariste, Jorge Semprun. Toujours pour la même série, il réalise un portrait de François Maspero : On vous parle de Paris, Les mots ont un sens, François Maspero.

Chris Marker, On vous parle du Chili, Ce que disait Allende, 1973, 16’Chris Marker, L’Ambassade, 1973, 21’

1. Chris Marker, On vous parle du Chili, Ce que disait Allende, 1973, 16’

2. Chris Marker, L’Ambassade, 1973, 21’

En 1970, il se rend à Cuba pour La Bataille des dix millions mais, ce qui retient son attention, est l’expérience chilienne que mène Salvador Allende avec le gouvernement d’Unité Populaire. L’échec de cette transition démocratique vers le socialisme, après le coup d’État militaire du 11 septembre 1973, le heurte profondément. Il travaille à plusieurs films où le souvenir du Chili est présent : On vous parle du Chili, Ce que disait Allende (1973), L’Ambassade (1973), La Solitude du chanteur de fond (1974), La Spirale (1975).

Chris Marker, Le fond de l’air est rouge, 1978, 180’, vue 1Chris Marker, Le fond de l’air est rouge, 1978, 180’, vue 2

Chris Marker, Le fond de l’air est rouge, 1978, 180’

Fin 1973, alors que SLON devient ISKRA (Image, Son, Kinoscope, Réalisations Audiovisuelles), il entame son grand projet, Le fond de l’air est rouge (1978), qui retrace dix ans de militantisme à travers le monde, en utilisant des chutes accumulées par SLON et ISKRA. Il s’agit de confronter deux mémoires, celle des images tournées par les militants et parfois restées inédites et celle, éphémère, constituée par la télévision. Construit en deux parties − les mains fragiles et les mains coupées et sous-titré Scènes de la Troisième Guerre mondiale 1967-1977 −, Le fond de l’air est rouge, dont la première version dure quatre heures, devient l’une des œuvres les plus importantes de Chris Marker, éclairant cette période de l’Histoire contemporaine.

Les nouvelles images et la question de la mémoire Retour haut de page

Chris Marker, Quand le Siècle a pris formes, 1978, vue 1Chris Marker, Quand le Siècle a pris formes, 1978, vue 2

1. Chris Marker, Quand le Siècle a pris formes, 1978

2. Chris Marker, Sans soleil, 1983, 104’

Après cette plongée politique, le cinéaste donne le sentiment de s’éloigner du terrain militant. Sa réflexion porte désormais sur les nouvelles images et la mémoire individuelle qu’elles produisent. L’installation Quand le Siècle a pris formes : Guerre et Révolution, présentée au Centre Pompidou lors de l’exposition « Paris Berlin » en 1978, est une première étape de cette réflexion. Sans soleil (1983) en devient le laboratoire. Marker veut désormais croire à une autre forme d’engagement qui mêlerait le collectif et l’individuel : « Une écriture dont chacun se servira pour composer sa propre liste des choses qui font battre le cœur, pour l’offrir ou l’effacer. À ce moment-là la poésie sera faite par tous, et il y aura des émeus dans la Zone », entend-on dans Sans soleil.
Le film aborde la question de la mémoire et de l’oubli à travers des lettres envoyées à une jeune femme par un cameraman, Sandor Krasna, qui filme et parcourt le monde. En évoquant la fable de « l’homme de l’an 4001 » qui a perdu non pas la mémoire mais l’oubli, le film définit la « mémoire totale » comme une « mémoire anesthésiée ». En effet, la mémoire vive ne peut se passer du souvenir qui dépend de l’oubli. C’est pour permettre cet oubli qu’Hayao Yamaneko, l’ami japonais de Sandor Krasna, a imaginé un programme appelé la « Zone » qui « solarise» les images, les estompe, permettant au souvenir de reprendre ses droits. Le film fonctionne par boucles et cycles à travers l’oubli et le retour des images.
Peu de temps avant la sortie du film, Marker publie un livre-album, Le Dépays, où il définit son rapport au Japon à la fois réel et imaginaire, pays qui va occuper une place de plus en plus grande dans son œuvre.

Chris Marker avec le Groupe Confédéral Audiovisuel CFDT, 2084, 1984, 10’Chris Marker, Zapping Zone (Proposals for an Imaginary Television), 1990

1. Chris Marker avec le Groupe Confédéral Audiovisuel CFDT, 2084, 1984, 10’

2. Chris Marker, Zapping Zone (Proposals for an Imaginary Television), 1990

2084 marque un bref retour à la politique. Conçu à l’occasion du centenaire de la loi du 21 mars 1884 relative à la création des syndicats professionnels, ce clip de 10 minutes décline trois hypothèses sur l’avenir du monde : l’hypothèse « grise » de la crise, l’hypothèse « noire » du totalitarisme, deux options que le cinéaste préfère écarter au profit de l’hypothèse « bleue », qui se veut à la fois optimiste et réaliste, en faisant appel à la vigilance citoyenne.
L’expression « clip » utilisée pour décrire le film montre l’intérêt de Marker pour la forme télévisuelle. Ainsi, pour l'exposition Passages de l'image au Centre Pompidou en 1990, il réalise l’installation Zapping Zone, dont le sous-titre est « Propositions pour une télévision imaginaire », constituée de plusieurs films courts, anciens ou nouveaux, de photographies, d’animations, diffusés par des écrans de télévision ou d’ordinateur.

C’est pour LA SEPT que Marker conçoit de 1987 à 1989 une série télévisée, L’Héritage de la chouette, qui s’interroge sur le legs de la culture grecque dans le monde contemporain à travers 13 mots, allant de « Symposium ou les idées reçues » à « Philosophie ou le triomphe de la chouette ».16 Le cinéaste rencontre, à travers le monde, des artistes ou des spécialistes de la civilisation grecque en organisant des banquets ou des entretiens qu’il filme.

Chris Marker, L’Ouvroir, 2008Chris Marker, Immemory, 1997

1. Chris Marker, L’Ouvroir, 2008

2. Chris Marker, Immemory, 1997

Au cours des années 1990 et 2000, Chris Marker devient un nom important de l’art contemporain avec ses installations Silent Movie (1995), Owls at noon, Prelude : the Hollow Men (2005) ou son exposition virtuelle sur Second Life, L’Ouvroir (2008) où l’on trouve son avatar, Sergei Murasaki, et celui de son chat, Guillaume-en-Égypte. L’intérêt pour le Net de Marker se traduira aussi par l’ouverture d’une chaîne sur Youtube sous le pseudonyme de Kosinski, ses contributions pour le site d’informations Poptronics ainsi que par la création d’un site internet, Gorgomancy, en partenariat avec le Centre Pompidou.

Produit également par le Centre Pompidou, le cédérom Immemory (1997), que l’on peut désormais consulter sur le site Gorgomancy, rassemble l’essentiel des travaux de voyage de Chris Marker, dont ses livres-albums Coréennes (1959) et le Dépays (1982). L’œuvre se présente sous forme de zones (voyage, musée, photo, cinéma, guerre, poésie, mémoire, xplugs) reproduisant le fonctionnement de la mémoire à travers des renvois d’une zone à l’autre.

Chris Marker, Level Five, 1997, 106’, vue 1Chris Marker, Level Five, 1997, 106’, vue 2

Chris Marker, Level Five, 1997, 106’

En 1997, Level Five prolonge Sans soleil. Le cinéaste s’intéresse à la bataille d’Okinawa qui, d’avril à juin 1945, constitue le dernier épisode de la guerre du Pacifique avant le recours, par les Américains, à la Bombe Atomique. Une jeune femme, Laura, cherche à terminer un jeu de stratégie laissé en suspens par l’homme qu’elle aimait, à présent décédé. Elle s’adresse à lui par caméra interposée. C’est son journal de bord filmé que l’on suit. Pour l’aider dans sa recherche, elle fait appel à « Chris, l’as du montage » qui refait le voyage du couple à Okinawa. Si Marker montre pour la première fois le visage de sa récitante (Catherine Belkhodja) – la voix off n’étant pas visible dans ses autres films −, il utilise en même temps un nombre important d’images électroniques qui jettent les bases d’un cinéma différent.

Chris Marker, Chats Perchés, 2004, 58’, vue 1Chris Marker, Chats Perchés, 2004, 58’, vue 2

Chris Marker, Chats Perchés, 2004, 58’

Comme un codicille à l’ensemble de son œuvre, Chats Perchés (2004) est une balade dans Paris à la recherche de M. Chat. On y retrouve les cinéastes aimés : Hitchcock, Eisenstein, Resnais et des noms familiers sur les murs comme William Klein ou encore cette boutique emmurée qui porte en devanture le nom de « Simone ». Il y est question du 11 septembre 2001, de la guerre en Irak, des élections présidentielles en France qui verront l’échec au premier tour de Lionel Jospin. Devant le désarroi, Marker veut continuer à croire à un avenir meilleur et rend hommage à la création et à l’art de la rue.

Un essayiste en cinéma Retour haut de page

L’affirmation du point de vue personnel Retour haut de page

Si Marker a pu être qualifié de cinéaste-essayiste, c’est que, très tôt, le « je » s’exprime dans son cinéma, ouvrant la voie à une mythologie personnelle comme le montrent son bestiaire − où dominent le chat, la chouette, l’éléphant − et ses références littéraires − Giraudoux, Apollinaire, Michaux − ou cinématographiques − Hitchcock, Medvedkine, Godard. La plupart de ses films portent des titres littéraires : La Jetée, Le Joli Mai...

Marker a su, en effet, trouver un équilibre entre l’objectivité du documentaire et la subjectivité de la fiction. Un court métrage comme Vive la baleine (1972) traduit cette approche quand, à « la voix magistrale » du philosophe Casamayor évoquant le destin des baleines, répond « la voix intérieure » de Valérie Mayoux, auditrice, qui deviendra la voix principale du film, se substituant à celle du professeur-conférencier. De même, dans un célèbre passage de Giraudoux par lui-même, on voit l’intérêt de Marker pour la subjectivité et la recomposition du réel : « Au nom de quoi la photo d’identité, prise à l’improviste sous une lumière crue avec un modèle inhibé, serait-elle plus réaliste et plus significative que le portrait longuement travaillé, utilisant toutes les ressources de la technique photographique pour mettre en valeur la personnalité du modèle ? Le maquillage qui souligne la beauté d’un visage le rend-il moins véridique ? La vérité, c’est l’artifice.17 »

Un art du portrait et de l’autoportrait Retour haut de page

Chris Marker, AK, 1986, 71’ vue 1Chris Marker, AK, 1986, 71’, vue 2

Chris Marker, AK, 1986, 71’

S’il n’existe aucune interview filmée de l’auteur, celui-ci a su néanmoins développer un art du portrait dans son cinéma, consacrant plusieurs films à des personnalités sous la forme du cinéma direct : La Solitude du chanteur de fond (1974) montre Yves Montand au cours de répétitions pour un récital à l’Olympia en faveur des réfugiés chiliens, AK (1986) est réalisé sur le tournage de Ran (1985) d’Akira Kurosawa. Il a également signé des portraits sous forme de films-hommages, comme Mémoires pour Simone (1986), Le Tombeau d’Alexandre (1993), Une Journée d’Andreï Arsenevitch (2001), qui lui permettent de retracer sa propre histoire en relation avec celle de ces personnalités18. Tout en restant secret, Marker n’a donc cessé de parler de lui-même.

Image, montage et recherche du bonheur Retour haut de page

Dans le cinéma de Chris Marker, l’image est souvent synonyme de « bonheur ». « C’est plutôt rare de pouvoir se promener dans une image d’enfance », entend-on dans Dimanche à Pékin (1956). Sans soleil (1983) cherche, pour sa part, à replacer une « image de bonheur » (celle de trois enfants sur une route en Islande en 1965) dans la continuité d’un film. Le montage, qui rapproche différents temps et réunit des éléments disparates, donne à l’image sa force chez Marker, que ce soit dans sa pratique d’homme d’édition comme dans celle de réalisateur. Dans Staring Back (2007), son avant dernier livre, il rapproche une photographie du Joli Mai (réalisé en 1962) d’une autre de Chats Perchés (réalisé en 2004), représentant à quarante ans de distance le même arbre qui a grandi.

Bibliographie Retour haut de page

Livres

 

Revues

 

Filmographies
Coffrets édités à l’occasion de la rétrospective « Planète Marker »

 

Liens Internet

Chris Marker, Immemory, 1997Chris Marker, Gorgomancy, 2007-2013

1. Chris Marker, Immemory, 1997

2. Chris Marker, Gorgomancy, 2007-2013

Calendrier Retour haut de page

Du 16 octobre au 22 décembre 2013
Forum-1, Cinéma 1 et 2, Petite salle, Bpi-niveau 2

L’exposition
L’exposition trace une trajectoire de la « planète » Marker, de sa production littéraire des débuts à son œuvre plasticienne. Parmi les nombreux ouvrages conçus ou supervisés par lui sont présentés, autour de la notion de voyage et de géopolitique, quelques guides de voyage publiés au Seuil dans la série « Petite Planète » ainsi que deux livres illustrés, Les Coréennes, 1955-1965, et Commentaires 2, 1967.
Les œuvres présentées sont toutes des productions du Musée avec lequel Chris Marker a travaillé depuis 1978 : Quand le siècle a pris formes (Guerre et Révolution), 1978, Zapping Zone (Proposals for an Imaginary Television), 1990, Immemory, 1997, Ouvroir. The Movie, 2009, ainsi que Gorgomancy, 2007-2013.
Du 16 octobre au 16 décembre, Forum – 1.

 

Rencontres
Le roman de Chris Marker

Huit rendez-vous invitent à parcourir quelques épisodes de la vie de l’artiste.

Les samedis, à 18h30, espace de l’exposition, Forum – 1
19 octobre. Les musiques de Chris Marker (évocation)
26 octobre. Le soleil qui ne se couche jamais, Chris Marker film essayiste
2 novembre. Chris Marker activiste (revues et réseaux)
9 novembre. Une école de cinéma en Guinée-Bissau
16 novembre. De la création de SLON/ISKRA aux groupes Medvedkine
23 novembre. Les années Seuil
7 décembre. Chris Marker as a geek
14 décembre. Trois variations autour de La Jetée

Lundi 4 novembre, 19h, Cinéma 2
Rencontre avec l’écrivain américain William Gibson : Chris Marker, la littérature et le cinéma de science-fiction.

 

Table ronde
Avec Chris Marker

Cinéaste, historien de l’art, théoricienne des médias, artiste, écrivain et ancienne collaboratrice du cinéaste, penseur des images fixes et en mouvement, autant d’intervenants différents qui chercheront à explorer l’œuvre de Chris Marker.
Avec Arnaud Lambert, Florence Delay, Filipa Cesar, Madeleine Aktypi, Gaël Segalen et Paul Sztulman. Conception et modération : Raymond Bellour et Dork Zabunyan.
Samedi 30 novembre, 17h, Petite Salle.

 

Conférence « Un dimanche, une œuvre »
Zapping Zone (Proposals for an Imaginary Television), 1990-1994

Chris Marker, Zapping Zone (Proposals for an Imaginary Television), 1990

Chris Marker, Zapping Zone (Proposals for an Imaginary Television), 1990

Lorsqu'il réalise Zapping Zone en 1990 pour l'exposition « Passages de l'image », Chris Marker crée sa première installation multimédia évolutive. Par des emprunts à son propre travail et à des sources majeures, de Tarkovski à la télévision japonaise, il propose au spectateur une immersion dans sa mythologie personnelle, véritable porte d'entrée pour saisir la singularité de son œuvre protéiforme.
Par Mathilde Roman, théoricienne de l’art vidéo et de l’installation, et Christine Van Assche, commissaire de l’exposition Passages de l’image.
Dimanche 8 décembre, 11h30, Petite Salle.

 

Performances
Le rayonnement du travail de Chris Marker est allé bien au-delà du champ cinématographique. Plasticiens, metteurs en scène, performeurs, compositeurs et musiciens, entre autres, s’en sont emparés. Trois performances en témoignent, dont deux créations pour le Centre Pompidou.

Les vendredis, à 19h, espace de l’exposition, Forum – 1.
8 novembre, 19h. Her Ghost : Un hommage à La Jetée de Chris Marker.
Avec le DJ et designer sonore anglais Kode9 (Steve Goodman), l’artiste visuel allemand MFO (Marcel Weber), la chercheuse, conférencière et performeuse anglaise Ms. Haptic (Jessica Edwards) et l’artiste australienne Lucy Benson.

6 décembre. Hommage à Chris Marker.
Par Leyland Kirby, musicien électronique britannique installé à Cracovie.

13 décembre. Travel Notes for C.M.
Par Aki Onda, musicien électronique, compositeur et artiste visuel, né au Japon et résidant actuellement à New York.

 

À la Bibliothèque publique d’information
Salon Chris Marker
Livres, documents et films en libre consultation. Un poste informatique invite à naviguer dans le site Gorgomancy créé par Chris Marker.
Du 16 octobre au 2 décembre, Bpi, niveau 2.

 

Les films
Du 16 octobre au 22 décembre, Cinéma 1 et Cinéma 2

Chris Marker, Le fond de l’air est rouge, 1978, 180’Chris Marker, Sans soleil, 1983, 104’Chris Marker, L’Héritage de la chouette (série télévisée), 1989, 13x26’

1. Chris Marker, Le fond de l’air est rouge, 1978, 180’

2. Chris Marker, Sans soleil, 1983, 104’

3. Chris Marker, L’Héritage de la chouette (série télévisée), 1989, 13x26’

La programmation rassemble tous les films et vidéos aujourd’hui accessibles, réalisés ou coréalisés par Chris Marker. De plus, et ce grâce à l’engagement des producteurs et des distributeurs aux côtés du Centre Pompidou, de nombreux films – dont des raretés et inédits – sont présentés en version restaurée, et font l’objet de sorties en salle à Paris et dans toute la France ainsi que d’éditions dvd.
Au-delà des réalisations et coréalisations, la programmation inclut une très large partie des collaborations de Chris Marker à d’autres films, dont il a écrit le commentaire, fait l’image ou réalisé le montage. Elle suit également la piste des affinités électives avec des films qu’il a aimés, soutenus ou suscités, mentionnés dans ses écrits ou évoqués dans son œuvre. Elle met enfin en correspondance les films et vidéos de Chris Marker avec des œuvres de cinéastes et vidéastes aux trajectoires parallèles, plusieurs d’entre elles appartenant à la collection du Musée national d’art moderne où il a pu les découvrir.

Voir l’agenda

 

 

Crédits

© Centre Pompidou, Direction des publics, octobre 2013
Texte : Bamchade Pourvali
Design graphique : Michel Fernandez
Intégration : Cyril Clément
Coordination : Marie-José Rodriguez, responsable éditoriale des dossiers pédagogiques Retour haut de page

Références

_1 Chris Marker, Le Cœur net, Collections « Esprit », Éditions du Seuil, 1949.

_2 Le patronyme Krasna se retrouve au générique de ses films à partir de Sans soleil (1983) avec le cameraman Sandor Krasna et le musicien Michel Krasna.

_3 Simone Signoret, La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, Éditions du Seuil, 1976, p.28.

_4 Ibidem, p.32.

_5 Ibidem, p.33.

_6 « Quand je dis « nous », je parle des garçons de ma génération (vingt ans en 40) et particulièrement de ceux qui ont bien tourné, qui pensent comme moi », première note de Giraudoux par lui-même, collection « Écrivains de toujours », n°8, Éditions du Seuil, 1952, p.5.

_7 On trouve dans la revue des textes sur le jazz, le cinéma ou la littérature d’Amérique latine et le nom de Gide est cité comme exemple contre la littérature moralisatrice.

_8 François Vernet, Nouvelles Peu Exemplaires, Précédées de « 15 Quai Conti » de Patrick Modiano, Préface et Postface de Yéfime, Éditions Tirésias, 2002.

_9 Jeune écrivain français, arrêté en février 1944, déporté et mort à Dachau en mars 45, François Vernet sera considéré par Chris Marker comme son « meilleur ami », comme il l’écrit dans un article d’Esprit. « Mon meilleur ami est mort dans un camp de concentration, et voilà cinq ans que je fais de l’éducation populaire en Allemagne », Chris Marker, « Croix de bois et chemin de fer », Esprit, n°175, janvier 1951, p.89. Marker citera les quatrains de Fresnes de François Vernet dans L’Homme et sa liberté (1949) et sur le cédérom Immemory (1998).

_10 « À Nicole Védrès, je dois tout », comme il l’écrira dans le programme « Marker mémoire » de la Cinémathèque française, janvier/février 1998, p. 5.

_11 Pour l’ensemble du texte, les dates indiquées correspondent à la sortie des films et non à leur année de production.

_12 André Bazin, « Chris Marker. Lettre de Sibérie », France-Observateur, 30 octobre 1958 et André Bazin, « Lettre de Sibérie. Un style nouveau : l’« Essai documenté » », Radio-cinéma, 16 novembre 1958.

_13 L’expression « cinéma direct » désigne une technique qui ne présume pas du résultat final, contrairement à « cinéma-vérité » qui implique une approche plus immédiate et objective de la réalité, confondue avec la vérité.

_14 « Au cinéma-vérité des autres, il [Marker] substitue aujourd’hui le ciné-ma vérité, donnant par ce simple déplacement d’un trait d’union la mesure de son honnêteté et de sa modestie », Roger Tailleur, Artsept, n°2, avril/juin 1963, p.83.

_15 L’Ambassade et Level Five sont aussi des fictions même si Marker ne voulait pas les présenter ainsi.

_16 1. « Symposium ou les idées reçues ». 2. « Olympisme ou la Grèce imaginaire ». 3. « Démocratie ou la cité des songes ». 4. « Nostalgie ou le retour impossible ». 5. « Amnésie ou le sens de l'histoire ». 6. « Mathématique ou l'empire des signes ». 7. « Logomachie ou les mots de la tribu ». 8. « Musique ou l'espace de dedans ». 9. « Cosmogonie ou l'usage du monde ». 10. « Mythologie ou la vérité du mensonge ». 11. « Misogynie ou les pièges du désir ». 12. « Tragédies ou l'illusion de la mort ». 13. « Philosophie ou le triomphe de la chouette ».

_17 Chris Marker, Giraudoux par lui-même, « Ecrivains de toujours », n°8, Éditions du Seuil, 1952-1962, p.44.

_18 Dans le dossier de presse du Tombeau d’Alexandre, présenté à Locarno en 1993, il écrit : « Je n’ai aucun état d’âme à inscrire ma propre histoire dans l’Histoire : elle est la nôtre, cette tragédie-là nous a tous marqués », texte repris sous le titre « Le Tombeau d’Alexandre par Chris Marker », dans Images documentaires, 4e semestre 1993, p.48.

Planète Marker