Arts de la scène et art contemporain

 

 

3. GUILLAUME DÉSANGES ET FRÉDÉRIC CHERBOEUF,
MARCEL DUCHAMP
2 MARS, 20H30, ET 3 MARS, 17H, GRANDE SALLE

 

Une nouvelle approche de mister (mystÈre ?) duchamp

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Marcel Duchamp. Un auteur nommé le messager... © GD Work Method

Face à cette figure majeure de l’art du XXe siècle, revendiquée par toute la modernité et la postmodernité artistique, une question se pose : comment un homme peut-il à lui seul endosser la responsabilité de tant d’enjeux ? Comment continue-t-il de susciter une telle fascination (positive et négative) tout en restant aussi mystérieux et mal connu du grand public ? Présenté dans le cadre du nouveau festival.

Duchamp, le grand inspirateur

Guillaume Désanges et Frédéric Cherbœuf, Marcel Duchamp
© GD Work Method

De tous les artistes du XXe siècle, Marcel Duchamp est probablement celui dont la vie et l’œuvre ont donné lieu aux plus diverses interprétations critiques, mais aussi artistiques.

On connaît le tableau satirique peint à six mains par Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo et Antonio Recalcati en 1965 : Vivre et laisser mourir, ou la fin tragique de Marcel Duchamp, qui narre sur le mode du règlement de compte la mise à mort du père du ready-made et de la révolution artistique opérée par ce dernier au XXe siècle.

On connaît aussi ce petit livre dessiné, quelques années plus tard, par André Raffray, Jacques Caumont et Jennifer Gough-Cooper, La vie illustrée de Marcel Duchamp, qui paraît en 1977, année de l’ouverture du Centre Pompidou et de la rétrospective inaugurale qui lui est consacrée.

Duchamp inspire et pas seulement les artistes, puisqu’on retrouve aussi sa présence dans le spectacle vivant. À ce titre, le chorégraphe flamand, Jan Fabre, lui consacre en 2004 un solo (Elle était et elle est, même. Etants donnés), inspiré de son œuvre ultime, Etant donnés 1) la chute d’eau 2) le gaz d’éclairage (1946-1966, Philadelphie, Museum of Art) dont il propose une lecture performative.

Une œuvre toujours mystérieuse

Man Ray, Tonsure, Marcel Duchamp, 1921
Négatif au gélatino bromure d'argent sur verre, 12 x 9 cm
Don de Lucien Treillard - AM 1995-281 (579)
D'après un tirage de Daniel Valet. Photo Georges Meguerditchian/Centre Pompidou, MNAM-CCI/Dist.
RMN-GP © Man Ray Trust / Adagp, Paris

En partant du principe que l’œuvre de Marcel Duchamp, malgré son influence décisive sur de nombreux aspects de la création du XXe siècle (performance, pop art, art conceptuel, etc.), demeure cependant un mystère, Guillaume Désanges et Frédéric Cherbœuf ont choisi d’en donner une approche théâtrale afin de faire entrer le spectateur au plus intime de la sphère duchampienne.

Par une approche à la fois sensuelle, théorique et ludique, le spectacle met en scène leur fascination pour l’artiste à partir d’un choix de mots (silence, peau, mouvement, inframince, échecs, ready-made…) qui sont autant d’entrées et de clefs de lecture possibles à cette synthèse entre la vie et l'œuvre. La démarche proposée est certes une fiction mais basée sur des éléments réels qui, agencés, construisent une narration libre : celle d’un texte théâtral joué par un acteur nommé « le messager » qui dessine une vision amoureuse de l’irréductible complexité de l’énigme duchampienne, via la parole, le geste, l’image et le son.

L’œuvre plastique et son auteur, inscrits dans l’espace muséal, passent ainsi du côté de l’espace scénique prenant à contre-pied la notion d’ennui que Duchamp collait à la performance.

Cette fiction théâtrale s’inscrit dans un travail performatif développé depuis 2004 par Guillaume Désanges, également critique d’art et commissaire d’expositions, avec Frédéric Cherboeuf, comédien et metteur en scène. Elle se place dans la continuité d’autres créations telles qu’Une histoire de la performance en 20 minutes (2004) et Child’s Play (2008), un projet sur la performance et le body art joué par des enfants de 8 ans.

Valérie Da Costa

 

 

 

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