Arts de la scène et nouvelles technologies
Cadiot, Lagarde, Poitrenaux, Un mage en été / 1 2 3 4 Repères

 

4. Photos commentÉes du spectacle

Un mage en été
Olivier Cadiot, texte
Ludovic Lagarde, mise en scène
Avec Laurent Poitrenaux
Photos réalisées en répétition, juin 2010, à la Comédie de Reims
© Marthe Lemelle

Une pose heureuse…

« On dirait un charpentier qui fait disparaître de son torse la sueur et la sciure. Un conquistador faisant sa pause déjeuner. Saint Sébastien, tranquille, avant les flèches. »

Robinson se fond dans les images qui le traversent ou qu’il traverse. Avec une étrange facilité, il prend la pose et se transporte dans l’endroit rêvé : bord de rivière, il plonge dans l’eau, se faufile entre les herbes… Recherche d’une décontraction, d’une détente, qu’il trouve en s’accaparant un lieu, une sensation.

« Je me détends. Je me ralentis. Oh je sais très bien imiter qui je veux si ça me chante. »

Voir les yeux fermés

« Je ferme les yeux pour voir les choses, car on ne voit pas de la même façon les yeux ouverts.
Qui disait ça?
Pour mon prochain film, je vais fermer les yeux.
Caméra fermée.
Boule de cristal intérieure.
Je peux mélanger mes images préférées à celles de tous, c’est merveilleux. Et dans tous les sens. »

Images mentales et images projetées se confondent. Le dispositif vidéo nous donne à voir certaines des visions qui envahissent l’esprit de Robinson. Celui-ci ferme les yeux, comme pour mieux rentrer dans son esprit. Toujours cette ambivalence entre la volonté de sortir de soi et cette introspection à laquelle il se livre. Mais il est rapidement dépassé par ses propres manipulations, son cerveau est comme « désordonné » :

« Quel mélange !
Quel bazar.
Lettres originales collées sur cartes et graphiques. Images scientifiques calquées sur des graffitis, design de passeport recouvrant pornographie aborigène, décoration de Noël.
Stop.
Foutre le feu.
Je vais arroser tout ça d’essence. »

Réincarnations…

« Nom de code : Eliphas Lévi.
Première apparition en Grand Maître de je ne sais pas quoi.
Énorme barbe et calot oriental. Bureau gothique avec armures et corbeaux empaillés.
Quel enfer. »

Pendant sa recherche généalogique, Robinson se met à incarner chacun de ses ancêtres, comme s’ils rentraient dans son corps, il est comme possédé par ses visions. Une fois encore la vidéo nous permet l’accès à certaines images, comme des flashs, des photos d’Eliphas Levi et d’Alistair Crowley apparaissent. Robinson n’est plus maître de ses idées comme il l’était au début, à présent il prend peur, désire arrêter la machine.

« Et ça ?
Je ne peux pas regarder ça.
Un dessin de bouc-diable.
Pitié.
Si j’ai peur, c’est que je ne suis pas mage.
Il faut arrêter les recherches. »

Retour à la rivière

« Je commence à avoir vraiment chaud.
Faudrait penser à se baigner.
Au lieu de tergiverser. »

A la fin du voyage, retour dans l’eau, fatigué des réincarnations, des visions, volonté de devenir « un mage sans magie, sage comme une image ». Le mage se glisse dans l’eau, reprise de contact avec son corps, on reprend de l’air à la surface, on respire… Il fait la brasse. Et enfin, il plonge.

« Un mage se glisse dans l’eau froide.
C’est moi.
Comme on plonge un bâton dans l’eau, je m’amincis.
Je me spirale.
Je rajeunis.
Sous l’eau. 

 

 

 

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