Arts de la scène : aux limites du théâtre
Didier Galas, La Flèche et le Moineau / 1 2 3 4 5 6 7 Repères

 

 

La Flèche et le Moineau trouve sa genèse dans Cosmos, le dernier roman de Witold Gombrowicz, ainsi que dans le Journal de l’auteur polonais. À la croisée des genres, le spectacle met en scène sept personnages (danseurs, acteurs, plasticien performeur, metteur en scène) réunis pour un repas, où se mêlent moments burlesques, dansés et chantés, suspens et interrogations sur le réel et l’illusion... Le tout dans un décor énigmatique conçu par le plasticien Jean-François Guillon.

 

Didier Galas. Un désir d'ailleurs, par Patrick Beaumont (1)
1. Aux origines du spectacle

Propos de Didier Galas

Jean-François Guillon, Aucun Débord, 2006
Sculpture
© Jean-François Guillon

« J'ai découvert l'œuvre de Witold Gombrowicz vers 19 ans au Conservatoire, lorsque j'ai travaillé sur l'une de ses pièces de théâtre, Le Mariage, avec Claude Régy. Une rencontre décisive qui a déclenché mon désir de lire ses écrits, surtout ses romans et son Journal. Dans ce dernier, j'ai été fasciné par sa sincérité et ses fulgurances. C'est un homme qui décide de se construire et parle en homme libre. Il aborde souvent les choses « par en bas » (2), c'est-à-dire par l'humain avec ses limites. Dans son Journal, il se montre tel qu'il est mais se met en scène et, n'oubliant jamais le lecteur, il produit ainsi un « effet » de sincérité étonnant.

Depuis longtemps, j'avais le projet de travailler autour de ses textes mais sans entrer dans le concret des choses. Puis, il y a six ou sept ans, j'ai animé un stage sur l'improvisation corporelle où se frottaient des univers surréaliste et métaphysique qui m'ont fait penser à Gombrowicz. Le paradoxe fut de revenir à lui par le corps alors qu'il est d'abord reconnu pour sa langue. Cependant, ses textes sont pétris de sensations, notamment dans son Journal où il observe le corps humain d'une façon pointilleuse. A partir de là, il me semblait évident de réunir comédiens et danseurs afin de s'emparer de fragments de son Journal et d'extraits de Cosmos, son ultime roman. On retrouve ainsi dans La Flèche et le Moineau les principes formels qui sont inhérents à l'univers de Gombrowicz, tels qu'une dérision du monde, un certain sens de l'absurde et un regard singulier sur les humains. »

(1) Patrick Beaumont est critique de théâtre.
(2) Selon l'auteur polonais Bruno Schulz, contemporain de Witold Gombrowicz, ce dernier dresse dans son œuvre « l'inventaire de l'escalier de service de notre moi ».

 

 

 

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