Dossier pédagogique - Parcours Exposition
DADA |
|
Raoul Hausmann, ABCD, 1923-1924 |
Provocation, anti-peinture, profanation
Paris et New York. Marcel Duchamp, Francis Picabia,
Man Ray
Hasard et abstraction
Zürich.
Jean Arp, Sophie Taeuber-Arp
Le photomontage
Berlin.
Raoul Hausmann, Hannah Höch
Le collage selon Max Ernst
Cologne.
Un art de distance et d’ironie
Merz ou le principe d’assemblage d’objets et de matériaux
Hanovre. Kurt Schwitters
Depuis
1966, aucune grande exposition n’avait été consacrée en France à Dada, l’un des mouvements les plus
marquants de l’avant-garde historique.
A l’encontre de l’interprétation
qui le caractérise comme un courant de destruction et de négation des
anciennes valeurs, réduit au seul rôle de précurseur du Surréalisme,
l’exposition, présentée par le Centre Pompidou-Musée national d’art moderne,
s’attache à montrer un Dada constructeur.
Plus de 1 000 œuvres de
50 artistes - peintures, sculptures, photographies, collages et photomontages,
documents graphiques, enregistrements sonores et cinéma -, couvrant toute
la période Dada de 1916 à 1924, en provenance de collections publiques
et privées, montrent la radicalité de ce mouvement pluridisciplinaire.
Né en Suisse durant la Première
Guerre mondiale autour d’un groupe d’artistes, d’écrivains, de musiciens
cosmopolites réfractaires à la guerre et au système culturel et social
qui y aboutit, le mouvement Dada proclame un mépris rageur pour les valeurs
en place, y compris celle de l’art. Après avoir fait table rase de toutes
les croyances, l’artiste dada découvre le principe de la liberté absolue
en art.
L’esprit Dada, inextricablement
lié au contexte historique où il apparaît, à la montée du nihilisme annoncée
par Nietzsche, est une « force réactive », un concentré d’énergies
en action où toutes les grandes questions, même sous la forme de la bouffonnerie
et de la provocation, entrent en jeu. Au-delà de la révolte et de la
protestation, Dada repense à neuf la peinture, la poésie, la photographie,
le cinéma. Il est à l’origine de l’art moderne et contemporain qui inscrit
le non-art dans l’art, invitant à revoir les catégories esthétiques et
le sens du beau.
En proposant un tour d’horizon des multiples expressions Dada telles qu’on les trouvait à Zürich, Berlin, Hanovre, Cologne, Paris et New York, ainsi qu’aux Pays-Bas, en Belgique, en Italie et au Japon, l’exposition met en scène de nombreuses figures du modernisme : Jean Arp, Sophie Taeuber-Arp, Hannah Höch, Raoul Hausmann, George Grosz, Johannes Baader, Hugo Ball, André Breton, Jean Crotti, Paul Éluard, Marcel Janco, Tristan Tzara, Hans Richter… C’est le foisonnement créatif de cette époque qui est souligné, en donnant une part aussi grande à l’écrit - livres, revues - qu’aux œuvres plastiques. Une place importante est réservée au cinéma avec la projection de films tels que Diagonal Symphony, 1921, de Viking Eggelins et Rhythmus 21 et 23 de Hans Richter.
Ce dossier,
conçu à l’attention
des enseignants, propose d’éclairer les moments forts de l’invention
plastique :
- Profanation, provocation,
anti-peinture, avec Duchamp, Picabia, Man Ray,
- Hasard et abstraction, avec
Jean Arp et Sophie Taeuber-Arp,
- Le photomontage berlinois,
avec Raoul Hausmann et Hannah Höch,
- Le collage selon
Max Ernst, un art de distance et d’ironie,
- Merz ou
le principe d’assemblage d’objets et de matériaux, avec Kurt Schwitters.
Le mot Dada, trouvé au hasard dans les pages d’un dictionnaire « ne signifie rien », il agit dans toutes les langues comme un défaiseur de sens, il est la parole qui exprime au mieux l’essence du mouvement. Néanmoins, avant la découverte du mot et la création à Zürich du célèbre Cabaret Voltaire, où eurent lieu les principaux événements dada, « l’esprit dada », comme le nomment les critiques, existait déjà à Paris et New York dans les activités de Marcel Duchamp, Francis Picabia, Man Ray ou du poète Jacques Vaché.
S’attaquant au rationalisme et
aux valeurs du 19e siècle, reflet d’une culture bourgeoise qui conduit
au grand carnage de la Première Guerre mondiale, Tristan Tzara, dans son Manifeste
Dada 1918, prône le principe de
contradiction, le paradoxe, le non sens, à l’enseigne du mouvement
de la vie. Si Dada refuse la logique, ce n’est pas dans un simple cri de
révolte qu’il s’exprime, mais par des œuvres d’art, même si elles se donnent
comme anti-art.
« L’artiste nouveau proteste :
il ne peint plus/ reproduction symbolique et illusionniste/ mais crée directement
en pierre, bois, fer, étain, des rocs des organismeslocomotives
pouvant être tournés de tous
les côtés par le vent limpide de la sensation momentanée », affirme
Tzara dans son Manifeste qui, assumant la contradiction,
se dit « contre les manifestes ».
Les Dadas libèrent l’art de la
soumission à un sens préétabli, ils libèrent les matériaux, la langue et
toutes les formes d’expression plastique et verbale.
Marcel Duchamp (1887-1968)
Peintre à l’origine, Duchamp s’insurge contre les peintres qu’il appelle « les intoxiqués de la térébenthine » et contre « la bêtise rétinienne » liée à cet art. Il se réclame plus proche de l’expression de Léonard définissant la peinture comme une « chose mentale ». Son Nu descendant un escalier, 1912, fait scandale à New York et le rend célèbre. Au- delà du nu, il y recherche une méthode de démultiplication du mouvement dans l’espace. En 1913, il expose une « sculpture » appelée Roue de bicyclette. Deux objets quotidiens sont assemblés et collés l’un sur l’autre par l’artiste : une roue de bicyclette et un tabouret. Ici rien ne sort de la main de l’artiste qui réalise un collage tridimensionnel.
Les Ready-mades
Marcel Duchamp. Porte-bouteilles (Séchoir à bouteilles ou Hérisson),
1914 (1964)
Porte-bouteilles en fer galvanisé, 64,2 x 42 cm (diam.)
Centre Pompidou-Musée national d’art moderne, Paris
© Adagp, Paris
En 1914, avec le fameux Porte-bouteilles,
acheté au Bazar de l’Hôtel-de-ville, Duchamp élabore le concept de ready-made : « objet
usuel promu à la dignité d’œuvre d’art par le simple choix de l’artiste » (définition
du Dictionnaire abrégé du Surréalisme, André Breton,
1938). La main de l’artiste n’intervient plus dans l’œuvre, tout savoir-faire
ainsi que tout plaisir esthétique lié à la perception de l’œuvre s‘annulent.
La trace du créateur a disparu et se réduit au seul choix et à la nomination
de l’objet. Le titre qui, d’abord, nomme le plus platement l’objet, Porte-bouteilles,
prendra de plus en plus d’importance. L’objet sera rebaptisé plus tard Séchoir à bouteilles ou Hérisson.
Le
choix de cet objet n’était pourtant
pas anodin. Les verres et les bouteilles avaient envahi la peinture cubiste
de laquelle Duchamp voulait sortir comme d’une « camisole de force »,
disait-il. Aux bouteilles et aux verres se démultipliant en mille facettes
transparentes du Cubisme analytique succède l’objet
réel, opaque et en fer, qui les accueille, piquant comme un hérisson.
En 1915 Duchamp s’installe aux
Etats-Unis. Poursuivant ses ready-mades il y ajoute des inscriptions comme,
sur une pelle à neige, En prévision du bras cassé.
La logique verbale seule transforme, par l’humour et les jeux de mots,
l’objet usuel en autre chose que lui : une précipitation du futur
probable. Duchamp insistera de plus en plus sur cette dimension verbale
impliquant par des sous-entendus l’esprit du spectateur dans la perception
de l’œuvre. A la délectation de l’œil succède celle de l’esprit.
De 1917 date son ready-made le plus connu, le célèbre urinoir retourné et
rebaptisé Fontaine. Présenté au Salon des indépendants à New York
sous un pseudonyme (R. Mutt), le jury dont il fait lui-même partie le refuse,
scandale par lequel commencent l’épopée et le succès des ready-mades.
Les
ready-mades originaux ont disparu, restent des répliques qui, comme
le dit Duchamp, « transmettent
le même message que l’original ». Pour lui, le seul critère esthétique
ne suffit pas à définir ce qui est de l’art et ce qui ne l’est pas,
et l’artiste est celui qui met en question, les poussant toujours de plus
en plus loin, les limites de l’art. La disparition de la fonction d’usage
de l’objet par son installation dans un milieu muséal, la nouvelle signification
que lui confère son titre suffisent désormais à qualifier d’œuvre d’art
ce qui a priori ne le serait pas.
Ce geste radical de Duchamp est à l’origine
de la remise en cause du statut de l’art au 20e siècle.
C’est à Paris, en 1919, que Duchamp
réalise l’une de ses œuvres les plus provocantes en ajoutant au crayon,
sur une reproduction en couleurs de La Joconde de Léonard
de Vinci, une paire de moustaches et une barbe. S’attaquant à une image
canonique de la peinture occidentale, Duchamp la tourne en dérision en
la transformant en ce qu’il appelle un « ready-made assisté »,
car, outre la barbe et les moustaches, il y appose l’inscription en apparence
anodine, L.H.O.O.Q. En effet, une lecture rapide des lettres donne la phrase à connotation
sexuelle : « Elle a chaud au cul ». Profanation subtile
et grossière à la fois de la femme célébrée par le chef-d’œuvre de la Renaissance
et allusion aussi à l’ambiguïté sexuelle de l’artiste, l’homosexualité de
Léonard sur laquelle on a tellement écrit et qui se lit ici dans la transformation
de la célèbre Mona Lisa en hermaphrodite.
Francis Picabia (1879-1953)
Peintre et écrivain français de père espagnol, Picabia est, avec Duchamp, un des pionniers du Dadaïsme et de l’art moderne. Traversant pendant des décennies les avant-gardes de son temps : Abstraction, Dadaïsme, Surréalisme, Picabia est un inventeur inépuisable de formes et de styles. L’iconoclasme de ses débuts, qui coïncide avec la période dadaïste, l’amène, comme Duchamp, vers une série de travaux inspirés de la machine et des dessins industriels. Ses œuvres sont accompagnées de titres ironiques qui ne les expliquent pas, mais tournent en dérision le sujet. Ainsi intitule-t-il un dessin industriel, vide de toute sentimentalité, Paroxysme de la douleur (1915) et une mécanique absurde reliée à des roues Parade amoureuse (1917), mettant en cause la représentation, le monde moderne et le sens de l’œuvre.
Francis Picabia. Danse de Saint-Guy,
(Tabac-Rat), 1919-1920 (1946, 1949)
Carton, encre, ficelles, bois, 104,4 x 84,7 cm
Centre Pompidou-Musée national d’art
moderne, Paris
© Adagp, Paris
Danse de Saint-Guy,
réalisé à Paris et présenté au Salon des artistes indépendants en 1922,
témoigne au plus haut point de l’esprit de provocation et de subversion
qu’était celui de Dada. Picabia propose un « tableau » sans
matière, où la toile a disparu et la peinture aussi, constitué de son
seul cadre traversé de quelques ficelles où trois étiquettes présentent
le titre et la signature du « peintre ». Peinture absurde, réduite à ses
seuls attributs secondaires : cadre, ficelles d’emballage, cartels
en carton.
Pour redoubler la dérision de la peinture, Picabia s’est fait photographier dans The Little Review,
derrière l’œuvre, dans la position non pas de sujet du tableau, mais de
quelqu’un qui regarde comme d’une fenêtre. Par ce procédé il insiste sur le
vide de la peinture, sa transparence et le jeu qu’il instaure entre
le regardeur/regardé. Cadre, ficelles, étiquettes font aussi de cette œuvre
un appareillage conçu pour transporter un tableau inexistant, « tableau
en voyage » et non pas figé dans les murs d’un musée.
Les codes sacrés de la représentation classique sont ainsi retournés.
Man Ray (1890-1976)
Originaire de Philadelphie, Man
Ray, peintre et photographe ami de Duchamp et de Picabia, anime avec ces
derniers l’aventure Dada américaine avant de venir à Paris.
Il se consacre à l’expérimentation de nouvelles techniques. Il exécute
des peintures au pistolet qui lui permet d’obtenir une facture plus technique
et anonyme, qu’il nomme aérographie. Ou crée des photographies à partir
d’objets qu’il dépose sur un papier sensible pour les exposer à la lumière.
L’artiste appelle ces œuvres des rayogrammes, jeu de
mots avec son nom.
Ainsi, si la peinture est réalisée sans pinceau,
la photographie, obtenue par solarisation, se passe de l’appareil.
Man
Ray. The
coat-stand (Porte manteau),
1920
Epreuve gélatino-argentique, 40,4 x 26,9 cm
Centre Pompidou-Musée national d’art
moderne, Paris
Comme il l’avait fait pour La
Femme - un batteur d’œufs se change en femme par le
biais du titre -, ici Man Ray se sert de la photographie non pas pour
reproduire la réalité mais pour la transgresser. Ce renversement
de l’ordre habituel des choses, cher à Dada, opère dans cette œuvre qui
assemble, comme un collage, des parties du corps d’une femme nue et un
curieux porte manteau, se commençant par un socle et se terminant par
une tige où est placé le buste en carton de la femme.
La dérision s’attaque
ici au nu féminin, moitié femme moitié pantin, posant debout en position
instable, soulignée par le titre qui, renversant notre vision, appelle
l’ensemble The coat-stand, littéralement, manteau debout.
L’intrusion du hasard dans la réalisation d’une œuvre est au cœur de l’esthétique dadaïste. « Il nous faut des œuvres fortes, droites, précises et à jamais incomprises », clame Tzara dans son Manifeste, soulignant le sens nouveau et la liberté de l’acte créateur. Si Tzara compose des poèmes en prenant au hasard les mots découpés d’un article, Jean Arp se livre, dès 1916, à ses lois en laissant tomber sur des feuilles des bouts de papiers déchirés. Sophie Taeuber-Arp allie, quant à elle, ses jeux à la rigueur géométrique.
Hasard et abstraction semblent aller de paire à Zürich dans les premières années Dada. L’abstraction proclame, alors, l’autonomie de l’œuvre littéraire et plastique. La peinture, affranchie des contraintes d’antan, crée avec des matériaux bruts ou des formes géométriques qui ne parlent que de lignes, surfaces, plans et couleurs, tandis que l’écriture, libérée de l’esclavage du sens, retourne à la matérialité même de la langue. Les mots, assemblés selon des lois qui ne visent pas la communication mais la fluide liberté d’associations d’images et de sons, s’organisent en poèmes. Déjà Serner, Tzara et Arp, qui est aussi poète, se livrent en allemand à une écriture automatique qui n’admet pas de corrections. La poésie phonétique de Raoul Hausmann ira encore plus loin dans la destruction de la langue, décomposant le mot même en éléments purement sonores, abstraits de tout sens et de toute représentation.
Jean Arp (1887-1966)
Comme grand nombre de dadaïstes, Arp n’est pas seulement plasticien mais aussi poète. Marqué à ses débuts par l’Expressionnisme et par le Kandinsky du Cavalier bleu, c’est, entre 1915 et 1920, à la poésie que semble aller sa préférence. Son recueil de poèmes, La pompe à nuages (écrit entre 1915 et 1920), est contemporain de ses collages abstraits et de ses reliefs dada, formes découpées dans des bois polychromes et assemblées de manière à créer des reliefs où transparaissent les traces de l’exécution manuelle. Entre biomorphisme et élaboration d’une plastique pure, son œuvre affectionne le jeu et le hasard à la recherche d’un autre rapport de l’artiste à la nature, l’artiste ne devant pas l’imiter, mais travailler comme elle.
Jean Arp, Rectangles selon les lois du hasard, 1916
Collage de papier sur carton jauni sur Pavatex, 25,30
x 12,50 cm
Kunstsmusem Basel, Kupferstichkabinett
Schenkung Marguerite Arp-Hagenbach
1968
© Adagp, Paris
Seul ou en collaboration avec d’autres
artistes, selon le principe de l’impersonnalité du geste créateur cher
aux dadaïstes, Arp va réaliser, dans les années 1916-17, une série de collages
où la composition et l’emplacement des formes sont laissés au rôle du hasard.
Ainsi dans Rectangles selon les lois du hasard, chaque
morceau de papier est tiré au sort et placé au hasard dans
la surface rectangulaire.
Les formes géométriques - carrés
et rectangles - se chevauchent et semblent tenir ensemble selon l’équilibre
précaire d’un château de cartes que seule la colle empêche de tomber. La
palette sobre des papiers collés semble refuser tout effet de séduction venant
de la couleur. Comme le déclare Arp : « Ces tableaux sont des
réalités en soi, sans signification ni intention cérébrale. Nous rejetions
tout ce qui était copie ou description pour laisser l’Elémentaire et le
spontané réagir en pleine liberté ».
Sophie Taeuber-Arp (1889-1943)
Danseuse, formée aux arts décoratifs, Sophie Taeuber-Arp réalise, avec Jean Arp, de nombreux collages, peintures et broderies à caractère géométrique. Grâce à elle l’expérience artistique du Dadaïsme s’enrichit de son expérimentation dans les arts de la scène (elle exécutera un théâtre de marionnettes pour une pièce de Carlo Gozzi, Le Roi–Cerf, en 1918), mais aussi dans le textile et dans la sculpture. Ses œuvres, où à la rigueur géométrique s’ajoutent les jeux du hasard et l’effacement de toute sensibilité personnelle, marquent la tendance du Dadaïsme zürichois proche du Constructivisme.
Sophie Taeuber-Arp, Tête
Dada, 1920
Bois tourné et peint, hauteur : 29,43 cm
Centre Pompidou-Musée national d’art
moderne, Paris
© Adagp, Paris
Avec la série de huit Têtes polychromes, réalisées entre 1918 et 1920, Taeuber étend à la sculpture l’esthétique dadaïste. Tête Dada en est la pièce majeure. Impersonnelle, leur fabrication se fait au tour et, renversant les lois de la séparation des genres, la peinture se mêle à la sculpture.
Ici, en 1920, Sophie Taeuber inscrit
le nom DADA en capitales. Elle marque ainsi, à une époque où les dadaïstes
ont quitté Zürich pour d’autres scènes, son adhésion au Dadaïsme international.
Au courant des derniers événements parisiens, la moustache peinte sur l’un
des côtés de la tête rappelle celle que Duchamp vient d’ajouter sur une
reproduction de la Joconde. Les motifs peints sont
d’une rigueur constructiviste, les formes s’ordonnant selon l’axe horizontal-vertical,
intégrant obliques, demi-cercles et rectangles.
Tête Dada témoigne
de l’esthétique originale de l’artiste, mêlant les genres, toujours à la
recherche de territoires nouveaux de l’art, alliant subtilement subversion
dadaïste et jeu de formes que la peinture abstraite permet.
Marqués par l’Expressionnisme,
par le Cubisme et par le Futurisme, les dadaïstes allemands n’en sont
pas moins les inventeurs du photomontage. Si les constructivistes russes
et les futuristes italiens l’ont déjà expérimenté, les dadaïstes en exploitent
toutes les possibilités expressives.
Surnommé le Dadasophe, Raoul Hausmann est l’un
des principaux photomonteurs de la capitale allemande. A ses côtés, Hannah
Höch, Johan Heartfield, George Grosz donnent des versions singulières et
diverses du photomontage, où prime néanmoins la dimension polémique.
Réalisés à partir des découpes
de photographies tirées de journaux, combinées aux éléments typographiques
de coupures ou de manchettes de presse, les photomontages jouent sur l’effet
dynamique de leur composition, où les notions de plan,
d’échelle sont constamment remises en cause, et sur l’impact des lettres
et des mots disséminés dans l’œuvre comme des slogans,
des cris ou des ordres.
A l’enseigne non pas du beau tableau,
mais du manifeste plastique, qui se veut polémique et percutant dans une
société allemande bourgeoise et militariste que les dadaïstes allemands
combattent, ces tableaux, faits entièrement de photos découpées et de lettres,
sont de véritables cris. Récusant l’idée traditionnelle d’artiste pour
se nommer « monteurs de photos », certains d’entre eux (Heartfield
et Grosz) se placent à côté des travailleurs
et des monteurs prolétaires des usines.
Raoul Hausmann (1886-1971)
Peintre, théoricien, sculpteur, écrivain, Raoul Hausmann se revendique l’inventeur, avec Hannah Höch, du photomontage. Cette découverte remonterait à un séjour dans la Baltique où ils auraient constaté que, dans chaque famille d’un petit village nommé Heidebrink, « se trouvait accrochée au mur une lithographie en couleurs représentant sur fond de caserne l’image d’un grenadier. Pour rendre ce mémento militaire plus personnel, on avait collé à la place de la tête un portrait photographique du soldat. Ce fut comme un éclair, on pourrait, je le vis instantanément, faire des tableaux entièrement composés de photos découpées ».
Si le collage cubiste a permis une avancée nouvelle dans l’investigation de l’espace, le photomontage permet à Hausmann d’analyser l’image et son fonctionnement. « J’adoptais avec la découverte du photomontage une attitude supra-réaliste, qui permet de travailler avec une perspective à plusieurs centres et de superposer des objets et des surfaces », écrit-il dans son texte Cinéma synthétique de la peinture. Une telle liberté permet à l’artiste d’obtenir des images complexes mêlant l’élément visuel, les lettres, les mots, réunissant souvent le monde organique, l’émotionnel et le mécanique.
Raoul
Hausmann, ABCD,
1923-1924
Encre de Chine, reproduction de photographie
et
imprimés
découpés, collés sur papier, 40,4 x 28,2 cm
Centre Pompidou-Musée national d’art
moderne, Paris
© Adagp, Paris
Réalisé vers 1923, quand Dada-Berlin
n’existe plus, ABCD est le dernier photomontage dadaïste
d’Hausmann. Néanmoins l’artiste restera fidèle à ce procédé, fondé sur
la déconstruction et la recomposition des différentes sources de l’image,
jusqu’aux années soixante.
Plus encore que dans tous ses autres
photomontages, l’image est ici disloquée et sa perception constamment entravée
par des ruptures de plans suggérant des sens contradictoires. Le motif
central, son autoportrait photographique, tient comme
serrées entre les dents les quatre lettres du début de l’alphabet. La
langue que, déjà dans ses poèmes-affiches et dans ses
poèmes phonétiques, Hausmann a détruite, hachée et privée de son sens,
s’imposant par son impact visuel, joue avec l’image et les dessins.
Autour de l’autoportrait, des papiers découpés dans des manuels médicaux, des éléments typographiques à chaque fois différents, des billets de banque tchèques, des allusions à une action Merz, réalisée aux côtés de Schwitters à Hanovre en décembre 1923 où il donna lecture de ses poèmes phonétiques, s’organisent selon plusieurs axes de composition. Mais de cette image, malgré le mot voce (voix en italien), aucun sens cohérent de lecture ne se dégage. Ce qui est à voir et ce qui est à lire ont la même importance dans ce photomontage où la notion de fond et de profondeur s’abolissent. Chaque motif se jouant à la surface de l’œuvre, dans l’immédiateté de l’ici et maintenant. Manifeste de l’esthétique du non-art, cri lancé en même temps à l’œil et à l’oreille du spectateur, ce montage où rien ne semble tenir en place proclame contre tout académisme l’insondable mouvement de la vie.
Hannah Höch (1889-1978)
Hannah Höch est la seule femme
du Club Dada de Berlin. Malgré les réticences
de Grosz et d’Heartfield, elle participe à la Première Foire Internationale
Dada en 1920 grâce à Raoul Hausmann, son compagnon, qui estime son travail
plastique. L’artiste y présente son célèbre collage (malheureusement absent
de l’exposition), imposant de par ses dimensions (114 x 90 cm) et son contenu : Coupé au
couteau de cuisine dans la dernière époque culturelle de l’Allemagne, celle
de la grosse bedaine weimarienne de 1920.
La confusion, la violence
et l’incohérence
de l’époque se lisent dans ce photomontage où l’artiste passe en revue les
faits marquants de l’année 1920 à Berlin. A côté du désordre
politique qui y règne, représenté par l’image de l’empereur Guillaume II
- qui avait abdiqué - et les représentants du nouveau pouvoir social-démocrate
- eux aussi reconnaissables -, Höch s’y représente avec d’autres dadaïstes,
tandis qu’un monde mécanique moderne se
profile avec ses rouages et ses machines, ses locomotives et son mouvement
vertigineux. Lisibles entre les images photographiques, les lettres, découpées
dans des journaux, reprennent des slogans dadaïstes comme « Adhérez à Dada ! », « Dada
triomphe ! ».
Hannah
Höch. Da
Dandy, 1919
Photomontage, 30 x 23 cm
Collection particulière
© Adagp, Paris
La virtuosité d’Hannah Höch dans
le photomontage se révèle dans toute son étendue avec une autre œuvre au
titre plus enjoué et léger, Da Dandy. Le titre, Da
Dandy, se lit en lettres de journal découpées, dans le
bas droit du tableau. L’artiste qui, toute sa vie, restera fidèle à la
technique du photomontage et au collage pour exprimer, comme elle le déclarera
en 1977, « ses critiques, ses sarcasmes, mais aussi ses malheurs et
la beauté », met ici habilement en image, à partir de différentes
découpes photographiques, la relation d’Hausmann à la femme, une
femme qui semble occuper la totalité de sa tête.
En effet, dissimulé et pourtant lisible derrière
une multitude de visages féminins, le profil de Raoul Hausmann se lit au
centre de la composition, où tout fait appel à l’œil et au regard. La complexité du
photomontage, où les différents visages féminins s’imbriquent,
est à l’image de la relation compliquée entre les deux artistes. Les jeunes
rivales constituent la tête de l’amant écartelé entre sa femme et Hannah
Höch, sa maîtresse. Et pourtant, malgré les affres qu’une telle relation
implique, tout semble prendre une allure ludique et légère, comme la découpe
photographique de deux pieds de femme élégamment chaussés et esquissant
un pas de danse, de la main nonchalamment allongée, ou des perles rimant
avec les sourires et les différents appâts féminins. La palette chromatique
orchestre avec élégance les valeurs du noir et du blanc et la couleur,
ainsi que les tonalités pastels de différents paysages qui se profilent
au loin.
Hausmann, Höch et Baader représentent la tendance plus typiquement Dada à Berlin, anarchique, individualiste et artistique. Une seconde tendance, plus marquée politiquement et à gauche, compte le photomonteur Johan Heartfield et le peintre George Grosz. Ces deux artistes réalisent ensemble des photomontages comme par exemple Pays ensoleillé, 1919, qu’ils ne signent même pas, se contentant d’apposer sur le bord inférieur du collage le texte ‘Grosz-Heartfield mont’ (pour monté), en caractères d’imprimerie. Le qualificatif monteur leur semble plus approprié pour définir leur travail où le collage des divers éléments, lettres, découpes de journal, cartes postales, est plus proche de la production mécanique que des techniques artistiques traditionnelles. Heartfield, dénommé le « Dadamonteur », réalise des œuvres d’une grande force polémique et restera toujours fidèle à l’esthétique du photomontage. Grosz, faisant dialoguer dessin, aquarelle et photomontage dans des œuvres d’un grand impact visuel, met à nu les valeurs bourgeoises instituées, comme celle du mariage, les rouages du capitalisme ou l’absurdité de la guerre.
Même s’ils ont prôné l’anti-art, c’est par des œuvres
d'art que les dadaïstes ont clamé leur révolte contre des
valeurs absurdes et immuablement instituées, y compris celles d’un
art canonique. La découverte du photomontage a ouvert des voies
nouvelles en art, questionnant l’image dans tout son
pouvoir et son efficace.
Littéralement exorbitantes, ces œuvres, intégrant
texte et image, interrogent sur le rapport entre le visuel et le
textuel, l’image et le mot, le fragment d’image et l’émiettement
de la langue.
En arts plastiques comme en
français (au-delà même
des nombreuses revues, tracts, manifestes et activités écrites
que Dada a produits) ces œuvres pourront être le lieu d’un questionnement
allant du poème visuel au tableau sonore, à l’intégration du texte écrit
dans l’image. D’Apollinaire aux futuristes, aux dadaïstes, aux
Nouveaux réalistes, mais aussi aux artistes du Pop art, ce lien
névralgique texte et image serait à étudier en classe.
Mouvement international aux ramifications multiples, Dada a aussi un foyer à Cologne, marqué par la personnalité de Max Ernst, qui va devenir un des plus grands artistes surréalistes, par Théodor Baargeld et par Jean Arp qui les rejoint en 1919. C’est en 1919 que Max Ernst, qui se révélera comme le grand magicien du collage, crée ses premiers collages dada. Fidèle à l’esprit dada s’insurgeant contre la notion d’artiste et de filiation de l’œuvre, il réalise des collages en duo avec Arp, intitulés Fatagaga (1920), ainsi qu’avec Baargeld.
Max Ernst (1891-1976)
Ernst fait de la technique du collage une utilisation singulière qui se différencie des papiers collés cubistes ainsi que des photomontages dadaïstes. Contrairement à Braque, Picasso ou aux autres dadaïstes qui n’effacent pas les traces de la facture de l’œuvre, emprunts d’images, colle, etc., Ernst trompe le regard du spectateur en gommant toute allusion à sa réalisation technique. L’image qu’il présente est donc uniforme, même si elle est absurde. Le renvoi à la réalité politique et sociale, qui chez Hausmann, Höch ou Heartfield est direct, devient chez lui allusion. L’image morcelée, chaotique et violente d’une époque que les Berlinois dénonçaient, s’éloigne dans un espace qui n’est pas réel mais mental. Ainsi, comme Ernst l’exprime dans une très belle formule : « Si ce sont les plumes qui font le plumage ce n’est pas la colle qui fait le collage ».
Chez lui, le collage naît de la rencontre entre des réalités différentes « sur un plan qui n’y semble pas approprié – et l’étincelle de poésie qui surgit du rapprochement de ces réalités ». De tels collages évoqueront de plus en plus l’activité mentale de libre association et le processus de figuration dans le rêve, dont Freud avait élucidé la logique inconsciente. Mais, avant de plonger dans la dimension de l’inconscient chère aux surréalistes, les collages dadaïstes de Max Ernst s’attachent à des thématiques comme la guerre ou la destruction, communes aux autres dadaïstes allemands, pour les traiter avec une esthétique qui lui a été toujours chère, celle de la distance et de l’ironie.
Max
Ernst. Le Rossignol chinois,1920
Photomontage, 12,2 x 8,8 cm
Musée de Grenoble
© Adagp, Paris
L’extraordinaire, l’inquiétant,
l’incongru, l’humour sont les principaux sentiments que provoquent les
collages de Max Ernst. Ainsi, dans le minuscule photomontage intitulé Le
Rossignol chinois, la photographie d’une bombe aérienne
utilisée pendant la guerre, placée au centre de la composition, est tellement
remaniée qu’il est presque impossible de l’identifier. Par les éléments
disparates dont l’artiste l’entoure, la bombe n’est plus qu’un hybride
d’homme et d’animal, tandis que le titre, tiré d’un conte d’Andersen, désamorce
toute idée de violence. Le photomontage a été ensuite photographié et agrandi
par Ernst, de manière à effacer les traces de sa fabrication.
Max Ernst,
qui avait été enrôlé pendant
la guerre, et qui déplorait la presse glorifiant les performances techniques
allemandes lors du premier grand conflit, tourne ici en dérision, de manière
subtile, l’absurde machinerie militaire et ces mêmes revues d’où il a
tiré l’élément central de sa composition.
L’éventail de l’effervescence créatrice qui a été celle de Dada, où le mot d’ordre liberté a produit des œuvres qui ont révolutionné l’art, la littérature, le cinéma, ne serait pas complet sans l’apport considérable de Kurt Schwitters.
Kurt Schwitters (1887-1948)
S’exprimant par le moyen du collage dont il donne
une nouvelle interprétation, sculpteur, poète interprétant ses poèmes et
sonates de mots, réalisant tableaux-poèmes et poèmes optiques, Schwitters
est l’artiste dadaïste complet. Plaçant l’art avant
tout, Schwitters s’oppose à la coloration politique communiste que Dada
prend au sein de certains cercles en Allemagne. Il est plus proche de l’indépendance
radicale et de la méfiance envers la communauté proclamée par Tzara. Il
reproche à Huelsenbeck1 et à ses écrits sa violence
contre l’art, se réclamant encore une fois de Tzara quand il déclare que « Dada
est à l’enseigne de l’abstraction ».
L’ensemble de ses activités dada
et post-dada pourrait se regrouper autour d’un néologisme riche de sens : Merz,
découpe verbale du mot Kommerz und Privat bank. Ce
fragment de mot laisse entendre le commerce de l’art, la douleur : schmerz,
en allemand, et en français une dimension scatologique.
Le fragment et son principe
d’association et d’expansion sont au cœur de son travail
plastique et poétique. Dans ses collages ou assemblages, Schwitters intègre,
comme les cubistes, différents matériaux. Mais, poussant plus loin cette
pratique, il travaille à partir de déchets qui envahissent les rues de
Berlin ou de Hanovre après la guerre. « On peut crier avec des ordures
et c’est ce que je fis, en les collant et les clouant ensemble », écrit-il.
Si le collage de l’objet prélevé du réel reste, dans le Cubisme,
soumis à la peinture qui l’intègre à la composition plastique, chez Schwitters
l’objet et le matériau étranger font de plus en plus, à eux seuls, l’œuvre.
Réalisant le
rêve d’une œuvre
qui mêle le plan de l’art et celui de la vie, Schwitters
construira, par accumulation d’objets différents, une immense sculpture
qui occupera l’espace vital de sa maison et qu’il nommera Merzbau, œuvre in
progress et non vendable, conciliant peinture, sculpture
et architecture. Elle sera détruite par les nazis en 1939.
Kurt
Schwitters. Untitled (Assemblage
on Hand Mirror), 1920-1922
Assemblage, huile sur miroir cloué à une toile,
28,50 x 11 cm
Musée d’art moderne de la ville de Paris
© Adagp, Paris
Offert par l’artiste à Hannah Höch,
ce collage a ensuite appartenu à Tzara, avant d’être donné par ses héritiers au
Musée d’art moderne de la ville de Paris en 1988.
L’objet fait ici doublement irruption,
d’abord par le support, le miroir à main réel dont la surface a remplacé la
surface picturale, puis par sa présence fragmentaire à l’intérieur du collage.
Le
miroir à main, détourné de sa
fonction, présente autre chose au regard de celui ou celle qui voudrait
s’y voir, un reflet de l’époque d’où ressort le mot CHOC. Découpe peut-être
d’un autre mot comme l’indique la troncature irrégulière de l’élément collé.
Comme un grand nombre de ses collages des années vingt, cette œuvre a été réalisée à partir
de débris ramassés sur les ruines de la guerre. Sur les restes de maisons
détruites, Schwitters a ramassé des fragments
de matériaux présents dans des intérieurs domestiques : des boutons,
morceaux de carton, bouts de bois, morceaux de carrelages, de métal, de
verre, de liège, et une feuille d’arbre artificielle.
Ces détritus habilement agencés par l’artiste s’organisent
selon une composition qui, malgré l’harmonie chromatique et l’équilibre
des obliques, des courbes et des droites, n’a rien de décoratif. En effet,
les mots qui se détachent attirent le regard du spectateur vers un questionnement,
auquel la rude matérialité des objets collés donne une certaine résonance.
La guerre, la destruction, la confusion de l’époque se lisent dans ce miroir
opaque, au dos duquel l’artiste a tracé un cœur percé d’une flèche et une
inscription : « Viel Liebe, Q .Witters » (Beaucoup
d’amour, Q.Witters). Witters étant un déguisement de son nom.
Le grave et le frivole se donnent rendez-vous dans ce miroir féminin des années vingt en Allemagne. Les formes ovales, l’introduction
de matériaux et de lettres rappellent les procédés chers aux cubistes,
mais ici le matériau n’est pas intégré à la peinture et existe dans
sa présente réalité. Le recours à des matériaux de rebuts
renoue l’art avec le réel et les Nouveaux réalistes s’en inspireront.
Si la durée de Dada ne se limite qu’à quelques
années, le mouvement a marqué en profondeur l’art et
la pensée du 20e siècle.
Il donnera lieu à une
filiation allant du Néo-dadaïsme de
Jasper Johns et de Robert Rauschenberg, avant-coureurs du Pop art,
au mouvement Fluxus, au Nouveau Réalisme. Du point de
vue de la pensée, le Situationnisme et l’œuvre
de Guy Débord, analyste implacable de La Société du
Spectacle (1967), s’y rattachent.
Expérience non répétable liée à un
contexte culturel et historique, Dada est défini par Tzara comme une « poussée
de relativisme qui n’est pas un dogme, ni une école, mais une
constellation d’individus et de facettes libres. »
A l’enseigne de la liberté, du doute et de la
remise en cause au sein de la pensée et de l’expérience
créatrice qui ont caractérisé Dada, il serait fructueux,
en philosophie comme en arts plastiques ou en français, de pousser
la comparaison avec ces mouvements qui s’en revendiquent,
pour observer ce qui les rapproche mais aussi l’irréductible
différence qui sépare tout courant « néo-dada » de
son premier avènement.
[1] Le poète allemand Richard Huelsenbeck, présent à Zürich en février 1916 aux côtés de Tristan Tzara, Hugo Ball, Marcel Janco, Hans Richter, Jean Arp, Sophie Taeuber, et de tous les autres, lors de la fondation du Cabaret Voltaire, se réclame l’inventeur avec Ball du mot Dada. Paternité qui, selon certains, reviendrait à Tzara. Il est le propagateur du mouvement à Berlin en 1918 où il fonde le Club Dada et l’auteur du premier Manifeste dadaïste de Berlin, présenté sous forme de tract à la soirée d’ouverture du Club Dada, au printemps 1918.
- William Rubin, L’art Dada et Surréaliste,
Seghers, 1976.
- Marc Dachy, Dada et les dadaïsmes,
Paris, Gallimard, 1994, (Coll.Folio).
- Laurent Le Bon (sous la dir. de), Dada,
Catalogue
de l’exposition du Centre Pompidou, Editions du Centre Pompidou,
2005.
Pour consulter
les autres dossiers sur les expositions, les collections du Musée
national d'art moderne
En
français
En anglais
Contacts
Afin de répondre au mieux à vos attentes, nous souhaiterions connaître
vos réactions et suggestions sur ce document.
Vous pouvez nous contacter
via notre site Internet, rubrique Contact,
thème éducation
© Centre Pompidou, Direction de l’action éducative
et des publics, octobre 2005
Texte : Margherita LEONI-FIGINI, professeur relais de l’Education
nationale à la DAEP
Pour les œuvres : Adagp, Paris 2010
Maquette : Michel Fernandez
Dossier en ligne sur www.centrepompidou.fr/education/ rubrique ’Dossiers
pédagogiques’
Mise à jour : 2010
Coordination : Marie-José Rodriguez, responsable éditoriale des dossiers pédagogiques