Hors pistes 2014
Un autre mouvement des images
Le biopic
Du 10 au 26 janvier 2014 - Petite salle, Cinéma 2 et Forum -1

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© Photo Colin Pratt


© Photo Colin Pratt

Devenir une factoryRetour haut de page

Le biopic de l’anonymeRetour haut de page

Dorothée Smith, Spectrographies, 2012

Dorothée Smith, Spectrographies, 2012

Par quoi commencer quand il s’agit de présenter Hors Pistes ? Hors Pistes continue de tracer ses sillons hors des chemins connus. Pour sa 9e édition, Hors Pistes s’empare du biopic, terme issu de la contraction des mots anglais biographic et picture, désignant le récit d’une vie en images. Il met l’accent sur le in vivo, sur l’art en train de se faire, son processus de fabrication, plutôt que sur l’objet réalisé. Il met en scène, à travers les artistes invités, les axes de participa(c)tion1 qui, aujourd’hui, se dégagent entre créateur et public : le premier devient un artiste curieux à l‘écoute du second, le second un acteur ou un élément de l’œuvre du premier, ce nouveau Hors Pistes ayant pour ambition de créer le biopic de l’anonyme.
Cela dit, Hors Pistes poursuit son engagement dans le monde de l’image en mouvement − films, vidéos et installations −, ainsi que dans l’univers du réseau − puisque, comme pour ses précédentes éditions, c’est là qu’il a puisé le thème de sa 9e édition. Hors Pistes confronte les formes les plus nouvelles de l’image en mouvement à des formes et sujets populaires et actuels.

Hors Pistes, comme pour ses éditons antérieures, occupent le Forum -1 du Centre Pompidou et ses salles adjacentes, la Petite salle et le Cinéma 2. Pour le Forum -1, il a demandé à Simon Fravega et Meggie Schneider, lesquels travaillent ensemble pour la première fois, de réaliser un dispositif qui soit à la fois exposition et plateau de tournage. Les deux artistes ont donné à leur dispositif le nom de Fabrique Biopic, mots qui résonnent comme un hommage, revendiqué d’ailleurs, à Andy Warhol.

 

À l’image de Warhol, de son « quart d’heure de célébrité »

Andy Warhol, Sleep, 1963

Andy Warhol, Sleep, 1963
Film cinématographique 16 mm noir et blanc, silencieux
Durée : 42'03"

Le choix des mots fabrique, factory en anglais, et biopic font écho au célèbre atelier de l’artiste américain, à la fois lieu de rencontres entre artistes et public, studio de travail − où Warhol produisait ses images à partir de photos de stars, unes de journaux, publicités de produits de consommation …, questionnant les notions de célébrité et d’anonymat, de culture savante et culture populaire −, où il tournait aussi ses films expérimentaux sans scénario, ouverts au temps de ceux qu’il filmait.
Redonner au Forum -1 sa vocation première − être un espace de rassemblement, d’échanges et de création, d’où son nom, Forum -1 −, telle est une autre ambition de ce nouveau Hors Pistes : devenir une factory.

C’est bien sous le signe de Warhol que ce nouveau Hors Pistes se déroule. À travers son thème, le biopic, c’est aussi au fameux « quart d’heure de célébrité », prophétisé par lui, auquel le public est convié. En 1968, à l’occasion d’une exposition que lui consacrait le Moderna Museet de Stockholm, Andy Warhol annonçait : « Dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale ». Ce qu’il reformulait une dizaine d’années plus tard : « ... Ma prédiction des années soixante s'est réalisée : à l'avenir tout le monde sera célèbre pendant quinze minutes ». Puis : « Dans le futur, 15 personnes seront célèbres », et : « Dans 15 minutes, tout le monde sera célèbre ». L’expression, largement employée depuis, renvoie aux émissions de télé-réalité qui rendent, pour un temps, célèbres les plus anonymes.

Écoutons Warhol raconter la philosophie de sa pratique :
« Beaucoup de gens croyaient que tout le monde rodait autour de moi à la Factory,
que j’étais une sorte de grande attraction que tout le monde venait voir, mais c’était tout le contraire.
C’était moi qui rôdais autour des autres. Je payais le loyer, et toute cette foule venait
simplement parce que la porte était ouverte. Les gens n’avaient pas précisément envie de me voir,
ils voulaient se voir entre eux. Ils venaient voir qui venait. »2
(Gretchen Berg, Andy : My True Story, Los Angeles Free Press, 17 mars 1967.)
Hors Pistes vous souhaite aussi bienvenue au Centre Pompidou, ses portes vous sont simplement et grandement ouvertes.

Hors Pistes / Soirée d’ouverture

Jonathan Caouette et Marie Losier

Jonathan Caouette et Marie Losier

 

JONATHAN CAOUETTE et MARIE LOSIER

Vendredi 10 janvier, 20h, Cinéma 1


Pour ouvrir sa 9e édition, Hors Pistes présente deux biopics réalisés par des cinéaste-vidéastes : Alan Vega, Just a Million Dreams de Marie Losier et Tarnation de Jonathan Caouette. Une avant-première et une référence qui a, à jamais, changé l’histoire de l’auto-filmage. Dans leurs films, les deux réalisateurs jouent avec la définition hollywoodienne du genre.

 

Marie Losier, amie et complice de Jonathan Caouette, a l’habitude de prendre comme sujet des artistes aux vies étranges et parfois subversives : Genesis P-Orridge, Lady Jaye ou, pour cette soirée d’ouverture, le chanteur et compositeur Alan Vega. Dans ce film, on découvre Alan Vega, sa femme et collaboratrice Liz Lamere et leur fils Dante, jeune réplique du chanteur. Un biopic familial, musical et envoutant.

Jonathan Caouette, lui, a bouleversé le vocabulaire du documentaire. Dès l'âge de 11 ans, il filme la chronique chaotique de son enfance dans une famille texane. Une sorte d’autoportrait en anti-héros où se combinent introspection, questionnements, troubles et émotions.
Tarnation (2003) a reçu, à sa sortie en salles, d’éloquentes critiques du public et de la presse. Grâce à sa sincérité, à son impertinence, ce biopic de l’anonyme est devenu un film culte du cinéma underground. Par sa bande-son, aussi bien que par la liberté des images ou des situations, Tarnation rappelle les films d’Andy Warhol et de la Factory.

 

Egalement le dimanche 19 janvier : projections des films des deux réalisateurs à 15h et 17h, Cinéma 2, et un Solo Show avec la participation de Bertrand Burgalat : Master class hanging around with Marie & Jonathan, à 20h, Petite salle.

 

Sur KissKissBankBank, Jonathan Caouette parle d’Alan Vega et de Marie Losier.

Voir The Ballad of Genesis and Lady Jaye de Marie Losier.

 

L’agenda complet de Hors Pistes
Du 10 au 26 janvier 2014

ENTretien avec GÉraldine Gomez,Retour haut de page
programmatrice de Hors Pistes

Solos Shows, Group Show, Out ShowsRetour haut de page

Marie-José Rodriguez. Déjà l’année dernière, Hors Pistes foisonnait de nouveautés (voir notre dossier 2013). Il se renouvelle encore avec cette 9e édition.

Géraldine Gomez. Deux mots d’ordre nous accompagnent : encore plus de création et plus de cohérence. À la différence des précédentes éditions, la thématique, cette année, recouvre toute la manifestation, aussi bien pour ce qui se passe dans les salles que dans le Forum -1, de même pour les activités à l‘extérieur. Et puis, Hors Pistes ne se contente plus de diffuser ou de montrer des œuvres préexistantes. Nous en produisons également.

Pour des raisons de lisibilité nous avons intitulé Solos Shows les activités présentées dans les salles (Petite salle et Cinéma 2), Group Show celles développées dans le Forum -1 et Out Shows celles organisées à l’extérieur. Pourquoi ces anglicismes ? En partie pour donner la dimension internationale d’Hors Pistes mais plus sûrement parce que le mot Show,qui signifie exposition en anglais, évoque, en français, quelque chose de vivant. Ce qui correspond bien à ce que nous voulons : accompagner les artistes invités dans des commandes libres où le spectateur peut venir s’immerger.

 

Le biopic, un genre cinématographique

Vous avez choisi pour thème de la manifestation le biopic. Présent sur le web sous diverses formes, le biopic fait partie de l‘histoire de l’image en mouvement.

Un biopic est un film qui raconte la vie d’une personne réelle, par opposition à un film qui raconte celle d’un personnage de fiction. Ce qui implique qu’on la voit dans son environnement et son époque, comme éléments constitutifs du récit de sa vie.
Le biopic est un genre cinématographique qui existe depuis la naissance de l’image en mouvement. Il est devenu particulièrement populaire depuis les années 1980 grâce aux progrès des techniques d'imagerie qui rendent possible et crédible, pour le spectateur, la reconstitution de paysages, de zones urbaines d'époque, où peuvent même fusionner images d'archives et images tournées pour le film.

Nul besoin de beaucoup chercher pour en citer quelques-uns : La liste de Schindler de Steven Spielberg (un film sur Oskar Schindler, fils d’industriel d’origine autrichienne qui, tout au long de la guerre, protège des Juifs en les faisant travailler dans sa fabrique), Le discours d’un roi de Tom Hooper (il s’agit ici de George VI, roi malgré lui et père d'Elizabeth II), Raging Bull (la vie du boxeur Jack La Motta), Cloclo (alias Claude François) de Florent Emilio Siri, Amadeus de Milos Forman, La Môme d’Olivier Dahan (une ode à Édith Piaf), ou encore Sagan de Diane Kurtis, The Doors d’Oliver Stone, Last Days de Gus van Sant (le personnage, Blake, s’inspire de la vie de Kurt Cobain, chanteur du groupe Nirvana), Carnets de voyage de Walter Salles (El Che), Malcolm X de Spike Lee, Hannah Arendt de Margarethe Von Trotta (avec la philosophe incarnée par Barbara Sukowa, nous assistons, mélange de fiction et d'archives, au procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem) ou encore, tout récemment, Nelson Mandela. Un long chemin vers la liberté de Justin Chadwick (projeté en avant-première à Londres au moment de son décès).
Le spectateur est intéressé par la vie des célébrités qui l’entourent ; pour un comédien ou une comédienne, incarner un personnage célèbre est souvent l’occasion d’être oscarisé pour sa prestation, en termes d’imitation. Ca, c’est le côté hollywoodien, nous, nous allons voir ce que ça donne du côté des artistes.

 

Le biopic, façon artiste

Isabelle Prim, Le Souffleur de l'affaire Ásdis Sif Gunnarsdóttir, Untitled

Isabelle Prim, Le Souffleur de l’affaire
Film en cours de réalisation

Ásdis Sif Gunnarsdóttir, Untitled

 

Comment les artistes se sont-ils, pour Hors Pistes, emparés du thème du biopic ?

Dans les salles, les Solos Shows, produits pour Hors Pistes, vont varier entre l’autobiographie − des artistes vont manipuler leur propre univers pour retracer leur vie artistique − et des séquences plus proches du biopic commercial autour de la vie d’un personnage, plus ou moins célèbre, comme c’est le cas d’Isabelle Prim qui propose un Solo Show autour du souffleur de Cyrano de Bergerac.
Ces propositions relèvent davantage du spectacle vivant, de la performance, que de la projection. La salle dépasse, ici, son rôle de lieu de diffusion pour devenir un espace de production d’une image qui se questionne, se retourne sur ses origines, … et souvent fonctionne à la manière d’un site avec des liens hypermédias.

Hors Pistes / Solos Shows

Jean-Marc Chapoulie, Mister Google, 2013

Jean-Marc Chapoulie, Mister Google, 2013

Jean-Marc Chapoulie, performance

Lundi 13 janvier, 20h, Petite salle

 

Jean-Marc Chapoulie, artiste, fait partie de ceux qui interrogent le cinéma. Pour son Solo Show, il partage sa cuisine théorique avec l’écrivain Thomas Clerc. Leur performance, réalisée avec le musicien André Minvielle, est le théâtre d’événements imprévus. Le spectateur, la table de mixage, l’écran coexistent sur la même scène. Nous voilà plongés dans le présent de l’expérience, moment où le sujet-spectateur fait l’expérience de l’objet-image.

 

Héléna Villovitch, Carnet, 2013

Héléna Villovitch, Carnet, 2013

HÉLÈNA VILLOVITCH, 1 000 SOFAS

Mercredi 15 janvier, 20h, Petite salle

 

Conférence sur canapé. Assise sur un sofa au pied de l’écran de projection, Hélèna Villovitch fait défiler des images : photos de famille, dessins, croquis, et surtout des sofas − sujet de recherche, titre de sa prochaine comédie, c’est aussi l’objet-sujet révélateur de la complexité des relations familiales. La cinéaste-écrivain associe les idées avec humour. Placé au cœur du public, un projecteur Super 8 diffuse des extraits de films de l’auteur. Des acteurs de ses films passés et futurs interviennent en direct.

 

Isabelle Prim, L’affaire Cyrano

Samedi 25 janvier, 20h, Petite salle

 

Le 28 décembre 1897 a lieu la première triomphale de Cyrano de Bergerac. Le soir même, le souffleur est retrouvé mort dans sa boîte. Est-ce parce qu’il serait le véritable auteur de la pièce ? Sur scène, le comédien Laurent Poitrenaux conte cette mascarade grâce à des images d’archives et de fiction. Il prête ses mots aux personnages muets de l’écran, leur tend des costumes de parade… Isabelle Prim a filmé ce spectacle donné en novembre 2013, à la Comédie de Reims, en prévision de son Solo Show.


 

L'agenda complet de Hors Pistes
Du 10 au 26 janvier 2014

Dans le Forum -1 − dédié au Group Show −, Simon Fravega et Meggie Schneider investissent le lieu pendant une quinzaine de jours avec un cahier des charges strict : une scénographie légère, une animation de 11h à 21h qui fasse participer public et artistes, une production individuelle. À cet effet, ils ont imaginé un plateau de tournage dans lequel s’insèrent différents petits modules. Le film final, qui s’intitulera Personne, devra dessiner le biopic de l’anonyme. Expérimental, il oscillera entre la conférence, des moments de fiction, des séquences documentaires sur diverses manières d’aborder la question du biopic du héros à l’anti-héros en passant par le sosie… − et dans différents registres − sociologique, sociétal, historique…

Les « dîners » de Meggie SchneiderLes « dîners » de Meggie Schneider

Les « dîners » de Meggie Schneider

Pour construire ces réflexions, Simon et Meggie ont construit une dizaine de modules. Le premier est un déjeuner, organisé chaque jour à 13h ; un déjeuner performatif réunissant une dizaine de personnes et chaque jour différentes, artistes, intellectuels, galeristes, écrivains, anonymes, adhérents du Centre Pompidou, auquel le public pourra assister. Chaque repas sera thématisé autour d‘une période de la vie : l’enfance, l’adolescence, etc. donnant lieu à des lectures de textes choisis par ces invités. Sous la conduite d’un maître de cérémonie, les cuisiniers adapteront leurs menus aux textes.
Ces repas, d’une durée de trois heures, constitueront le socle essentiel du film. Ils seront suivis par des performances, autour de la notion de sosie par exemple. Le film sera finalisé dans 4 ou 5 mois.

Hors Pistes / Group Show

Du 10 au 26 janvier

 

Simon Fravega et Meggie Schneider

Simon Fravega déploie un travail de plasticien et de performer. Il prend très au sérieux les vertus du déguisement et de l’anecdote. En action, il se cale sur les autres (sportifs, rockeurs, personnage de western), étudie leurs gestes et les rejoue en les décontextualisant. Fravega tisse une réflexion sur l’écart entre les faits et leurs représentations. Et sous couvert d’humour et d’absurde, il identifie quelque chose d’essentiel dans le grand jeu du monde.

Meggie Schneider, qui vit à Berlin, est une artiste dont le travail s’articule autour du cinéma et de ses conventions. Elle revisite le cinéma non narratif en l’engageant dans des environnements qui ne lui sont pas dédiés. Étudiant l’esthétique du quotidien, elle cherche à provoquer des rencontres et à faire naître un contenu composé collectivement. Elle travaille ainsi régulièrement avec le dispositif du repas, imaginé comme une plateforme d’échanges et un détournement des gestes les plus quotidiens.

 

Leurs invitÉs

Le dispositif de Simon Fravega et Meggie Schneider est prolongé, avec leur complicité, par d’autres artistes. Laurent Isnard revêt le costume de maître de cérémonie et performe chacun des déjeuners qui sont donnés dans la fabrique. Mathilde Chénin prend part aux performances, Ma Ye habille de tissu, chaque jour, les intervenants et le mobilier de l’espace. Pauline Bastard et Iván Argote proposent une mini-série quotidienne pour la chaîne de télévision Souvenirs From Earth. Enfin, Chloé Delaume tient la chronique de la fabrique via son blog, y distillant chaque jour sa fiction.

 

Voir le site de Meggie Schneider.

Voir le site de Simon Fravega.
Voir le blog de Chloé Delaume.


Le biopic, les blogs et le réseau

Une des marques de fabrique de Hors Pistes est son intérêt pour les médias, le Net et les réseaux en tant qu’outils de captation et de production d’images. Comment sont-ils, ici, sollicités ?

Comme chaque année, nous allons poursuivre notre partenariat avec Arte creativ, à travers un blog qui, jusque-là, avait pour vocation de donner de l’information. Nous avons mis ce blog dans les mains de Chloé Delaume (voir ci-dessus). Depuis une dizaine d’années, Chloé développe, en effet, l’histoire d’un personnage fictif, qu’elle va décliner devant le public. Ainsi, ce dernier pourra-t-il voir comment développer l’autobiographie d’un personnage sur le réseau, en l’alimentant de vidéos de Youtube, de liens hypertextes, etc.

Du Forum -1, avec Simon, Maggie et leurs invités, un extrait de la journée sera diffusé chaque jour suivant sur une télévision du câble, Souvenirs From Earth, à heures fixes, avec un générique spécialement conçu pour Hors Pistes. Le public y prendra la parole, soit avant ou après le repas, sur le thème de la figure du héros… Si le biopic rend hommage aux héros, quels en sont les critères de reconnaissance ? Le cadre de la caméra suffit-il à créer le mythe ? … Autant de questions sur lesquelles il pourra s’exprimer.

D’autres artistes s’en empareront également, comme Jonathan Caouette et Marie Losier qui vont créer, pour la première fois ensemble, une œuvre (Master class hanging around with Marie & Jonathan, le 19 janvier) en s’appropriant Skype, ce logiciel gratuit qui permet aux utilisateurs de passer des appels téléphoniques via le réseau.

 

La fascination pour le banal
« De Duchamp à la téléréalité »

N’y a-t-il pas une contradiction à vouloir produire un biopic de l’anonyme ? Peut-on s’intéresser au banal pour le banal ?

Il y a toujours eu des fictions sur l’anonyme. Les blogs sur internet, par exemple, montrent  une fascination pour le banal. L’apparition du banal dans l’art n’est-il pas aussi ce qui a transformé l’artisan en artiste ? À partir du moment où des peintres se sont attelés à des sujets banals, des natures mortes par exemple, à prendre pour modèles des inconnus et non plus des gens de cour ou célèbres, que le Salon des Indépendants a exposé leurs œuvres qui relevaient du banal, on a vu apparaitre leur intention stylistique.

Marcel Duchamp, Fontaine, 1917 / 1964

Marcel Duchamp, Fontaine, 1917 / 1964
Faïence blanche recouverte de glaçure céramique et de peinture
63 x 48 x 35 cm

Dans son ouvrage Le culte du banal. De Duchamp à la télé-réalité (2007), François Jost3 montre comment, au cours du 20e siècle, le banal s’est imposé dans le domaine artistique, au détriment des notions de créativité et d’originalité, pour envahir ensuite l’espace télévisuel puis celui du Web 2.0. « Ce qui fait la révolution avec Duchamp […], écrit-il, ce n’est pas de représenter le banal mais de ne pas le représenter, justement de l’exhiber tel quel, de le présenter ». On a cru inventer le banal en filmant des gens qui vivent dans un loft, poursuit-il, mais l’histoire de l’art avec Duchamp l’avait déjà fait.

Au Forum -1, les artistes se penchent sur l’anonyme, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’ils se penchent sur des vies banales. Ils l’affirment d’ailleurs, en donnant à leur Fabrique ce sous-titre : « Rien n’est plus exaltant que la réalité ».

Que proposent les Out Shows ?
Depuis trois ans, la manifestation a noué des programmations insolites avec des lieux en périphérie du Centre Pompidou. C’est une manière de faire découvrir d’autres espaces et de collaborer à d’autres types de projets artistiques. Pour l’édition 2014, nous proposons un vrai parcours dans des lieux alternatifs, les deux mardis durant la manifestation, jour où le Centre ferme ses portes.

Catherine Baÿ, qui gère un espace alternatif, The Window, situé à côté du passage Brady, organisera des actions artistiques avec les gens du quartier… Au Musée de la Chasse et de la Nature, Emmanuelle Riva racontera La Méduse, d’après l’œuvre de Sheila Concari. La revue en ligne Le Gauche (www.legauche.net), pour sa part, par l’intermédiaire de deux personnages masqués, ira au-devant du public et l’invitera à débattre autour de la notion d‘anonymat.

Blog, remake, travestissement, sosie, imitation, hÉrosRetour haut de page

Quelques mots-clÉsRetour haut de page

Blog, générateur de biographie

Un blog est un type de site web – ou une partie d'un site web – utilisé pour la publication régulière d’articles, plus ou moins succincts, et rendant compte d'une actualité autour d'un thème, d'une profession ou de sa propre vie. Comme dans un journal, les articles sont datés, signés. Ils se succèdent du plus récent au plus ancien.

Début 2011, pas moins de 156 millions de blogs étaient en ligne et un million d’articles publiés chaque jour. Toutefois, rares sont les blogs qui connaissent une grande longévité. Un blogueur peut mélanger textes, hypertextes et éléments multimédias (image, son, vidéo, applet) ; il peut aussi répondre aux questions et commentaires de ses lecteurs.

 

Remake, interprétation

Un remake (du verbe anglais to remake qui signifie refaire ou reprise) est un film adapté d'un film existant. En fonction des choix du nouveau réalisateur, le contenu est plus ou moins fidèle à l'original mais il en reprend toujours le scénario d’origine, ce qui le distingue de l'adaptation cinématographique. Le terme est étendu à la télévision et aux jeux vidéo, où certaines séries et certains jeux ont connu des remakes.

 

Travestissement, sosie, imitation

Quand il s’agit d’une star, les fans « travaillent » leur ressemblance… Certains en font une profession, jouant alors du playback ou de l’imitation. Des concours de sosies sont organisés afin de déterminer lesquels sont les plus ressemblants. Ils ont lieu devant un public, avec parfois une retransmission à la télévision. Quant au mot travestissement, synonyme de déguisement, il signifie aussi l'acte de porter des vêtements associés, en général, à l’autre sexe.

Hors Pistes en lien avec les Spectacles vivants / Solo Show

Valérie Belin & I COULD NEVER BE A DANCER

Valérie Belin & I COULD NEVER BE A DANCER
Performance,
19 avril 2013, Centre Pompidou
Interprètes : Smelly Jackson, Chris Jackson, Ben Jack'son, MJ LIL

ValÉrie Belin & I Could never Be a Dancer

18 janvier, à partir de 18h, dernière entrée à 20h45, Grande salle

 

Le travail photographique de Valérie Belin se donne à voir « en chair et en corps » dans une mise en scène issue de sa collaboration avec I COULD NEVER BE A DANCER. Le spectateur est invité à découvrir l’humanité des modèles de ses photographies, entre vivant et inanimé, original et imitation.

À partir de différents sosies de Michael Jackson, la performance se joue comme une série de portraits du même, une sorte de cirque humain. Elle rend par ailleurs sensibles les fondements du goût de la photographe pour la culture populaire et les effets « déréalisants » de la globalisation.

 

Voir le site de Valérie Belin.

 

L'agenda complet de Hors Pistes
Du 10 au 26 janvier 2014

Figure du héros, légende

Un héros (au féminin, une héroïne) est un personnage réel ou fictif. Il peut être issu de l’Histoire, de la mythologie ou des arts, surtout littéraires, ses hauts faits valant qu'on chante son geste. Les figure du héros se sont multipliées et diversifiées avec les nouvelles images issues de la bande dessinée, du cinéma ou du Net ou encore du monde publicitaire ; leur emprise planétaire prenant alors plus d’importance que l’exemplarité de leur histoire.

 

Décor, immersion, réalité virtuelle

La réalité virtuelle est une simulation informatique, interactive et immersive, visuelle, sonore et/ou haptique, d'environnements réels ou imaginaires. La finalité de la réalité virtuelle est de permettre à une personne une activité sensori-motrice et cognitive dans un monde artificiel, créé numériquement, qui peut être « imaginaire, symbolique ou une simulation de certains aspects du monde réel ».

Selon le dictionnaire français, « réalité » ne s'oppose pas à « virtuel » mais à « fiction ». De nombreux auteurs, dont Gilles Deleuze, ont rappelé que le contraire de « virtuel » est « actuel » et non « réel ». Le virtuel est donc une composante de la réalité. L'expression réalité virtuelle ne peut donc systématiquement être considérée comme un oxymore. En définitive, la formulation correcte serait « virtualité réaliste ».

Artistes et cinÉastes invitÉsRetour haut de page

Hors Pistes / Solo Show

Jean-Christophe Meurisse, Il est des nôtres, 2013

Jean-Christophe Meurisse, Il est des nôtres, 2013

 

JEAN-CHRISTOPHE MEURISSE

En collaboration avec THOMAS DE POURQUERY et MAXIME DELPIERE
IL EST DES NÔTRES
Samedi 11 janvier, 20h, Cinéma 2

 

Petit-fils de clown, Jean-Christophe Meurisse a grandi dans l’univers du cirque. Talentueux et libre, à distance de son art, il invente un réel dans le monde et sur scène. Il a écrit, mis en scène sa bande des Chiens de Navarre : de la joie, des sauts dans le vide, de la poésie, comme s’il en pleuvait.

Cette séance est l’occasion de montrer son premier film, Il est des nôtres. Une introduction dans la vie d’un jazzman et d’une troupe de joyeux lurons. Le héros, incarné par Thomas de Pourquery, déambule, joue du saxophone dans le brouillard…
Après la projection, on retrouve ce personnage de fiction sur scène devant l’écran. Thomas de Pourquery, rugbymen ultrasensible, a absorbé tous les styles musicaux. Plus rock que jazz, il concocte pour Hors Pistes avec son acolyte, Maxime Delpierre, un concert intimiste, guitare et voix.

 

Voir sur Dailymotion, Jean-Christophe Meurisse parler de son film, Il est des nôtres, 2013.

© Lola Gonzàlez



© Baden Pailthorpe



Repères BibliographiquesRetour haut de page

Ouvrages

Liens

Crédits

© Centre Pompidou, Direction des publics, décembre 2013
Texte : Marie-José Rodriguez
Encadrés : notices d’après le dossier de presse Hors Pistes 2014
Programmation : Géraldine Gomez, assistée de Charlène Dinhut et Estelle Benazet
Design graphique : Michel Fernandez
Intégration : Cédric Achard
Marie-José Rodriguez, responsable éditoriale des dossiers pédagogiques Retour haut de page

Références

_1 Participa(c)tion. Titre du colloque organisé par le Mac Val (Musée d’art contemporain du Val-de-Marne), le 6 décembre 2013.

_2 Gretchen Berg, Andy : My True Story, Los Angeles Free Presse, 17 mars 1967, p.74, cité dans le catalogue de l’exposition, Andy Warhol. Rétrospective, « Warhol pris au mot », p.465, éditions du Centre Pompidou, 1990.

_3 François Jost est enseignant à Paris 3, au Laboratoire Information média.

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