Dossiers pédagogiques -
Centre Pompidou
Architecture - Urbanisme
Le Centre Pompidou et sa piazza
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La piazza vue de la chenille, Centre Pompidou, janvier 2009 |
Introduction
Faire place à la place !
Contexte géographique et
historique
Sur l’emplacement du plateau Beaubourg : un quartier de la ville médiévale.
La destruction de la ville médiévale aux XIXe et XXe siècles
Années 70 :
le contexte culturel
La piazza dans le cadre du projet du Centre Beaubourg. Un contexte général
peu favorable aux musées
Le projet initial : unir étroitement le bâtiment
et la place
Le parti d’un espace ouvert sur la ville. La piazza, partie intégrante
du projet
Du projet initial au projet construit
La fermeture du rez-de-chaussée. Persistance de la « place verticale ».
Disparition des passages souterrains. Une place en pente. L’emboîtement des
places. Piazza, espaces publics et réaménagement en 2000
Les points de vue du promeneur
Rue Saint-Martin. Place Igor Stravinsky. Quartier de l’Horloge. Place
Edmond Michelet. Rues du Renard et Beaubourg.
Les usages du plateau Beaubourg
La piazza du Centre Pompidou, avec les quelques places qui lui sont attenantes, est évidemment partie prenante de la longue histoire de ces lieux de convivialité qui scandent les villes ou les villages. Il a toujours fallu un espace pour installer les marchés, pour rassembler les soldats, pour aménager les abords d’un port, pour canaliser les fidèles auprès d’un temple ou d’une église… Mais, dans les années 20 du XXe siècle, le Mouvement moderne a voulu rationaliser les centres urbains, notamment par la dissociation de la circulation automobile et des zones piétonnières. En délaissant la conception traditionnelle de la ville, le Mouvement moderne – autour de la figure tutélaire de Le Corbusier en France – ne pouvait qu’abandonner des lieux tels que la rue ou la place, où se mélangent les fonctions (travail, habitat, loisir…). Dans les années 50, confronté aux problèmes de la reconstruction, « l’urbanisme progressiste », tel que l’avait défini la Charte d’Athènes, inspire à grande échelle tours et barres de logements en séries, construisant des villes où tout espace non spécialisé tend à disparaître. La décennie suivante voit la remise en cause de cet urbanisme brutal. Le retour à la « ville » émerge dans les années 70.
Avec le projet du Centre Pompidou, appelé alors Centre du plateau Beaubourg et dont le concours est lancé en 1970, Renzo Piano et Richard Rogers conçoivent un espace ouvert et accorde une part égale au bâtiment et à la place. Ils comptent parmi les premiers à repenser le rôle de la place dans la ville et son lien entre le bâti et l’environnement. La spécificité essentielle de la place Georges Pompidou, communément appelée piazza, est en effet d’être aussi indissociable du bâtiment qui la borde qu’un parvis peut l’être d’une cathédrale.
A partir du cas concret du Centre Pompidou, ce dossier propose de découvrir comment une place peut émerger dans une ville, comment elle est amenée à composer avec le tissu urbain existant, ce qu’elle en conserve, ce qu’elle en rejette, ce qu’elle modifie, de quelle manière elle évolue, notamment selon les usages dont elle est le lieu. En contrepoint à ce cas particulier, des exemples de places célèbres permettent d’aborder une sorte de typologie des places, et de revenir sur le besoin indispensable de « faire place à la place ». Il convient d’abord, pour véritablement comprendre la qualité de cette place, de l’envisager dans les divers contextes qui lui donnent son sens, de sa genèse à son usage.
Des antiques forêts et de l’ancien lit de la Seine il n’est évidemment pas question de retrouver quoi que ce soit. En revanche, la très longue rue Saint-Martin est l’ancienne voie romaine nord/sud. Et la ville médiévale est encore perceptible à quelques indices : une urbanisation curieuse dont l’hétérogénéité dénonce les diverses mutations que ces lieux ont connues, d’étonnants noms de rues, une rue Brisemiche (devenue l’un des côtés de la place Stravinsky) dont le passé attaché à des boulangeries est manifeste, une rue des Lombards, une rue des Juges-Consuls ; quant à la rue Baille-Hoë (qui donne de la joie) en rapport avec la petite population de prostituées, elle porte dès le XVe siècle le nom Taillepain puis disparaît pour faire place à l’école Saint-Merri, elle-même en grande partie démolie pour faire place à l ‘IRCAM…
Plan du quartier Saint-Merri au XVIIIe siècle
Extrait de Paris aux cent villages. Edition BEREP, 1976
Tout se passe donc dans un très ancien quartier de Paris, entre deux enceintes de la ville, l’une antérieure au XIe siècle, l’autre voulue par Philippe Auguste à l’extrême fin du XIIe siècle. Nulle place à cette époque ici : le nom « Beau Bourg » a probablement été donné par antiphrase pour dénoncer un lieu peu reluisant. C’était un lacis de ruelles très actives, sans dégagement ; on s’y occupait notamment de drap et de soierie, ce dont la rue Maubuée, désignant vraisemblablement une « mauvaise lessive », portait un témoignage peu flatteur. On n’était pas si loin du port et de la place de Grève, actuelle place de l’Hôtel-de-Ville ; on était à proximité de la foire de Champeaux, le grand marché de Paris, intégrée à la ville avec l’enceinte de Philippe Auguste qui y avait fait édifier des halles peu de temps auparavant… les Halles, modifiées à plusieurs reprises et qui fonctionnèrent jusqu’en 1969 avant d’être définitivement détruites entre 1971 et 1973.
LA DESTRUCTION DE LA VILLE MÉDIÉVALE AUX XIXe ET XXe SIÈCLES
Les premières grandes destructions eurent lieu au XIXe siècle, sous Louis Philippe puis sous le second Empire. À la fin des années 1830, la rue Rambuteau, l’une des premières percées parisiennes entre la Bastille et les Halles, en passant par le Marais, absorba plusieurs rues anciennes ; entre 1848 et 1850, la prolongation de la rue de Rivoli et l’élargissement concomitant de la rue Saint-Martin changèrent les abords sud ; en 1852, à l’ouest, la large trouée du boulevard du Centre devenu boulevard de Sébastopol éventra le quartier, préservant les voies anciennes et ouvrant une large brèche dans le corps du bâti ; en 1908-1911, l’élargissement et la restructuration de la rue du Renard transformèrent le côté est.
Vue aérienne du quartier avant la construction du Centre Pompidou.
En haut de la photographie, on peut voir la Seine et l'île de la Cité.
A droite, les pavillons des anciennes Halles et à gauche l'emplacement
sur lequel sera construit le bâtiment. Entre les deux, traversant l'image
dans la hauteur, le boulevard de Sébastopol. Dr
Le quartier Beaubourg, ou Maubuée du nom de la rue qui traversait
le secteur entre la rue du Renard et la rue Saint-Martin, était toujours là,
vétuste, malsain dès le XVIIIe siècle, mal entretenu mais fort pittoresque
d’après les photographies qui nous en restent. Déclaré îlot insalubre n°1,
il fut détruit entre 1934 et 1936, et laissa place à un terrain vague, le plateau
Beaubourg, qui servit un temps de parc de stationnement à l’usage notamment
des Halles proches mais aussi de tout le quartier.
Demeurait encore le petit îlot de la rue Brisemiche, au sud immédiat
du Centre Pompidou actuel, il fut détruit pour construire l’IRCAM, complément
musical du Centre Pompidou, et la place Igor Stravinsky qui accueillit sa fontaine
en 1983 puis fut bordé d’un nouveau bâtiment de l’IRCAM en 1990. Demeurait
également l’îlot situé juste au nord de la rue Rambuteau en bordure du Centre
Pompidou, il laissa place à l’opération immobilière du quartier de l’Horloge qui
ouvrit son enfilade de sombres placettes intérieures en 1979.
Le croisement de la rue de Venise et de la rue Beaubourg avant la destruction
du bâti ancien dans les années 30.
Le Centre Pompidou sera construit sur cet emplacement
Extrait de Paris aux cent villages. Edition BEREP, 1976
Le plateau Beaubourg avant la construction. Vue du parc de stationnement
Extrait de Du plateau Beaubourg au Centre Georges Pompidou, Centre Georges Pompidou, Paris 1987
Dans le programme du Centre de culture, communément appelé alors Centre du plateau Beaubourg, annoncé dès 1969 par Georges Pompidou, la pluridisciplinarité apparaît comme un élément complémentaire de la mise en regard de la diffusion et de la création : "Je voudrais passionnément que Paris possède un centre culturel (...) qui soit à la fois un musée et un centre de création, où les arts plastiques voisineraient avec la musique, le cinéma, les livres, la recherche audio-visuelle, etc. » C’est un programme extraordinairement ambitieux.
Quelle réponse architecturale donner à une orientation si complexe et alors absolument inédite ? Comment mettre au point les spécificités attachées à des fonctions si diverses ? Comment instaurer une unité dans un lieu aussi multiple ? La mise en œuvre d’une si étonnante complexité n’allait-elle pas le couper irrémédiablement de son environnement ? Allait-on assister à la naissance d’une sorte de « tour d’ivoire » de la culture et de la création si follement active qu’elle en deviendrait autosuffisante ? N’y aurait-il pas là une sorte d’équivalent de la spécialisation des espaces si chère au plan dessiné par Le Corbusier pour le centre de Paris ?
un contexte GÉnÉral PEU FAVORABLE AUX MUSÉES
Il convient également de rappeler dans quel contexte général se trouvaient
les musées à la fin des années 60 et au début des années 70. Marqués d’une
sorte de tare passéiste, ils avaient quelque mal à rester attirants ; ils ne
semblaient plus répondre aux attentes du public. Les musées d’art moderne et
contemporain étaient fort peu nombreux : le Musée national d’art
moderne du palais de Tokyo, arrimé à son compagnon de la Ville de Paris, faisait
alors figure d’exception.
Autre caractéristique de l’époque : un certain nombre d’artistes estimaient
que les musées avaient fait leur temps et que l’art devait désormais se
montrer ou se faire dans la rue. Le Centre Beaubourg, comme on l’appelait
avant de lui donner le nom « Georges Pompidou » puis « Pompidou »
après 2000 et communément « Beaubourg » tout court assez rapidement,
constituait donc un pari risqué.
Renzo Piano et Richard Rogers. Maquette du projet, 1971
Photo réalisée dans l’exposition Richard Rogers + Associates, nov.
2007-mars 2008
© Renzo Piano et Richard Rogers
Le projet initial de Renzo Piano et Richard Rogers apporte
une double réponse
à ces difficultés originaires.
En premier lieu, le plateau ne doit pas être utilisé en totalité pour le
bâtiment. La surface disponible est divisée en deux parties égales, l’une
pour le bâtiment lui-même et l’autre pour la place. Il est prévu une continuité
totale entre les deux ; le « rez-de-place » du Centre − dont
le bâtiment est dressé sur pilotis − est totalement ouvert sur
la place ; les activités qui se dérouleront aussi bien sur la place qu’au
« rez-de-place », à l’intérieur, seront les activités
du Centre.
En second lieu, la construction du bâti doit prendre pour modèle la polyvalence de la place. Au lieu d’offrir des espaces spécifiques hautement différenciés, le Centre est conçu en une série de plateaux libres et adaptables à presque toutes les activités possibles : c’est le royaume de la flexibilité, que la transparence généralisée rend encore plus palpable. Libre ensuite aux utilisateurs d’organiser selon leurs besoins cette liberté et aux usagers de choisir leur cheminement. On peut donc dire que c’est le modèle de la place polyvalente qui a été retenu pour le bâtiment du Centre dont les espaces ne sont pas programmés d’origine. La place est constitutive du projet du Centre, elle est fondamentalement le projet du Centre.
LA PIAZZA, partie intégrante du projet du Centre
La place du plateau Beaubourg a pris officiellement le même nom que le Centre du plateau Beaubourg : Georges Pompidou. En fait, elle a été communément appelée presque dès l’origine « piazza », évidemment en référence à l’animation qui caractérise de nombreuses places italiennes.
Présentation du projet de 1971 (extraits)
1. Principes généraux d’architecture et ligne directrice
ayant guidé la conception du Centre
Nous souhaitons que le plateau Beaubourg devienne un « centre
d’information en direct »
pour Paris et pour le monde entier. Il deviendra aussi un lieu de rencontres,
à l’échelon local. (…)
La grande place en contrebas, y compris l’espace ouvert sous le bâtiment
ainsi que l’espace qui borde la place, est la continuation horizontale
de la façade. Non seulement des informations y seront communiquées
grâce aux panneaux mentionnés ci-dessus, mais cette place doit aussi
servir de cadre à des expositions temporaires, des représentations
théâtrales, des concerts, des jeux, des foires, des réunions,
des défilés, des concours, etc.
La place sera bordée de boutiques, de cafés, de centres d’accueil
pour enfants, de salles d’actualité
et d’information, d’un centre de design, etc. Ces lieux,
situés pour la plupart le long de passages piétons souterrains,
serviront de filtres et de traits d’union avec l’environnement
piéton du quartier.
2. Intégration urbaine
Pour séparer les piétons des véhicules, on
a conçu une place piétonne à 3,20 mètres
au-dessous du niveau du sol : elle constitue un point de convergence
en contrebas pour les différents réseaux piétons.
La rue de la Reynie, creusée au même niveau, constitue
comme une extension de la place.
Nous proposons de fermer la rue Saint-Martin à ses extrémités
et de la supprimer, d’ouvrir les caves et les portes d’entrée
des maisons directement sur la place en contrebas, et si possible de transformer
les maisons en ateliers ou en logements rattachés au nouveau Centre. (…)
4. Flexibilité potentielle du Centre Pompidou
(…)
« La place est un espace libre et ouvert, pouvant servir aux rassemblements
et aux expositions en plein air. Le bâtiment se dresse sur pilotis, à l’écart
de la place, l’espace en dessous étant ainsi protégé des
intempéries. On peut aussi facilement y ériger des structures temporaires,
tentes, tréteaux, etc. Les informations de grande importance sociale seront
communiquées sur la place, y compris les noms des centres donnant des
précisions sur les catastrophes mondiales récentes, et collectant
les dons.
On trouve autour de la place un ensemble de petits espaces polyvalents déjà décrits
ci-dessus.
5. Accès et circulation
Des voies piétonnes sous les rues avoisinantes, donnant
accès aux « centres d’activités, d’information
et de culture », permettront d’accéder à la
place en contrebas, comme par exemple sous la rue du Renard où se
trouvent les salles d’actualité, les galeries permanentes
de création industrielle et les salles de documentation, ou
le plateau La Reynie en contrebas, ou en provenance des Halles sous
et le long de la rue de Venise. Nous conseillons de prolonger le passage
souterrain des Halles, afin de le faire déboucher sur le plateau
Beaubourg au niveau de la place, soit 32,80 mètres. La suppression
de la rue Saint-Martin permettra la circulation piétonne en
provenance de l’ouest, comme on le voit au paragraphe 2.
In Du Plateau Beaubourg au Centre Georges Pompidou, Renzo Piano et Richard
Rogers, 1987, pages 54 et 56.
Dessin du premier projet de Renzo Piano et Richard Rogers, 1971
© Renzo Piano et Richard Rogers. Dr
Comme l’ont expliqué précisément Renzo Piano et
Richard Rogers dans la présentation de leur projet, la place était conçue
comme une
étendue horizontale creusée en contrebas des rues environnantes, à 3,2
mètres au-dessous du sol ; elle était comprise entre la rue Rambuteau vers
le nord, la façade du Centre vers l’est, la rue Saint-Merri (dans
la continuation de la rue Aubry le Boucher, aujourd’hui côté nord
de la place Stravinsky) vers le sud et la rue du Renard puis la rue Beaubourg (la
rue du Renard devient rue Beaubourg à partir du croisement avec la rue Simon
le Franc) vers l’ouest. À proximité, la rue de la Reynie était
également creusée.
Pour donner davantage de surface et d’ampleur à la place, la rue Saint-Martin était
en réalité coupée et supprimée ; les façades des maisons se trouvaient
donc en bordure directe de la place mais, compte tenu de la dénivellation escomptée,
il convenait de descendre leurs façades jusqu’au niveau des caves.
Pour organiser les accès à la place, plusieurs passages souterrains étaient
aménagés, et notamment jusqu’aux Halles en passant sous le boulevard de Sébastopol.
Les rues Rambuteau et Saint-Merri restaient ouvertes à la circulation automobile.
Toutes ces prévisions furent ensuite largement modifiées.
La conclusion la plus notable à tirer de cet aménagement est que la piazza était exactement le contraire d’un espace de dégagement qu’on aurait ajouté à un monument. Le contrebas rattachait fortement la place et le bâtiment, les isolant des rues avoisinantes : la piazza était une sorte de cour intérieure dont les limites étaient matérialisées et constituées par la dénivellation. Mais cette cour intérieure (et par conséquent le bâtiment lui-même) était en revanche puissamment reliée à tout l’environnement par les passages souterrains. Et, puisque la communication devait s’étendre jusqu’aux Halles, c’est avec la grande plaque tournante d’interconnexion des quatre points cardinaux des banlieues représentée par la station Châtelet-les-Halles que le Centre allait directement dialoguer. La première étape de la station allait d’ailleurs ouvrir à la fin de 1977.
Le libre accès aux étages du bâtiment ajoutait au système d’unification horizontale une extension verticale qui poursuivait donc l’idée de place en façade. Il est permis de dire dans ces conditions que, si la place était partie intégrante du bâtiment du Centre, le bâtiment du Centre pouvait également être considéré comme partie intégrante de la place. C’était une relation de complémentarité sans hiérarchisation. La place « intérieure » et la place « extérieure » devaient conjuguer leurs forces pour produire un espace de promenade généralisé. C’est ainsi que la pluridisciplinarité mise en œuvre par le Centre pour favoriser l’accès à la grande aventure de l’art moderne et contemporain trouvait en l’organisation spatiale étonnamment dilatée de la place de parvis un incomparable auxiliaire.
du projet initial au projet construit
Quelles ont été les principales modifications
apportées au projet initial ?
Comment la place allait-elle se présenter
pour l’ouverture de 1977 ?
LA FERMETURE DU REZ-DE-CHAUSSÉE
Pour diverses raisons techniques et pratiques,
le rez-de-chaussée du bâtiment n’a pu être totalement ouvert sur la place qui
a donc été réduite à sa partie extérieure. Ce grand hall d’accueil, le
forum, en communication avec l’extérieur par plusieurs portes, reste lié
à la place et conserve lui-même quelque chose d’une place intérieure.
Dans le forum, une vaste ouverture vers le sous-sol permet d’organiser toutes
sortes d’activités visibles depuis le rez-de-chaussée. Il a donc la fonction,
outre d’accueil, de lieu de spectacle, d’exposition ou plus précisément d’ « attraction »,
comme on peut le dire d’une esplanade de foire foraine.
PERSISTANCE DE LA « PLACE VERTICALE »
La « place verticale » : la façade est du bâtiment et sa chenille
Même après la rupture occasionnée par les portes de verre, la place « verticale » demeure grâce à l’accès libre aux étages. Et l’escalier extérieur qui serpente tout le long de la façade, la fameuse « chenille », exhibe constamment la circulation des usagers du bâtiment aux yeux des promeneurs. De la place ils peuvent ressentir la continuité entre leur déambulation extérieure et une possible déambulation intérieure : la place a encore, depuis l’extérieur, une existence à l’intérieur.
DISPARITION DES PASSAGES SOUTERRAINS
La liaison souterraine, ou simplement en contrebas,
avec le quartier proche aussi bien qu’avec les Halles a été abandonnée au profit
d’une communication plus directe. L’entrée du souterrain conduisant aux Halles
a longtemps subsisté du côté de la rue Rambuteau mais elle est restée sans
suite.
La place a donc perdu sa caractéristique d’espace physiquement
isolé du quartier
et en contact avec le Centre et les communications souterraines. En relation
beaucoup moins complexe avec son environnement, son lien en est devenu plus
naturel. Elle peut éventuellement s’ouvrir à des promeneurs
de passage qui n’ont pas le projet d’entrer dans le Centre. Elle
a acquis une indépendance
qui la rapproche des autres places urbaines et qui, dans le cas précis,
la met en communication avec la ville.
UNE PLACE EN PENTE
La piazza en pente depuis la chenille
L’accès de la place s’effectue désormais, après
une aire plane devant la façade ouest du Centre, en pente douce qui rejoint
la rue Saint-Martin, devenue voie piétonne mais qui conserve sa
largeur d’origine. Cette pente confirme l’abandon de l’unité de la place et
du niveau d’accueil, en « rez-de-place ».
Elle limite les activités à celles qui peuvent utiliser la pente. En revanche,
elle laisse le champ libre à de nombreuses interventions ludiques. Cracheurs
de feu, bateleurs en tous genres, portraits instantanés, petits commerces font
de ce parvis une sorte d’adaptation de la place du Tertre. Ce n’est plus une
place « à thème », mais une place conviviale dont
les activités
ne sont pas consubstantielles au Centre ; c’est un espace de réjouissances
beaucoup plus conventionnelles.
Ne faut-il pas discerner dans cet abandon de « souveraineté » du Centre sur sa piazza, une évolution positive ? Ne faut-il pas considérer cette « déliaison » entre le Centre et la place comme une nécessaire acceptation de la présence de la ville réelle et de ses déterminations propres, les usages de la ville étant évidemment plus larges que ceux d’un centre d’art. Ce serait la redéfinition d’une certaine urbanité.
L’EMBOÎTEMENT DE PLACES
Plan du quartier avec les places et les voies de circulation
proposées
Au centre de l’image : le passage souterrain qui devait conduire vers
la station Châtelet-les-Halles en passant sous le boulevard de Sébastopol.
On y reconnaît l’emplacement de la piazza, de la place Stravinsky
vers le bas et de la place Michelet vers la gauche du plan
Extrait de Du Plateau Beaubourg au Centre Georges Pompidou,
Renzo Piano et Richard Rogers, 1987, page 48. Dr
La circulation automobile a été bannie sur trois des quatre côtés du Centre ; seules les rues du Renard et Beaubourg, en contact avec la façade technique du Centre, ont conservé leur statut antérieur. Le secteur piétonnier s’est donc notablement accru : la rue Rambuteau le long du Centre, la rue Saint-Merri et, dans son prolongement, la rue Aubry le Boucher jusqu’au boulevard de Sébastopol, la rue de la Reynie, la rue Saint-Martin jusqu’à la rue de Rivoli. La rue Brisemiche a quasi disparu au profit de la place Stravinsky aménagée quelques années plus tard ; la rue Aubry le Boucher s’est élargie en place Michelet. C’est donc tout un réseau de rues piétonnes et de places ou placettes qui s’est installé, faisant de la piazza un centre névralgique, une sorte de vaste place rayonnante à laquelle sa structure en lacis donne constamment des perspectives surprenantes.
Au centre de cette vaste place ne trône pas la statue du roi comme aux XVIIe ou XVIIIe siècles, n’est pas érigé un obélisque ou une colonne commémorative comme au XIXe siècle, n’est pas placée une fontaine, ce n’est ni une place de marché ni une place d’armes (1). Le Centre Georges Pompidou en constitue l’horizon. La fonction de parvis a été récupérée, y compris dans ses aspects de lieu de rencontre urbaine. Mais, en une sorte de repentir tardif, le Pot doré de Jean-Pierre Raynaud ne constitue-t-il pas un souvenir de tels « totems » ?
piazza, espaces publics et rÉamÉnagement EN 2000
Déjà avait été inauguré en 1997 un nouveau bâtiment consacré à l’atelier Brancusi, en remplacement de la structure plus légère qui avait été temporairement érigée. Ce travail de Piano a quelque peu coupé la piazza de la rue Rambuteau qui a ainsi renforcé son statut ancien.
L’immense succès du Centre a nécessité d’importants travaux qui ont exigé sa fermeture pendant plus de deux ans. Ont-ils touché la place ou la relation du Centre et de la place ? L’entrée de la Bibliothèque publique d’information a été reportée sur la façade postérieure du Centre, rue Beaubourg, écartant de la piazza une part des usagers. La disparition du libre accès aux étages a réservé la « place verticale » aux détenteurs du ticket d’entrée.
LES POINTS DE VUE DU PROMENEUR
Le promeneur doit souvent, pour aborder le Centre Pompidou ou simplement pour circuler dans le quartier, passer de place en place et suivre des cheminements qui réservent des points de vue inattendus et variés. Pour rendre compte de cette expérience multiple des lieux, il convient de prendre le Centre et la piazza depuis ses divers côtés. Sans oublier que, contrairement à ce qu’il en est pour la très grande majorité des places, les points de vue en direction du Centre doivent être complétés par les points de vue inverses, puisque ce dernier est non seulement un espace public mais aussi une sorte de « place verticale ».
RUE SAINT-MARTIN
De la rue Saint-Martin vers le Centre Pompidou
La piazza et le Centre Pompidou depuis la rue de Venise
La rue de Venise qui
ouvre sur la rue Saint-Martin reste le seul vestige du vieux lacis des rues
du quartier. Aujourd’hui elle offre un contraste saisissant avec le
vase espace de la piazza. La rue Saint-Martin est devenue piétonne à partir de la
rue Rambuteau et ce jusqu’à la rue de Rivoli. Compte
tenu de la pente de la piazza, elle constitue une sorte de terrasse qui
domine le « rez-de-place » du Centre. Une telle vue plongeante concentre
l’attention vers les bâtiments qui se trouvent en contrebas et produit une
valorisation réciproque de la place et des constructions. La place est, à certains
égards, comparable à la fameuse place de Sienne qui forme
un amphithéâtre
vers le palais municipal.
Mais la place de Sienne est un espace clos, seulement ouvert sur le reste de
la ville par des passages étroits, alors que les emboîtements
du plateau Beaubourg produisent un ensemble dans lequel communication urbaine
et autonomie relative entrent en composition.
La rue Saint-Martin avait été cette voie nord/sud qui reliait Paris avec les régions de France. La portion de rue qui est au droit du Centre Pompidou est un axe piétonnier que de nombreux passants empruntent pour aller vers la rue Rambuteau ou vers les rues Aubry le Boucher ou Saint-Merri : sa fonction de terrasse ne lui a pas ôté sa fonction de circulation. Elle est artère de la ville, en l’occurrence piétonne, et point de vue sur un grand monument. Il est même extrêmement important que, dans l’usage que les passants font d’elle, elle ait pleinement cette double fonction qui est garante d’une forme d’insertion du Centre à la vie de la ville.
La limite entre la rue Saint-Martin et la piazza, quatre séries de bornes…
La limite entre la rue Saint-Martin et la piazza est matérialisée par quatre séries de « bornes ». La plus immédiatement visible est constituée par les manches à air, gros tuyaux blancs d’aération du parc de stationnement souterrain qui, tournant leur orifice vers le Centre, disent clairement qu’il convient de regarder dans cette direction. La deuxième, la plus banale, ce sont les plots cylindriques, sans parler de la rangée de poubelles et des garages de cycles... La troisième : les réverbères traditionnels qui, tranchant fortement avec le « modernisme » du Centre, sont une sorte de parole nostalgique sur la moitié de rue disparue. La quatrième est plus complexe : la double rangée d’arbres, pour moitié au niveau de la rue, l’autre déjà sur la pente, constitue en même temps une frontière virtuelle et un espace de transition qui permet, par la piazza, d’accéder au Centre. A cet emplacement se trouvaient les pâtés de maison, aujourd’hui démolis, qui bordaient la rue à l’est.
Le Pot doré
de Jean-Pierre Raynaud
situé en bas de la piazza
Le portrait de Georges Pompidou
dans le Forum du Centre Pompidou
Le Pot doré de
Jean-Pierre Raynaud, placé en bas de la piazza en 1998, a-t-il
pour fonction d’apporter un peu de variété, d’annoncer
une forme de bizarrerie de l’art moderne, de baliser l’espace
d’une manière un peu dissymétrique, de signaler la destination
artistique du Centre ? Cela n’entrerait-il pas dans la
grande tradition des statues qui ornent les places ? C’est
dans la même tradition, qu’à deux pas, dans la place intérieure
qu’est le forum, le visage de Georges Pompidou réalisé par
Victor Vasarely surplombe tous les visiteurs.
Du Centre Pompidou vers la rue Saint-Martin
La rue Saint-Martin vue depuis le forum.
Vue hivernale valorisant la relation géométrique entre le Centre et les anciennes façades
Décor de théâtre, d’autant plus mis en valeur qu’il est surélevé de 3,2 mètres par rapport au forum, ces hautes maisons, en général anciennes, ont l’apparence d’une carte postale soignée destinée à rendre compte d’un passé qui ne peut plus exister, sinon après avoir reçu ravalement, restauration, amélioration, modernisation et mille autres soins.
La grille orthogonale des parois de verre du Centre, à travers laquelle le visiteur peut voir cette moitié de rue, semble être une sorte de viseur ou de mire calibrée, plaquée sur ce paysage revisité. Et tous ces gens, toute cette vie présente sur la pente (le cadrage de cette photo, mais repris en période estivale, pourrait en rendre compte…) matérialisent le passage entre la modernité et la tradition. Ils vont de l’un à l’autre, figurent les relations entre les éléments hétérogènes de la ville. Une place telle que la piazza est, dans le tissu urbain, comme une clairière propre à mettre en dialogue les transformations urbaines à travers le temps avec la constante fabrication d’un espace public qu’en font les usagers.
Qu’est-ce que l’espace
public ?
Contrairement à l’espace
privé, l’espace public urbain se définit d’abord
comme un espace du dehors, extérieur à la sphère domestique.
Il est fréquenté par le public, donc étymologiquement par
le peuple, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens. Pour paraphraser
Jürgen Habermas, l’espace public peut être considéré comme
une dimension constitutive de la société
bourgeoise naissante, un mode de défense de la liberté contre
les reliquats de la société féodale C’est la fameuse
nuit du 4 aout 1789, nuit où
furent abolis privilèges et corporations, que fut acquis un droit essentiel
et dont nous ne mesurons plus toute l’importance encore fort actuelle
: « le droit pour tout citoyen d’aller et venir dans tout
le royaume ». On voit l’incidence déterminante
de cette décision qui rend accessibles à chacun toutes les provinces
et toutes les villes. Le royaume, ainsi unifié par l’accessibilité en
droit de toutes ses parties, devient une sorte de grand espace public.
En ville,
les promenades, les cours, les places, les jardins trouvent un nouvel essor,
et sur ces nouveaux
espaces publics, les citoyens vont et viennent librement, peuvent échanger
leurs points de vue sur les affaires du monde et la politique, sur les découvertes
scientifiques et les innovations, sur les nouveaux produits à la mode,
sur la manière de se coiffer, sur la dernière production des
colonies lointaines ou de l’industrie européenne…
On y fait publicité de tout et sous toutes les formes. On y vient aussi
se distraire, boire un café, regarder un spectacle, se montrer, faire
des rencontres, se promener, prendre place dans les transformations d’un
monde en marche et en plein bouleversement. Il y a toutefois une limite
correspondant au quatrième article de la Déclaration des
droits de l’homme de 1789 : « La liberté consiste
à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».
Le respect de la règle qui gère implicitement l’espace
public idéal suppose l’urbanité, la politesse, l’effacement
de soi pour laisser place à l’autre de manière
à lui permettre de participer pleinement à la chose publique
et y exercer son bon droit. Voilà cet espace public appartenant à tous
qui plonge ses racines dans la République : un espace de tous, pour
tous, par tous, à tous et à chacun.
Le projet lauréat
du Centre Pompidou propose un écho revivifié et modernisé de
cet ambitieux programme politique et culturel, de cette utopie des lumières.
Les architectes ont en effet répondu à la commande d’un
Centre d’art et de culture en faisant des espaces publics un élément
essentiel de leur programme et en intégrant une part d’inconnu
propre à préserver l’avenir. La présence d’une
piazza-parvis consubstantielle au Centre, la continuité de la piazza
et du forum, l’indétermination programmatique qui laisse d’immenses
plateaux vides et prêts à tous les usages, la création,
en façade, d’une place verticale (la chenille) qui transforme
tout visiteur en agent de cet étonnant espace public, toutes ces caractéristiques
constituent un renouvellement radical de la conception des espaces publics
Y.C.
PLACE IGOR STRAVINSKY
De la place Stravinsky vers le Centre Pompidou
Vue du Centre Pompidou à partir de la place Stravinsky
Il s’agit sans doute du côté le
plus hétérogène. À droite, une rangée
de maisons anciennes, des cafés, des arbres : c’était
la rue Brise-Miche, ce n’en est plus qu’un côté,
puisque, pour les besoins de l’IRCAM, enterré sous la place
Stravinsky, l’autre moitié a
été détruite. Comme dans la rue Saint-Martin, une moitié de
rue est devenue façade sur une place. Quelques marches permettent
de passer de la terrasse et des cafés vers la place Stravinsky, elles
peuvent clairement montrer qu’il y a eu violente intervention sur un état
ancien ; le badaud, loin d’en souffrir, aura idée d’une
vie mouvementée de la ville.
Il faut aussi descendre des marches pour accéder à la place depuis
le flanc nord de l’église Saint-Merri.
L’espace libéré par les démolitions a mis au jour
des dénivellations que le lacis ancien des rues devait voiler ;
le badaud a le sentiment que toutes ces marches forment un
écrin destiné au bassin qui occupe une grande partie de la place.
Le bassin est occupé par de nombreuses
sculptures de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle qui, en mouvement,
colorées ou ludiques,
constituent un puissant attrait et en font une sorte d’appel vers le
Centre.
La place Stravinsky est un lieu particulièrement attractif ; nombreux
sont les promeneurs qui s’y arrêtent, se rencontrent, s’asseyent
au bord de l’eau, pique-niquent ou consomment aux terrasses des cafés.
Elle conduit tout naturellement vers le Centre dont les espaces d’activités
de la Galerie sud sont comme projetés dans l’espace urbain.
Du Centre Pompidou vers la place Stravinsky
Vue sur la place Stravinsky à partir de la Galerie sud.
A l’arrière-plan, l’église Saint-Merri
Il y a quelque chose comme une zone frontalière
où la place Stravinsky se confond avec la rue Saint-Merri,
où les badauds de la fontaine peuvent croiser les passants de la rue
et où les uns et les autres peuvent facilement, si leurs occupations
le leur permettent,
échanger leurs rôles.
Que ce soit au niveau rue ou au niveau 6 du bâtiment − du belvédère −,
le passant ou le visiteur est en contact avec la structure porteuse du Centre.
De ces emplacements, il peut prendre une vue de l’autre grande structure
exhibée sur cette place, celle de l’église Saint-Merri.
Les arcs-boutants, ces étais définitifs placés à l’extérieur des édifices et qui sont un élément structurel fondamental de l’architecture gothique, peuvent entrer en dialogue avec la structure porteuse extérieure du Centre : se manifeste une parenté constructive et esthétique qui, même si elle ne vient pas explicitement à la conscience des passants, les met dans une ambiance architecturale particulière. Il est rare, pour ne pas dire unique, de se trouver entre deux bâtiments séparés par environ cinq cents ans et réunis par une même propension à placer leurs supports en extérieur. Voici deux bâtiments dont la vie repose en extérieur, qui sont donc en corrélation avec les rues ou les places. C’est ce que la destruction de ce vieil îlot de la rue Brisemiche a dégagé et, à cette étrangeté, tout passant est sensible.
QUARTIER DE L’HORLOGE
Du quartier de l’Horloge vers le Centre Pompidou
L’ancien
îlot qui se trouvait au nord de la rue Rambuteau a été détruit
pour laisser place
à une opération immobilière, conçue par l’architecte
Jean-Claude Bernard dont le projet était de rester dans l’esprit
du bâti ancien. Une enfilade de ruelles piétonnes et de placettes
intérieures met en communication la rue Saint-Martin, la rue Beaubourg
et la rue Rambuteau au droit de la façade nord du Centre. Depuis cet
espace en contrebas, il y a un indéniable effet de surprise,
car la structure porteuse du Centre prend place au
bout de ce couloir assez étroit comme une apparition métallique
provocatrice qui ne peut qu’inciter le promeneur à s’approcher.
Mais au moment où cette façade nord va s’offrir entièrement,
une sculpture de Max Ernst (le Grand Assistant), juchée sur un
haut totem, les bras écartés en une sorte de geste d’accueil,
semble s’être arrêtée et avoir précédé notre étonnement.
Vue depuis l’escalier descendant vers la piazza : à gauche la façade est du centre et sa chenille, au fond l’église Saint-Merri, à droite un mur de l’atelier Brancusi
Parvenu en bordure de la rue Rambuteau, le promeneur sera peut-être
déçu que cette rue, devenue piétonne, soit en partie bloquée
par l’entrée du parc de stationnement souterrain du Centre, tandis
que la partie de l’espace restant est occupée par un parc à vélos
et à cycles. Puis, en bordure nord de la piazza, la rue reste refermée
sur elle-même : l’atelier Brancusi, pourtant entièrement
refait, s’allongeant jusqu’à la rue Saint-Martin, empêche
toute perception globale du grand parvis du Centre. Mais il y a une respiration,
il y a l’escalier qui descend jusqu’à la piazza et
ouvre une échappée particulièrement agréable :
le regard glisse le long de la chenille, puis se laisse entraîner jusqu’à la
place Stravinsky et même jusqu’à l’église Saint-Merri.
Du Centre Pompidou vers le quartier de l’Horloge
Vue depuis les coursives du Centre Pompidou. A gauche les façades de la rue Saint-Martin, à droite le quartier de l’Horloge, en contrebas l’atelier Brancusi
Depuis le Centre, le faible recul ne laisse qu’une
perspective réduite sur le quartier de l’Horloge. Il faut s’éloigner
jusqu’à la rue Saint-Merri ou la place
Stravinsky pour voir les immeubles dans toute leur hauteur et percevoir le
troisième pan de l’écrin patrimonial que forment les rues
Saint-Martin, Saint-Merri et Rambuteau.
Peut-être un promeneur amateur d’architecture aurait-il préféré des
façades authentiques à ce pastiche quelque peu modernisé,
ou une réalisation résolument nouvelle, mais l’architecte
a été contraint d’en rester à ce compromis. On comprend
pourquoi le côté de la place Stravinsky, étranger à de
tels inconvénients, manifestement orienté vers le Centre et organisé autour
d’une réjouissante fontaine, peut en comparaison sembler si séduisant.
PLACE EDMOND MICHELET
De la place Edmond Michelet vers le Centre Pompidou
Le Centre Pompidou vu de la place Edmond Michelet
Cette brèche dans le vieux quartier a largement dégagé l’angle des rues Saint-Martin et Aubry le Boucher. Elle constitue aujourd’hui un pendant à la place Stravinsky et permet de prendre une vue complémentaire sur le Centre. Mais n’ayant pas de vocation manifeste, le lieu opère sur un registre plus général. Il a été planté, tel un mail, de plusieurs rangées d’arbres auxquelles viennent s’ajouter des lignes de réverbères : stricte géométrie et liberté hautement contrôlée de la végétation participent de concert à produire une sorte de mesure de l’espace qui, à sa manière, entre en jeu avec la rythmique que les travées du Centre organisent puissamment à proximité.
C’est ainsi que la structure particulière
de la place Michelet n’est pas seulement un écho de la structure
du Centre ; elle permet de mieux voir cette dernière. En effet,
reconnaître la disposition en travées du Centre, c’est mieux
voir que l’intervalle entre les grands poteaux détermine une composition
régulière comparable à un grand jeu d’assemblages.
Dans ce cas, la place a acquis une fonction d’explicitation du monument.
Si un monument peut s’adresser à la ville et ainsi interpeller
les passants, une place peut à son tour entrer en composition urbaine
avec un monument, c’est-à-dire créer un nouvel ensemble
propre à en expliciter les modes de fonctionnement.
Cette explicitation, d’ordre sensoriel, s’adresse à l’intuition
des passants qui n’ont nul besoin de verbaliser l’aventure pour
en ressentir les bienfaits. Ils ont simplement senti que des espaces et volumes
différents se rencontraient et créaient une ambiance générale
harmonieuse et agréable. Libre à chacun de se pencher ou non
sur les raisons de ce sentiment.
Du Centre Pompidou vers la place Edmond Michelet
Depuis les étages supérieurs du Centre Pompidou.
A gauche la place Edmond Michelet.
Au centre, la rue Saint-Merri prolongée par la rue Aubry-le-Boucher
puis la rue Berger, conduisant aux Halles. A droite, la piazza donnant
sur la rue Saint-Martin
Bien authentifiable depuis les étages supérieurs, la place Michelet forme un parallélépipède en creux entre les trois rangées d’immeubles qui la bordent directement, volume ouvert vers les immeubles de la rue Aubry le Boucher. Cette disposition produit une analogie partielle avec la piazza, une sorte de préfiguration qui ferait désirer et la pente de la piazza et le bâtiment du Centre. Dans l’emboîtement complexe du plateau Beaubourg, la place Michelet, cette « dent creuse » comme on dit des vides consécutifs à la destruction des îlots, jouerait le rôle de pierre d’attente et le Centre serait le grand complément attendu.
Certains bateleurs, plus enclins à préférer l’horizontalité à la pente, aiment à profiter de la place Michelet, quitte à drainer un public moindre, ou repliés ici parce qu’ils n’ont pas trouvé d’emplacement libre sur la piazza… ; autant dire qu’ils préparent, sans en avoir la moindre conscience, les badauds au grand spectacle de la piazza.
Ainsi le cheminement vers ou depuis le boulevard de Sébastopol s’accompagne de transitions « à suspense » ou en écho qui constituent autant de liens avec le tissu général de la ville.
RUES DU RENARD ET BEAUBOURG
Du côté des rues du Renard et Beaubourg
De loin, tuyaux colorés, grilles et autres dispositifs techniques donnent à la façade est du Centre, en bordure des rues du Renard et Beaubourg, une allure ludique, presque provocatrice, qui tranche avec la morosité des immeubles et l’omniprésence du trafic routier. La ville s’est ici ouverte à une fantaisie, à un jeu des temps modernes qui, en alliant la référence de l’usine à celle du paquebot, a opéré un étonnant brouillage.
Mais, de près, c’est une paroi
aveugle et indéchiffrable sur laquelle on ne distingue
que très difficilement la structure porteuse ; le trottoir, en
grande partie occupée par diverses installations techniques, n’est
guère engageant ; le vacarme des automobiles est lancinant.
Cette façade postérieure du Centre, placée sur la rue
la plus importante de ses environs immédiats, a donné les arguments
aux virulentes critiques dont, à ses débuts, il a été l’objet.
Force est de constater que tout badaud, une fois à la hauteur de cette
façade, a hâte de continuer son chemin, soit vers la rue du Renard,
soit vers la rue Beaubourg, mais surtout vers les autres côtés
du bâtiment.
L’hiatus avec la ville est consommé mais il peut être magnifié, sublimé : il suffit pour cela, lorsqu’on arrive par la rue du Renard et que, après avoir été presque interloqué par cet immense jouet, on en découvre la façade sud glissant vers la place Stravinsky. Comment ne pas éprouver le désir d’aller voir par là ? La surprise n’en sera que plus agréable lorsqu’on en viendra à aborder la piazza.
Du Centre Pompidou vers la rue Beaubourg
Les façades de la rue ne sont pas si belles qu’elles puissent faire oublier la morosité du lieu. Et pourtant que de monde dans l’ombre parfois glacée des abords les plus proches du Centre ! C’est que, depuis la réorganisation de 2000, l’entrée de la Bibliothèque publique d’information se trouve en ces lieux et que, souvent, les queues s’y allongent.
Les usages du PLATEAU BEAUBOURG
Le Centre Pompidou depuis le quartier des Halles, rue Berger
Il a donc suffi d’utiliser les « dents creuses » résultant des démolitions d’îlots insalubres, de transformer béances ou espaces résiduels en places ou placettes pour promouvoir un usage urbain diversifié et complexe. Sur l’ancien plateau Beaubourg, la promenade et toutes les activités qu’elle peut entraîner, conviviales, ludiques, commerciales, ont été rendues possibles par l’emboîtement un peu aléatoire de rues et places. La piazza n’a pas reçu d’affectation fonctionnelle autoritaire, elle est un lieu disponible à des usages non précisément programmés, exactement à l’image de ce qui a été fait pour le bâtiment du Centre. Le plateau Beaubourg était un quartier orphelin et plutôt ingrat, le voici promu au rang d’espace symbolique où se rencontrent un centre de ville historique prestigieux et un Centre d’art ouvert à toutes les audaces, à toutes les créations, à tous les mouvements, même les plus inattendus.
À proximité du grand nœud de communication de la station des Halles, le Centre Pompidou bénéficie de l’ouverture à toutes les banlieues. Le centre de Paris, depuis le Louvre jusqu’à la place des Vosges en passant par le Palais Royal et en longeant la Seine et ses nombreux attraits, passe désormais par le Centre Pompidou. Préservé de tout isolement, il y perd une forme de spécificité, il y gagne un ample usage urbain. Dans un esprit de provocation et non sans aspirations généreuses, Renzo Piano et Richard Rogers rêvaient pour ce lieu l’ambiance des grands rassemblements du début des années 70 : le plateau Beaubourg et ses places se sont adaptés sans difficulté à d’autres idéaux.
Quoi de plus naturel qu’une place qui, en tel ou tel centre important du tissu
urbain, puisse rassembler la société de tous les habitants ? Mais, la
plupart du temps, la place n’est pas consubstantielle à la création des villes.
Un historien du XVIIe siècle, Henri Sauval, le dit avec une remarquable acuité :
« S’il est vrai au jugement de Platon (…) qu’il faille mettre dans le
cœur d’une grande ville sa principale Place, l’environner de portiques et de
boutiques tant de marchands que d’artisans ; de plus qu’elle soit près
de l’église cathédrale et du palais du prince ; non seulement il n’y en
a point à Paris située de la sorte, mais même dans tout le monde. »
Henri Sauval, Histoire et antiquités de la Ville de Paris, p.623.
Malgré leur nécessité vitale, les places sont donc, la plupart du temps, des opérations secondes. Puisqu’il faut un vaste espace libre pour installer durablement ou périodiquement une foire ou un marché, c’est à l’extérieur de la ville qu’il est le plus facile à trouver, et si la ville vient à s’étendre au-delà de ses limites, le marché lui sera logiquement intégré. Parfois la démolition fortuite ou délibérée d’un îlot ou d’un pâté de maisons offrira au marché la place ainsi libérée. C’est alors une clairière dans la ville qui prend le statut de place. Il arrive également que ce soit à proximité d’un axe de circulation de marchandises que se greffent les activités commerciales : la place de Grève (actuelle place de l’Hôtel de Ville), à Paris, a longtemps été débarcadère et lieu de commerce avant la création de la foire de Champeaux.
Mais, dès le moyen âge, il y a eu création de villes entièrement nouvelles, les fameuses bastides, qui prévoient dans leur plan orthogonal un espace libre destiné au marché et aux gens d’armes. La place, qui reprend le fameux schéma des anciens camps ou places-fortes romains, constitue alors un centre manifeste.
Les places royales, telles la place Louis XV (aujourd’hui place de la Concorde) ou des Vosges (place Royale), héritières aussi bien des places de bastides du Sud-ouest de la France que des places italiennes ou flamandes, ont voulu mêler la mise en scène du pouvoir et les fêtes populaires. L’emblème du pouvoir peut être un superbe pavillon royal ou le plus souvent une statue du roi. Cette place totem, relayant la présence royale, irrigue alors tout un quartier de la ville.
De formes diverses, les parvis des églises et cathédrales, qui ont la fonction de canaliser la foule des fidèles, sont un espace intermédiaire entre la cité et le lieu du culte. A l’origine du parvis, le « paradis » des cours intérieures qui enserraient le temple de Jérusalem constituait une transition entre l’extérieur et l’intérieur du temple.
La piazza du Centre Pompidou peut être considérée
comme un manifeste de
l’évolution récente de la ville. Avec les placettes qui l’enchâssent, elle
a récupéré bon nombre des fonctions des anciennes places : parvis,
clairière, totem, présence de l’effigie présidentielle,
transition, divertissements populaires et bateleurs, manifestations politiques
et civiques, commerces.
L’évocation de quelques grandes places anciennes peut nous apprendre à mieux
comprendre les usages de la piazza du Centre.
Place de la Concorde, Paris
La place de la Concorde avec ses balustrades.
La photo est prise depuis l’emplacement des anciens fossés
Au XVIIIe siècle, la place Louis XV, devenue place de la Concorde, fonctionnait
par un système de dénivellation − comme le projet initial du Centre
Pompidou où la place était encaissée. Mais ici, ce n’était pas la place qui
se trouvait en contrebas : des fossés bordés de belles balustrades l’entouraient
presque complètement. Le but recherché était une esthétique du paysage :
la place était un paysage dans la ville, inscrivant un espace dans un autre
espace.
Aujourd’hui, malgré la disparition des fossés, perdurent les grands axes qui
s’y croisaient, rue Royale et avenue des Champs-Élysées. Restent également
les balustrades sur les terrasses du jardin, garde-fous témoignant des anciens
fossés. Ces balustrades permettent encore de lire cet espace dans l’espace.
La place de la Pyramide inversée, Louvre, Paris
La place de la Pyramide inversée depuis l’Allée du Carrousel, Louvre, Paris
En écho au majestueux hall d’entrée que couvre la pyramide du Louvre, la place de la Pyramide inversée, dans les espaces commerciaux, crée un creux étrange. Comme si le volume géométrique attendu à l’extérieur avait, en se retournant vers l’intérieur, donné à la place une forte qualité de lieu intérieur. Devenant une sorte de lustre, la lumière diffractée recrée comme une magie des souks ou des grands magasins avec leurs verrières.
La place du Forum des Halles, Paris
La place du Forum des Halles, Paris
Cette place, réalisée par l’agence Vasconi, est littéralement une « basse-cour », ou une cour intérieure, tant elle est enserrée entre les bâtiments en sous-sol du forum. Elle est la seule issue pour les usagers qui veulent reprendre contact avec l’extérieur et surtout le ciel, ou qui veulent échapper un instant à la prégnance commerciale. Lieu de passage presque obligatoire, elle constitue pour tous une salutaire respiration.
La place Carrée du Forum des Halles, Paris
La place Carrée du Forum des Halles, Paris
Paul Chemetov a structuré les lieux avec une force presque brutale, et il a donné une telle hauteur à ce grand croisement piétonnier souterrain que son volume semble échapper aux proportions d’un intérieur et donner plutôt idée d’un espace extérieur qui surgirait d’une ville enfouie ou peut-être détruite. Cette surprenante éclosion est l’occasion de réfléchir au passage complexe entre intérieur et extérieur.
La dalle de la Défense
Au cœur du quartier d’affaires de la Défense, la dalle est destinée aux piétons,
elle permet de mettre en communication les différents secteurs et bâtiments.
Orientée selon le grand axe de l’ouest parisien qui part du palais du Louvre,
elle est liée au tissu urbain général. La place sur dalle, toujours en terrasse,
permet d’avoir de belles échappées visuelles.
Cette zone à l’origine monofonctionnelle et réservée aux bureaux, s’est peu
à peu transformée grâce à son esplanade. Une place en somme qui fonctionne
bien puisqu’elle a trouvé de nouveaux usages avec son centre commercial, le
CNIT transformé en centres de congrès et de salons, les touristes et la Grande
Arche. En opposition à la complexité des lieux en sous-sol, il y règne un ordre
souverain.
La place de la Bourse à Bordeaux
Comme beaucoup de places royales, la place de la Bourse à Bordeaux est devenue une place patrimoine qui participe de l’identité de la ville. Réalisée dans la première moitié du XVIIIe siècle, elle était alors la seule trouée dans la ville. Elle a surtout la caractéristique d’ouvrir largement son fer à cheval sur la Garonne et de se tourner ainsi vers le poumon économique de la ville. Assumant cette relation essentielle à l’eau, l’agence Corajoud a récemment repensé de façon ludique cette relation : les abords de la place ont été transformés en étendue inondable mais sans perte d’accessibilité.
La place Nationale de Montauban
La place nationale de Montauban a été créée en même temps que la ville, au XIIe siècle. Un îlot avait été délibérément laissé vide dans le système de voierie orthogonale de la cité pour y établir une place toute concentrée sur son activité municipale et commerciale. C’est au XVIIe siècle qu’elle a pris l’apparence qu’on lui connaît et que ses couverts de bois ont été remplacés par des galeries en brique.
La place ducale de Charleville-Mézières
La place ducale de Charleville-Mézières
La place ducale a été planifiée au XVIIe siècle et conçue par Clément Métezeau, frère de Louis Métezeau qui est l’auteur de la place Royale de Paris, dite aujourd’hui place des Vosges. Architecturée, régulière, cette place est un vaste rectangle entouré de pavillons répondant à un modèle de base. Elle propose l’intégralité de sa surface à tous les événements de la vie municipale.
La Grand-Place de Lille, place Charles de Gaulle
Place du marché au moyen âge, cette place, après un notable agrandissement, s’est adaptée à des usages urbains diversifiés. Elle constitue un lien entre les deux parties de la ville. La colonne, érigée en 1842 et commémorant un haut fait de la ville, apporte sa majestueuse présence centrale.
La piazza del Campo de Sienne
Vue panoramique de la piazza del Campo à Sienne
© Georges Jansoone, octobre 2005
voir la photo originale
Entourée de bâtiments disposés en demi cercle, la piazza del Campo descend en pente douce jusqu’au Palais public. Son immense tour (102 mètres) symbolise la ville et son gouvernement. Reliée à la cité grâce à d’étroits passages, par lesquels les différents quartiers convergent, cette place, close, a été au cœur de toute l’histoire de Sienne. La grande fête du Palio qui s’y déroule depuis le moyen âge a toujours été l’occasion d’y rassembler tous les habitants de la ville.
La place des Terreaux à Lyon
La place des Terreaux à Lyon (1992, par Christian Drevet et Daniel Buren)
La place des Terreaux était à l’origine une place clairière et comportait deux éléments totems qui se faisaient face : la fontaine de Bartholdi au centre et la tour de l’Hôtel de ville. Une fois la fontaine retirée du centre et placée latéralement, l’espace a été quadrillé de jets d’eau, de cubes, de colonnes et d’un marquage au sol. Le tramage associé au déplacement de la fontaine et à la volonté de libérer totalement la place rejoint l’ambition de « faire place à la place » pour que les Lyonnais puissent se l’approprier.
Ouvrages
Sur le Centre Pompidou
• Centre Pompidou,
Trente ans d’histoire, dir. Bernadette Dufrêne, Centre Pompidou,
2007
• Renzo Piano, Richard Rogers, Entretien avec Antoine Picon, Du plateau
Beaubourg au Centre Georges Pompidou, Centre Georges Pompidou, Paris 1987
• Robert Bordaz, Le Centre Pompidou, une nouvelle culture, Ramsay,
Paris 1977
• Claude Mollard, L’enjeu du Centre Georges Pompidou, UGE,
Paris, 1976
Ouvrages sur la ville et la place
• Dimitris
Kottas, Places contemporaines, espaces publics, Links International,
Paris, 2007
• Michaël Darin, Places de Paris : XIXe-XXe siècles, éd.
Géraldine
Texier-Rideau, préface Bertrand Delanoë, Action
artistique de la Ville de Paris, Paris, 2003
• Pierre Pinon, Caroline Rose, Places et parvis de France, Imprimerie
nationale, éd. locales de France, Paris, 1999
• La place dans l'espace urbain. Cahiers paysages et espaces urbains,
5, Ecole régionale des beaux-arts de Rennes, Rennes, 1997
• Paris, Genèse d’un paysage, dir. Louis Bergeron, Picard, paris
1989
• La place et la ville, a cura di Alessandro Fontana, Teresa Mattencci
Lombardi, Luciana Miotto, Isabella Palumbo Fossati…, Istituto Italiano
di Cultura di Parigi, Paris, 1985
• Places d'Europe : histoire et actualité d'un espace public dans l'Europe
des Dix, Touring Club Italiano, Centre Georges Pompidou, Communauté européenne, Milano,
1984
• Michel-Jean Bertrand, Hieronim Listowsk, Les places
dans la ville : lectures d'un espace public, Dunod, Paris,
1984
• Places et monuments, Institut français d’architecture, Mardaga, Bruxelles,
1984
• Gabriel et l'urbanisme ou le rôle de la place dans l'ordonnance urbaine,
Caisse nationale des monuments historiques et des sites, Paris, 1982
Liens internet
• Dossier pédagogique
: Découvrir
l’architecture
du Centre Pompidou
• Encyclopédie
Wikipedia : « La
Place »
• Encyclopédie
Microsoft Encarta :« Urbanisme »
• Sur
le site de l’Université de Paris 1 :
« Eléments
urbaphobes dans l’idéologie
urbaine du Mouvement moderne », texte de Dieter Frick (pdf)
Au cœur des questions de société et à la croisée des disciplines, telles que l’architecture, le design, les arts plastiques, la photographie, le cinéma mais aussi les divers arts vivants (la danse, etc.), les promenades questionnent l’évolution des modes de vie et, par là, la perception de l’architecture de ces cadres de vie. Elles mettent en perspective de manière concrète tant les œuvres des différentes disciplines présentées au Centre Pompidou (ou ailleurs) que les réalisations architecturales d’hier et d’aujourd’hui en y intégrant l’histoire des vies publiques et privées. A travers les regards d’habitants, de promeneurs, de spécialistes, et de créateurs, elles offrent une médiation spécifique qui valorise la mémoire et entraîne à la découverte in situ de notre patrimoine.
Pour le public individuel
Parcours en compagnie d’architectes, d’urbanistes, de créateurs, de gens de lettres de conservateurs, d’universitaires et d’acteurs de la vie associative, proposés par l’association Les Promenades urbaines, qui regroupe les Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de l’Essonne et du Val-de-Marne, le Centre Pompidou, la Cité de l’architecture et du patrimoine (CAPA), le Pavillon de l’Arsenal, des personnels responsables à la ville de Paris et des personnes physiques et morales engagées dans les promenades.
> Connaître le programme des promenades
Pour les groupes scolaires
> Le Centre Pompidou, un projet, un bâtiment
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© Centre Pompidou, Direction de l'action éducative
et des publics, février 2009
Texte et photographies : Régis Labourdette
Maquette : Michel Fernandez
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rubrique
’Dossiers pédagogiques’
Coordination : Marie-José Rodriguez (responsable éditoriale
des dossiers pédagogiques), Yves Clerget (chargé de projets,
Service éducatif)