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Vassily Kandinsky Gelb-Rot-Blau [Jaune-Rouge-Bleu], 1925 Ce paysage à la fois géométrique et fougueux par la force de la couleur, est représentatif des peintures que l'artiste a réalisées pendant les années où il était professeur au Bauhaus, la plus célèbre école d'architectes et de designers de l'entre-deux guerres. Sur un fond où les couleurs pastels se diluent dans un voluptueux dégradé, des carrés, des rectangles, des damiers et des cercles de toutes dimensions et de toutes sortes se juxtaposent, s'agglutinent comme aimantés les uns aux autres. Les formes géométriques, jamais encore utilisées de cette façon, sont arrivées dans le tableau de Kandinsky grâce à l'influence de ses amis architectes. Elles ressemblent à des constellations, à des météores lumineux. Les lignes qui, chez l'artiste, sont toujours très noires et épaisses, serpentent autour de ces constellations, se croisent en formant des grilles, se répètent en dégageant des rythmes d'une gaieté tonique. C'est le vacarme joyeux et entraînant de la musique qui éclate dans ce tableau et envahit tout l'espace autour de lui. Une musique qui n'est ni ancienne ni nostalgique, mais moderne, une musique qui correspond à l'espace sonore de la vie du XXe siècle, qui chante l'agitation et le bruit des rues, les grincements des machines... Les formes de la composition sont aussi très étudiées. Selon chacune delles, la couleur émet un autre son, prend un autre sens. Un carré jaune possède un son plus aigu qu'un rectangle rouge et du disque bleu émane une profonde et paisible musique, alors que les couleurs complémentaires créent des contrastes forts. Avec Kandinsky, on est toujours dans l'exaltation lyrique. Musicien lui-même, il a voulu que ses tableaux abstraits soient comparables à de la musique. Cet art pur et abstrait par excellence ne nous impose aucune image se rapportant au réel. On l'écoute, et l'on peut imaginer tout ce que l'on veut. Il en va de même avec le tableau abstrait : on le regarde et on rêve. |