Mathématiques : Géométrie
et tableau
Kandinsky, l'initiateur de l'art abstrait, était également
un théoricien. Afin de s'éloigner de la représentation
de la réalité, il simplifia et géométrisa les
formes. Kandinsky prône dans ses ouvrages l'avènement d'une
peinture qui s'affranchit de l'obligation de la ressemblance tout en donnant « le
sentiment » de la nature. Kandinsky promeut un système où la
ligne serait « affranchie de l'obligation de désigner
une chose dans un tableau et fonctionnerait elle-même comme une chose »,
1912. Il a mené de nombreuses expériences avec ses élèves
et collègues et a bâti une théorie scientifique de
la peinture contenue dans un ouvrage écrit en 1926 : Point, ligne,
plan.
Observer les lignes du tableau
Nous commencerons l’étude
du tableau de Kandinsky en observant les lignes qui le composent.
1. Les
enfants repèrent et nomment les différents types
de lignes en les caractérisant :
- ligne ondulée épaisse
noire,
-
ligne
courbe noire,
-
ligne courbe colorée,
- ligne droite
fine,
- ligne droite épaisse,
- ligne oblique,
-
ligne parallèle…
2. Puis
ils les classent. La classification des lignes peut se faire par le
biais d'un tableau à double entrée.
3. Cet
examen des lignes se poursuivra par l'étude des lignes
parallèles et perpendiculaires.
4. On
cherchera une légende pour
nommer chaque ligne.
Dessiner la ligne |
Nom de la ligne |
Légende |
|
ligne ondulée |
la ligne moustache |
|
ligne épaisse |
la ligne corde |
|
ligne courbe |
la ligne lasso |
|
à vous de continuer |
à vous de continuer |
|
|
|
|
|
|
Lignes ouvertes et fermées
1. Nous
observons qu'il existe des lignes ouvertes et des lignes fermées.
Fermées, elles donnent naissance à des formes et des
surfaces :
- cercle,
-
disque,
-
triangle,
-
rectangle…
Les enfants vont montrer et nommer ces formes et ces
surfaces.
2. Cet
examen attentif des formes permet d'établir qu'il y a
dans le tableau :
- des figures
géométriques,
celles que l’on apprend en mathématiques
- et des formes plus libres inventées
par le peintre.
Pour développer cette distinction, les enfants peuvent faire
un nouveau classement avec ce critère.
Comme
à la « bataille », créer un espace
orthonormé
L'œuvre de Kandinsky peut être lue par le biais
d'un tableau orthonormé. L'enseignant donnera la consigne de dessiner
ou de décrire ce qui se trouve, par exemple, dans la case 1B ou
3C.
Pour les plus jeunes
1. Les
plus jeunes peuvent comparer la
longueur des lignes et les classer de la plus petite à
la plus grande en les dessinant. Ils feront ce travail pour les lignes
droites puis pour les courbes.
2. Exercices
de graphisme. Après avoir isolé quelques
lignes, ils les reproduiront en changeant d’outil.
Puis ils inventeront des rythmes en
alternant les lignes rencontrées dans le tableau.
Sciences : Le ciel, les astres
Bien que s’éloignant de la représentation
figurative, le tableau Jaune-rouge-bleu montre une opposition
entre la partie située à gauche lumineuse et dévolue
au soleil, et celle située à droite plus sombre et occupée
par la lune. Cet affrontement s’explique par la volonté de
Kandinsky de donner une vie propre au jaune et au bleu dont l’affrontement
permettrait l’avènement du rouge. « Jaune et
bleu par rapport au rouge… Phébus et la Lune s’évitent
et se retrouvent quand même entre l’aurore et le couchant.
Naissance mystérieuse du rouge par la tendance simultanée à l’éloignement
et à
l’ascension du jaune et du bleu. »
Cette œuvre peut devenir le prétexte à une recherche
sur le ciel et les astres qui le peuplent. L’étude du rôle
joué par le soleil et la lune dans le fonctionnement de la planète
va s’avérer tout à fait judicieux.
Le soleil, notre étoile
1. En
partant des observations des enfants l’enseignant les amènera
à réfléchir au mouvement apparent du soleil et à son
influence sur la durée de la journée.
2. La
position du soleil par
rapport à la terre détermine
les climats, une occasion rêvée d’aller voir ailleurs
le temps qu’il fait.
La lune, notre voisine
1. Un
travail similaire sur la lune et
son influence sur la terre peut également être opportun.
2. Des
investigations plus poussées permettront de mener des
recherches scientifiques sur le système solaire.
À consulter, le site du CNES,
Centre national d'études spatiales

Histoire : Un peu de connaissance…
Chronologie. Le passé : un espace d’exploration
1. Pour
les enfants, 1925 c’est bien loin !
Pour commencer à réfléchir à cette date,
l’enseignant peut demander aux enfants d’interroger
leurs parents pour apprendre quel membre de leur famille vivait
en 1925. Un grand-père, une grand-mère peuvent raconter
ce que leur ont raconté leurs parents sur cette époque.
Certains auront peut-être
des photographies ou des documents à montrer en classe !
Pourquoi
ne pas faire un arbre généalogique ? voir
un site sur la généalogie 
2. On
peut s’intéresser à tout ce qui se passait
en cette année-là :
- qu’apprenait-on
à l’école ?
- quels
étaient les moyens de télécommunications ?
- quels
étaient les événements artistiques ? (voir,
ci-dessous, cinq œuvres réalisées en 1925)
3. Il
sera alors temps d’examiner
entre quels grands évènements
se situe cette date, pour restituer un contexte
historique au tableau.
Œuvres réalisées
en 1925
Collections du
Musée national d’art moderne-Centre Pompidou
Jean Arp, Tänzerin
(Taenzerin ou Danseuse), 1925
Huile sur
bois découpé et collé, 149 x 112,5 cm
Constantin Brancusi, Le Baiser, 1923-1925
Pierre calcaire brune, 36,5 x 25,5 x 24 cm
Pierre Bonnard, Le corsage rouge, 1925
Huile sur toile, 50 x 52 cm
Juan Gris, Violon
et compotier, 1925
Huile sur toile,
60 x 49 cm
Pablo Picasso, Nature
morte à la tête
antique, 1925
Huile sur toile, 97 x 130 cm
Arts plastiques : les lignes, les
couleurs et les formes 
Les
élèves vont découvrir le plaisir de travailler eux-mêmes
tous les éléments qui composent ce tableau : lignes,
couleurs, formes… Ce sera notamment l’occasion d’apprendre à différencier
couleurs primaires et couleurs complémentaires.
Les lignes
1. L’enseignant
distribuera à chaque élève
une reproduction du tableau ainsi qu’une feuille de calque. Les élèves
devront relever au crayon toutes les lignes qui composent le
tableau.
On
peut imaginer que ce travail se fasse en deux parties : un relevé des
lignes droites, un relevé des lignes courbes.
2. A
la suite de ce préambule, on demandera aux enfants de travailler
des lignes qu’ils inventeront. Chacun pourra constituer une
collection de dessins de lignes. L’enseignant pourra proposer
de travailler des lignes ondulées avec des
épaississements.
Les
enfants donneront un nom à chaque ligne relevée et
un titre à chacun des dessins.
3. Ils
pourront ensuite regarder la série
de dessins de Kandinsky de
1925 qui figurent dans ce dossier. Voir la première partie de
ce dossier 
Les couleurs Après les lignes, passons aux couleurs !
Nous avons vu au
paragraphe « Sciences » que ce
tableau serait une illustration de la naissance de la couleur rouge issue
du combat entre le jaune et le bleu : d’où le titre Jaune-rouge-bleu,
selon l’ordre dans le tableau lorsqu’on
le lit de gauche à droite. A l’époque où Kandinsky
réalise cette
œuvre, des peintres ont décrété que les couleurs
en peinture devaient être limitées aux trois couleurs primaires
et aux trois non-couleurs : blanc, noir et gris, sans mélange
aucun ni superposition (cette détestable cuisine !). Kandinsky
apporte sa réponse par ce tableau en rendant aux couleurs leur
expressivité et leur mystère.
Qu’est ce qu’une couleur primaire ?
C’est une couleur que l’on ne peut pas fabriquer mais qui
sert à fabriquer les autres couleurs.
Combien y a-t-il de couleurs
primaires ? Elles sont au nombre de
trois : jaune, rouge, bleu.
Jaune, rouge, bleu sont les désignations génériques
de ces couleurs mais il existe de nombreux jaunes, rouges, bleus.
1. Les
enfants peuvent fabriquer des nuanciers de jaunes,
rouges, bleus.
2. Faites
observer sur le tableau les couleurs primaires.
3. Pour
les inciter à créer le plus grand nombre de jaunes,
de rouges, de bleus, vous pouvez même organiser un concours.
Comment procéder ?
Faîtes faire aux enfants une palette assez grande en papier qui
recevra dans sa partie supérieure des petits tas de gouaches
de chacune des couleurs.
Les enfants prélèveront de la peinture et mélangeront
les couleurs deux par deux, puis trois par trois, en essayant de rester
dans les bleus, les rouges, les jaunes.
Vous constaterez avec eux que
le mélange en quantité à peu
près égale de deux couleurs primaires donne du vert,
du violet, de l’orange, que l’on appelle des couleurs secondaires
ou des couleurs complémentaires.
Qu’est-ce qu’une couleur complémentaire ?
Une
couleur complémentaire est le résultat du mélange
de deux couleurs primaires, on dit qu’elle est complémentaire
de la couleur primaire qui manque.
• Jaune + Bleu = Vert, complémentaire
du Rouge
• Jaune + Rouge = Orange, complémentaire
du Bleu
• Bleu + Rouge = Violet, complémentaire du
Jaune.
1. Observer
avec les enfants et expliquer ce que sont les couleurs complémentaires.
On mélangera deux couleurs primaires pour obtenir les complémentaires.
2. Faites
observer sur le tableau ces couleurs complémentaires
et leur position.
3. Vous
pouvez maintenant découvrir avec eux le tableau en observant
la position des couleurs primaires et des complémentaires les
unes par rapport aux autres.

Les formes
Dans son livre Point, ligne, plan Kandinsky
livre les conclusions de l’enquête qu’il a menée auprès de
ses collègues et des étudiants du Bauhaus au sujet d’une
coordination possible entre des formes et des couleurs élémentaires.
Il avait établi un questionnaire qui demandait aux personnes interrogées
d’assortir triangle, cercle et carré à celle des
trois couleurs primaires susceptible de rehausser les qualités
de la forme correspondante. La plupart des sujets interrogés s’accordèrent
pour associer le cercle au bleu, le carré au rouge et le triangle
au jaune.
1. On
poursuivra l’atelier
en combinant des travaux sur les formes et sur les couleurs.
2. Puis
on observera dans le tableau les formes et les couleurs qui leur sont
associées.
Education musicale : Le chef d’orchestre

Kandinsky, au cours des recherches qu’il mena pour s’affranchir
du réel, s’est intéressé à la musique.
Il écrit à propos d’Arnold Schönberg : « La
musique de Schönberg nous introduit à un Royaume où
les émotions musicales ne sont pas acoustiques mais purement
spirituelles. Ici commence ‘la musique de l’avenir’ ».
(In Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier,
1910.)
Le peintre et le musicien dissocient les éléments et produisent
de nouvelles formes qui ne font plus immédiatement référence à la
nature.
Les enfants vont produire des sons et les jouer sur la partition
du tableau Jaune-rouge-bleu.
1. Il
s’agira de mettre en correspondance
une forme ou une ligne du tableau et un son produit par les enfants
pour, au final, constituer
une collection de sons.
Exemples :
- ligne courbe
fine = tambourin,
- ligne courbe épaisse
= gong,
- cercle clair
= cymbales,
- cercles foncés = claves …
2. Après
avoir choisi ces correspondances, les enfants et leurs enseignants organiseront une
lecture du tableau réglée
par un chef d’orchestre, tant pour la succession des formes
que pour la vitesse de lecture donc de jeu.
Exemple :
- le chef d’orchestre
montre un cercle foncé, puis une courbe épaisse,
- le joueur
de claves s’exécute,
puis le gong résonnera…
3. On
peut remplacer les instruments de musique par des objets simples que
l’on trouve dans la classe et avec lesquels les enfants vont produire
des sons.
Exemples :
- frapper deux stylos l’un
contre l’autre,
- secouer
du papier-journal ou du papier aluminium,
- frotter un stylo sur une surface
striée…
Recommencer, enregistrer, écouter, chaque morceau sera différent
en fonction de l’imagination du chef d’orchestre !
4. Pour
compléter ce travail, l’enseignant pourra faire
écouter des œuvres de Schönberg.
Ou comparer des partitions
classiques et contemporaines sur papier, puis faire écouter les œuvres.
Voir le site de la médiathèque
de l'Ircam 
FranÇais : Libre cours à l’imagination
et aux mots 
Description du tableau
1. Chaque
enfant décrit ce qu’il voit dans le tableau.
Il pourra, avec son enseignant, choisir entre différentes propositions :
-
se limiter
à un détail,
- utiliser une des cases de l’espace
orthonormé vu dans le paragraphe consacré aux
« Mathématiques »,
- élargir la description à toute
la toile.
2. Ou
bien on fera une lecture collective, en
enchaînant
l’un après l’autre la description du tableau.
Poésie
1.
Lire les poèmes suivants
Ces poèmes en prose ont été traduits de l’allemand,
cependant on peut remarquer que Kandinsky joue avec les sonorités
au point d’inventer des mots.
Les
élèves liront ces textes à haute voix, les commenteront
puis les apprendront.
Sonnet
Laurent, tu m’entends ?
Le cercle vert a éclaté. Le chat jaune continue à lécher
sa queue.
Laurent, la nuit n’est pas encore là !
La spirale coucoumismatique s’est bien déployée dans la bonne
direction.
L’éléphant violet ne cesse de s’arroser à l’aide
de sa trompe.
Laurent, il y a quelque chose qui ne va pas ? Ca ne va pas, n’est-ce
pas ?
La parabole laboussaloutoutique ne trouvera ni sa tête ni sa queue.
Le cheval rouge rue, rue, rue, rue.
Laurent, naoudandra, loumouzoukha, dirikéka ! Di-ri-ké-ka !
Petit Monde
Ici c’est droit. Là-bas – légèrement
courbé.
Plus loin – dentelé.
Impuissant au quatrième endroit.
Au cinquième – articulé. La main tremblante et sûre
en connaît déjà la raison.
Il y a ici de petits angles.
Là-bas
– un cercle blanc, plus loin – un cercle noir.
Au neuvième endroit – téléscopage.
Au dixième
– des falbalas. Aussitôt, là-même, des traits
courts, un peu épais.
Aux onzième et douzième endroits – il y a des points
dans les coins.
Dans le coin du deuxième coin il y a des traits légers.
Au treizième endroit – chant à deux voix.
Au quatorzième – l’indescriptible.
2. Chaque
enfant identifie 14 points dans le tableau.
3. Puis il écrit
un poème selon
une grille définie
par le poème Petit monde.
Consigne : en s’aidant de ce poème, l’enfant
imaginera des formes, des couleurs, des personnages, des événements.
Ici………………………………………………………………
Là-bas………………………………………………………
Au quatrième endroit……………………………
Au cinquème …………………………………………
Il
y a ici……………………………………………………
Plus
loin……………………………………………………
Au
neuvième endroit………………………………
Au
dixième…………………………………………………
Aussitôt, là-même……………………………………
Aux
onzième et douzième endroits………
Dans le coin………………………………………………
Au
treizième endroit…………………………………
Au quatorzième…………………………………………
Bibliographie 
- Kandinsky : Point, ligne, plan,
Ed.Denoël
- Kandinsky : Du spirituel dans l'art, et dans la peinture en
particulier, Ed Denoël
- Kandinsky, Collections du Musée national d'art moderne-Centre
Pompidou, Ed. Centre Pompidou et Réunion des musées nationaux,
décembre 1997
- Kandinsky, Collections du Musée national d'art moderne-Centre
Pompidou, Ed. Centre Pompidou, ouvrage publié à l’occasion
de l’exposition Kandinsky organisée par le Musée
national d’art moderne (30 octobre 1984- 28 janvier 1985)
- Kandinsky, Bleu de ciel, dans la collection L'art en jeu,
Ed. Centre Pompidou, 1988
- Revue Tangente, hors série n°23, Maths et Arts
Plastiques
- Ursus Wehrli : L'art en bazar, Ed. Milan jeunesse
Texte : Myriam
Gasparini avec la collaboration de Dominique Thouzery et Loïc Rozier |