Danse contemporaine - Pour une chorégraphie des regards
Lexique
Kinétographie
Système de notation écrite du mouvement (un peu à
l’image de la notation dans le cas d’une partition musicale). La
kinétographie à ce jour la plus répandue dans le monde
de la danse fut l’œuvre du chorégraphe et théoricien
du mouvement allemand de l’entre-deux-guerres, Rudolf Laban. Elle en porte
le nom: kinétographie Laban.
Genré
Relatif aux genres. D’origine américaine, la queer theory aborde
les identités sexuelles, masculine et féminine, en tant que constructions
culturelles, qu’elle soumet dès lors à une déconstruction
critique radicale. Elle intègre et dépasse les acquis intellectuels
des mouvements féministes et gay. L’identité genrée,
qui fait qu’un homme se comporte tel qu’on l’attend d’un
homme (voire en a l’apparence), et une femme d’une femme, peut être
approchée comme la reproduction d’une performance codée.
De ce fait relative, non figée, elle offre prise aux artistes scéniques
désireux de la questionner, la reformuler, la mettre en mouvement. Au
premier rang desquels les artistes chorégraphiques, qui ont le corps
pour médium, mais aussi sa représentation pour objet, comme lieux
d’inscription de la performance des genres.
Neurosciences
Les neurosciences ont pour objet l’étude du système nerveux.
Leur évolution, actuellement très rapide, conduit à une
remise en cause des frontières supposées - et toujours solidement
ancrées dans les mentalités - entre perception et action, émotion
et pensée, biologie et psychologie, inné et acquis, etc. Elle
invite à ne plus ordonner ces binômes selon une opposition dualiste,
mais selon des systèmes de connexions et d’interfaces multiples,
mobiles, plastiques et réversibles.
Phénoménologie
La méthode phénoménologique conduit à aborder le
réel non comme un objet séparé de son observateur, mais
en intégrant pleinement, en validant l’expérience perceptive
et l’élaboration consciente que celui-ci en a. Elle aide à
penser un être au monde qui atténuerait la coupure entre l’individu
et son environnement, voire entre sujet et objet, mais aussi à envisager
avec complexité le rapport entre objectivité et subjectivité.
Merleau-Ponty est le plus connu des penseurs de la phénoménologie.
Dans le domaine artistique, une posture phénoménologique invite
à porter une grande attention à l’activité propre
du spectateur dont le regard construit, actif et projectif, participe pleinement
à la production du sens d’une œuvre, qui n’est jamais
clos ni définitif.
Rhizome et corps sans organes
Deux concepts clés de la pensée du philosophe Gilles Deleuze.
Le rhizome permet d’aborder le réel par systèmes plans,
non clos et dynamiques, sujets à proliférations, dérivations,
connexions et branchements multiples. La production de lignes de fuite et de
phénomènes de dé-territorialisations, y déplace
constamment la constitution éventuelle de catégories figées
et hiérarchisées.
Faisant référence à Antonin Artaud, le corps sans organes
remet en cause la représentation du corps comme un organisme biomécanique
fonctionnel et stable, et privilégie les projections, notamment désirantes,
qui en font un lieu instable de forces au travail. Ce concept a fait florès
parmi les artistes chorégraphiques qui cherchaient à remettre
en cause la représentation conventionnelle du corps.