Pour Beauregard Houston Montgomery, noctambule new-yorkais et vif-argent à la Quentin Crisp, le fait de collectionner des poupées Barbie ne relève pas d'univers clos ou d'introspection, mais d'extériorisation et d'élévation. Amasser ces poupées, dit-il assez sérieusement, est une "façon de gérer l'enlèvement par les extra-terrestres". "Les gens qui ont été kidnappés commencent à faire des collections", ajoute-t-il. "Ils ont des manies de collection. Certaines personnes collectionnent de la terre, comme des échantillons. D'autres collectionnent des plantes". Ou des poupées qui ressemblent à leurs ravisseurs. Pour le prouver, il m'a montré sa Barbie Reine de la Mode qui, avec ses yeux globuleux, son nez représenté par deux points et sa figure insectoïde, ressemblait de manière frappante aux 'extra-terrestres' décrits par des personnes qui auraient été enlevées. "J'avais à peu près deux ans, et j'étais chez ma grand-mère dans sa ferme du Missouri", raconta-t-il. "Je me souviens m'être réveillé une nuit et avoir vu cette chose regardant par la fenêtre, cette créature qui me regardait avec des yeux énormes. Elle semblait flotter, planer, et en quelque sorte rayonner. Et je me souviens avoir crié et appelé mes parents jusqu'à ce qu'elle disparaisse enfin".