Premièrement, nous pouvons parler d'une anthropologie naturelle des Zones Autonomes Temporaires (ZAT). La famille nucléaire est l'unité de base de la société consensuelle, pas de la ZAT. ("Familles ! Je vous hais ! Avares de l'amour !" de Gide) La famille nucléaire, avec son "avarice oedipienne" attenante, se révèle être une invention du néolithique, une réponse à la "révolution agricole", avec sa hiérarchie et son dénuement imposés. Le modèle paléolithique est immédiatement plus primaire et plus radical : le groupe. Au sein de sociétés triviales plus grandes, la structure de groupe est assurée par les clans au sein de la tribu, ou par des confréries comme des sociétés secrètes ou initiatiques, sociétés de chasse ou de guerre, sociétés de genre, "républiques d'enfants", et autres. Si la famille nucléaire est le produit de la pauvreté (et occasionne l'avarice), le groupe est le produit de l'abondance et la prodigalité en découle. Le groupe est ouvert aux affinités, les initiés prêtent allégeance à un lien d'amour, un schéma horizontal de coutumes, des liens de parenté étendus, des contrats et des alliances, des affinités spirituelles, etc. La famille est fermée par la génétique, par la possession masculine des femmes et des enfants, par la totalité hiérarchique de la société agricole et culturelle. La famille nucléaire devient de plus en plus clairement un piège, un bourbier culturel, une secrète implosion névrosée d'atomes en fission. Ensuite, la ZAT en tant que festival. Pour représenter la société anarchique, Stephen Pearl Andrews a une fois proposé l'image du grand dîner, où toute structure d'autorité se dissout dans la convivialité et la fête. Les médias nous invitent à "venir célébrer les grands moments de notre vie" grâce à la fausse union de la marchandise et du spectacle, le fameux non événement de la représentation pure. En réponse à cette obscénité, nous avons le spectre du refus (dont les Situationnistes et autres ont fait la chronique) et d'autre part l'émergence d'une culture festive retirée et même cachée aux yeux des gestionnaires potentiels de nos loisirs. C'est ce qui convient à un âge qui offre des télévisions et des téléphones comme moyen de "communiquer" avec d'autres êtres humains, comme moyen de dire "J'y étais !". L'essence de la fête : face à face, un groupe d'humains synergise ses efforts pour réaliser ses désirs mutuels, afin d'atteindre la véritable béatitude -- une "union d'égoïstes", ou une propulsion biologique de base vers "l'entraide mutuelle". (Nous devrions également mentionner ici "l'économie de l'excès" de Georges Bataille et sa théorie sur la culture potlatch.)

Hakim Bey dans The Temporary Autonomous Zone