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exposition
21 NOVEMBRE 2007 – 3 MARS 2008 Galerie SUD |
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Vue de l'exposition © Centre Pompidou - Photo Georges Meguerditchian |
LES DÉBUTS
PUBLIC (ESPACES PUBLICS)
LISIBILITÉ
TRANSPARENCE
URBAIN (URBANISME)
LÉGÈRETÉ
ENVIRONNEMENTAL (ÉCOLOGIE)
SYSTÈMES
TRAVAUX EN COURS
LISTE DES PROJETS ET RÉALISATIONS PRÉSENTS DANS L'EXPOSITION, CLASSÉS PAR THÈMES
Le Centre Pompidou, qui fête cette année ses trente ans, accueille la première rétrospective consacrée à Richard Rogers. L'architecte britannique marquait une étape décisive de sa carrière en gagnant avec son confrère italien Renzo Piano le grand concours international du centre d'art et de culture. En quarante ans de carrière, il a développé une œuvre majeure dans laquelle se conjuguent maîtrise technique, préoccupations sociales et pensée urbaine.
Au travers d'une cinquantaine de projets et réalisations, l'exposition Richard Rogers + Architectes s'attache à rendre compte de l’apport et de l’inventivité de cette production, grâce à une approche thématique portée par les concepts clefs de l'agence : « Transparence », « Lisibilité », « Public », « Systèmes », « Urbain », « Environnemental » et « Légèreté ».
Présentée dans la Galerie sud entièrement décloisonnée et vitrée sur trois côtés, conformément aux principes fondateurs du Centre Pompidou de transparence et d'interpénétration, l'exposition est conçue comme une ville dans la ville. Projets et réalisations sont rassemblés sur des tables qui forment des îlots irréguliers selon les thèmes qui deviennent des quartiers. A ces thèmes, portés par des « réalisations icônes », s'ajoutent, dès l'entrée, un îlot consacré aux débuts de l'architecte, et en périphérie un quartier en construction : celui des projets en cours.
A chaque fois, maquettes et photographies ont été privilégiées pour présenter le travail de l'agence. Des luminaires dessinés par l'architecte apportent un éclairage complémentaire à l'abondante lumière naturelle. Un réseau de petites rues et d'avenues plus larges permet de circuler de projet en projet et de thème en thème, tandis qu'au cœur de l'installation une piazza est laissée libre, en écho à celle qui, dehors, devant le bâtiment, laisse respirer le quartier.
Le premier îlot, situé à l’entrée de l’exposition, présente la période des débuts de l’architecte, celle où se met en place, nourrie de collaborations, sa pensée constructive et où s'affirme son intérêt pour la notion de flexibilité.
Vue de l’exposition
© Centre Pompidou - Photo Georges Meguerditchian
Le prototype des maisons Zip-Up (« prêt-à-monter ») est emblématique de cette époque. Elaboré par Richard et Sue Rogers, le procédé consiste en la préfabrication de panneaux de façades permettant de penser l'espace intérieur indépendamment de la structure. Loin de standardiser le logement, il permet aux habitants, tout en produisant à moindre coût, de concevoir et de moduler leur espace intérieur à leur convenance. C’est dans cette même perspective qu’est construite la maison de Nino et Dada Rogers.
Maison de Nino et Dada
Sur une parcelle en longueur, la maison que Richard Rogers construit pour ses parents se décompose en deux parties, habitation et atelier, séparées par un jardin. Leurs façades transparentes jouent des limites entre intérieur et extérieur, intégrant ainsi le jardin à l'architecture.
Grâce à une structure de portiques métalliques (cinq pour la maison et trois pour l'atelier), l'espace intérieur est entièrement libre. Les cloisons sont modulables et des portiques peuvent être rajoutés pour agrandir l'espace construit en englobant, par exemple, l’espace du jardin intérieur. Richard Rogers présente ainsi cette construction comme « un tube flexible et transparent ».
Les espaces publics, reflets des sociétés qui les animent et lieux d'expression de la ville, sont au cœur des problématiques de l'architecture. Depuis quarante ans, l'agence Rogers met au premier rang de ses préoccupations la réalisation de bâtiments qui donnent vie aux quartiers dans lesquels ils s'inscrivent et qui permettent au dynamisme de la société de s'exprimer, dans toute sa diversité. Plusieurs projets de l'agence Rogers témoignent de cette quête, en faisant entrer places et rues dans le construit.
Vue de l’exposition
© Centre Pompidou - Photo Georges Meguerditchian
Celui du palais des Congrès de Rome (1999, non réalisé) illustre bien cette logique d'ouverture du bâtiment sur la ville : le volume, à demi enterré, de l'auditorium et des restaurants est couvert par une dalle en pente reliée à la rue, elle-même surplombée par le volume des salles de conférence et d'exposition.
L'espace public entre dans le bâtiment, participe ainsi aux activités du lieu et les nourrit. Dix ans plus tôt, le projet du concours pour le Tokyo International Forum (1990, non réalisé), avec ses auditoriums suspendus à des portiques métalliques, était lui aussi conçu comme un espace public ininterrompu.
Mais c'est dès les premières années de la carrière de l'architecte, que l'on trouve, avec le Centre Pompidou, le projet emblématique de cette pénétration de la ville au cœur de l'architecture.
Le Centre Pompidou
En 1969, le président Georges Pompidou lance le projet d'un grand centre national d'art et de culture qui devra accueillir, dans le centre historique de Paris, le Musée national d'art moderne, la Bibliothèque publique d’information, l'Institut de recherche et de coordination acoustique/musique et le Centre de création industrielle. L'ambition d'un tel projet donne lieu à l'organisation d'un grand concours international auquel participent, parmi près de 700 équipes, celle constituée par Renzo Piano et Richard Rogers.
Centre Pompidou, Paris, France, 1971-1977
Croquis
© Rogers Stirk Harbour + Partners
Le projet élaboré par les deux architectes retient l'attention du jury pour plusieurs raisons. Ils proposent, en effet, pour ce bâtiment conçu de façon ludique, une superposition de grands plateaux libres permettant le mélange des genres, invitant à la modularité des espaces et favorisant la rencontre du grand public avec la création contemporaine sous toutes ses formes.
Mais le point décisif qui justifie le choix du jury tient à leur proposition de dégager, devant l’édifice, une vaste place livrée à l'appropriation publique : la piazza. Celle-ci, faisant respirer ce quartier très dense, se prolonge à l'intérieur du bâtiment avec le forum, sorte de place couverte qu'aucune marche ni aucun seuil ne sépare de l'extérieur, la façade entièrement vitrée insistant sur la continuité entre dedans et dehors. L'espace public se poursuit verticalement avec la chenille, ce grand escalier mécanique suspendu à la façade, conçu comme une rue supplémentaire offerte à la ville.
En savoir plus sur le batîment : consulter le dossier pédagogique Découvrir l'architecture du Centre Pompidou
La notion de lisibilité fait référence à des bâtiments qui expriment, dans leur forme même, la manière dont ils ont été construits, ce qui les fait tenir debout et comment ils fonctionnent. La lisibilité rend ainsi visibles les activités qui se déroulent à l'intérieur, et les identifie. Elle fait participer concrètement à l’architecture les fonctions du bâtiment, même les moins nobles a priori. Un bâtiment « lisible » est finalement un bâtiment qui, loin de l'anonymat et de l'opacité, se laisse appréhender par le public et s'offre à son décryptage.
Vue de l’exposition
© Centre Pompidou - Photo Georges Meguerditchian
Dans la tour Kabuki Cho (1987-1993), première réalisation de l'agence au Japon, les escaliers et cages d'ascenseurs reportés à l'extérieur et la verrière destinée à capter la lumière du jour donnent son identité à la construction. C'est toutefois avec que le siège de la Lloyd's, à Londres, que la notion de lisibilité est sans doute la mieux exprimée.
Immeuble de la Lloyd's of London
Dans l'année qui suit l'inauguration du Centre Pompidou, la Richard Rogers Partnership, récemment fondée par l'architecte, est choisie par la Lloyd's of London pour réaliser son nouveau siège. Sur les conseils de Gordon Graham, alors président de l'Institut Royal des Architectes Britanniques (RIBA), il s'agit de « travailler sur une stratégie de développement avant même de penser à l'architecture à proprement parler. » C'est là que réside la spécificité de ce projet conçu par l'équipe en collaboration avec l'institution. Ce marché international d'assurances, installé dans la City depuis 1928, a besoin de lieux de travail flexibles, répondant à sa croissance et symbolisant son dynamisme.
Immeuble de la Lloyd's, Londres, Royaume-Uni, 1978-1986
Croquis
© Rogers Stirk Harbour + Partners
Architectes et ingénieurs de la Partnership centrent la construction sur un atrium de 14 étages surmonté d'une verrière. Autour, des plateaux accueillant les salles de souscription se développent sur plusieurs niveaux. Enfin, en périphérie de l'ensemble, six tours de services faites de modules préfabriqués en acier sont connectées au bâtiment, selon le concept de « clip-on ». Cette extériorisation des fonctions permet de libérer, à l'intérieur, les surfaces d'activités de toute contrainte et de faciliter, à l'extérieur, l'insertion du bâtiment dans le tissu urbain sinueux de la City médiévale. Elle participe également à la portée symbolique de la construction : l'esthétique mécanique remplace ici les codes de l'architecture monumentale traditionnelle. Les fonctions s'affichent et se lisent en façade, participant ainsi à l'identité du bâtiment. La Lloyd's of London, achevée en 1986, devient ainsi l'emblème de la ville moderne.
Évoquant, elle aussi, l'idée de visibilité des structures et des activités, la notion de transparence peut sembler se confondre avec celle de lisibilité. Il s'agit toutefois d'une référence bien spécifique, inscrivant le travail de Richard Rogers dans la grande aventure architecturale moderne du verre et de la lumière qui, ensemble, construisent le bâtiment et jouent des relations entre intérieur et extérieur.
Selon Rogers, la transparence en architecture « est comparable au concept de transparence dans l'organisation d'une société, donc à la démocratie et à l'ouverture, à la rupture avec les hiérarchies anciennes traditionnellement dissimulées derrière les murs en maçonnerie. »
Dans l'immeuble du 88 Wood Street à Londres (1991-1999), les lumières intérieures soulignent, de nuit, l'articulation des façades entièrement vitrées, lesquelles, de jour, laissent voir le ciel à travers le bâtiment. Si plusieurs réalisations de Rogers renvoient à cette notion de transparence, celle de Channel 4 en est l'illustration parfaite.
Immeuble de Channel 4 Television
L'immeuble construit pour la chaîne de télévision britannique se situe sur l'axe urbain majeur de Victoria Street, non loin du Parlement et de l'abbaye de Westminster. Il est constitué de deux ailes entièrement vitrées qui abritent bureaux et studios de réalisation, formant un angle droit au cœur duquel se situe l'entrée.
Immeuble de Channel 4 Television, Londres, Royaume-Uni, 1990-94
Croquis
© Rogers Stirk Harbour + Partners
L'intérêt du bâtiment réside dans le traitement de cet angle. Il est en effet conçu en creux, dégageant devant l'entrée une place circulaire qui se poursuit par un atrium, grâce à une façade en verre structurel suspendue à des poutres. Il fait ainsi communiquer le bâtiment et la ville, et relie en transparence la place extérieure au jardin qui se trouve à l'arrière, en cœur d'îlot. De part et d'autre de ce creux, sur les pignons des deux ailes, sont placées d'un côté les salles de réunion et de l'autre les cages d'ascenseurs surmontées par une antenne de télévision faisant office d'enseigne et de signal.
Entièrement vitrés, ces espaces symbolisent le dynamisme et l'activité de la chaîne qui s'affichent ainsi sur la rue.
Chez Richard Rogers, l'importance accordée au détail, au fragment d'architecture, se conjugue avec une pensée à l'échelle de la ville. La solution aux questions sociales et écologiques réside, selon lui, dans l'élaboration de « villes compactes aux centres multiples », mélangeant logements et lieux de travail, accueillant riches et pauvres, jeunes et vieux, et privilégiant les circulations piétonnes, cyclistes et les transports en commun.
Vue de l’exposition
© Centre Pompidou - Photo Georges Meguerditchian
Présent dès la conception du Centre Pompidou, cet intérêt pour la dimension urbaine prend corps avec l'élaboration, en 1986, du projet London as it could be. Réalisé dans le cadre d’une exposition, ce plan à l’esthétique futuriste place la Tamise au cœur du développement de la ville.
En opposition avec les logiques alors en œuvre, il insiste sur la revalorisation des espaces publics et inscrit l’architecture dans une vision politique et sociale de la ville. Depuis 2000, Richard Rogers a donné un nouvel élan à cet engagement en collaborant avec le maire de Londres, Ken Livingstone.
Le plan pour le quartier de Lu Jia Zui, à Shanghai (non réalisé), s'inscrit dans cette recherche de solution pour penser la ville moderne.
Quartier de Lu Jia Zui
Le quartier de Lu Jia Zui, dans le secteur de Pudong isolé du centre de Shanghai par un méandre du fleuve Huangpu, a fait l'objet au début des années 1990 d'un projet de rénovation afin d'accompagner l'explosion démographique et l'essor économique considérable que connaît alors la ville. L'équipe de Richard Rogers fait partie des six équipes invitées à proposer un schéma directeur pour le quartier.
Plan d’aménagement du nouveau quartier de Lu Jia Zui, Shangaï, Chine, 1992-1994 (non réalisé)
Croquis
© Rogers Stirk Harbour + Partners
La solution proposée repose sur une organisation circulaire autour d'un parc central, avec une structure générale en gradins qui préserve l'ensoleillement tout en créant des cônes de visions ouverts sur le fleuve et sur la ville. A partir du parc rayonnent seulement six axes routiers, l'ensemble du réseau privilégiant les circulations piétonnes et cyclistes dans le quartier, et les transports en commun pour rejoindre le centre ville. Pour favoriser les déplacements de proximité, les îlots construits mêlent logements, commerces et bureaux. Le modèle proposé par l'agence, et qui ne sera finalement pas retenu, est celui d'un quartier à la fois dynamique, agréable et écologiquement responsable.
Revendiquant l'héritage des gares du XIXe siècle et des dômes géodésiques de Buckminster Fuller, l'agence Rogers s'ancre dans deux siècles d'histoire portés par la recherche de « la clôture de l'espace à moindre coût ». Elle fait de la notion de légèreté un concept clef de son travail sur la base d'une étroite collaboration entre l'architecte et l'ingénieur, notion qui se conjugue souvent avec celles de transparence, de lisibilité ou encore d'architecture-système.
L'élaboration de structures fondées sur l'économie de matière et de moyens permet à l'architecte de répondre aux besoins de ses commanditaires, à un moindre coût et avec élégance, comme en témoignent la structure suspendue de l'usine Fleetguard (1979-1981), le portique central qui supporte la charpente de l'usine Inmos (1982-1987), ou encore la couverture flottante posée sur deux mâts d'acier qui surplombe les murs de verre de la maison de Michael Elias (1991, non réalisée). Le Millenium Dome, par la performance qu'il implique, est l'œuvre emblématique de cette notion de légèreté.
Millenium Dome
La péninsule de Greenwich, à Londres, sur laquelle est implanté le Millenium Dome, accueillait jusque dans les années 1980 l'une des plus importantes raffineries de gaz d'Europe. Le site fait l'objet, dans les années 1990, d'un grand projet de dépollution et de réaménagement confié, en 1996, à l'agence Rogers. Dans le même temps, il est choisi pour accueillir les célébrations du passage au nouveau millénaire.
Millenium Dome, Londres, Royaume-Uni, 1996-1999
Croquis
© Rogers Stirk Harbour + Partners
L'équipe propose alors la réalisation d’un dôme, d'abord conçu comme temporaire puis rendu permanent par une décision gouvernementale fin 1997. Achevé en 1998, il s'agit d'une simple structure tendue réalisée grâce à des mâts acier, un réseau de câbles et une enveloppe enduite de Teflon qui recouvre 100 000 m2 de superficie sur 50 m de hauteur au centre. Le Millenium Dome fait figure de prouesse technique conciliant économie de moyens, rapidité d'exécution et flexibilité d'usage. Il appartient autant à l'univers des constructions nomades qu'à celui du monument, à l'ingénierie qu'à l'architecture.
Parce qu'il bâtit la ville de demain, l'architecte fait partie des principaux acteurs concernés par la lutte contre le réchauffement climatique et pour le développement durable. L'agence Rogers place ainsi l'écologie au cœur de son travail, en mettant en avant le recours aux énergies renouvelables dans la production et dans le fonctionnement de ses réalisations.
Vue de l’exposition
© Centre Pompidou - Photo Georges Meguerditchian
Le Parlement du Pays de Galles (1999-2005), avec sa ventilation naturelle, sa chaudière biomasse et son système de récupération des eaux de pluie, est un modèle du genre. Situé dans une banlieue défavorisée de Londres, le Collège de Mossbourne (2002-2004) (qui s'inscrit par ailleurs dans la politique de rénovation urbaine menée par Rogers en collaboration avec la municipalité) a lui aussi été conçu, avec son ossature en bois et ses six tours de ventilation, dans un souci de respect de l'environnement. De nombreux autres projets et réalisations témoignent de cet engagement de Richard Rogers et de son équipe. Conçu au début des années 1990, le palais de Justice de Bordeaux a été leur construction manifeste dans ce domaine.
Palais de Justice de Bordeaux
Bâti sur un site historique de la ville de Bordeaux marqué par la présence de vestiges de ses anciens remparts, le palais de Justice est un bâtiment clef dans l'évolution de la pensée de l’agence. Il s'inscrit dans une réflexion sur le parallèle recherché entre la nécessaire transparence de la justice et celle de l’architecture, aboutissant à la réalisation d’un bâtiment ouvert et accessible. Une couverture de cuivre englobe un ensemble très fragmenté : au parallélépipède vitré de l'administration fait face, relié à lui par des passerelles, l'alignement des sept salles d'audience. Réalisées en bois, elles prennent la forme de cônes posés sur des trépieds de béton et traversent le toit. L'espace au-dessus duquel elles sont posées est accessible au public.
Palais de Justice de Bordeaux, France, 1992-1998
Croquis
© Rogers Stirk Harbour + Partners
L'ensemble répond à des préoccupations environnementales. L'ouverture zénithale des salles d'audience permet l'éclairage du lieu tandis que leur forme galbée sert à la ventilation en les faisant fonctionner comme des hottes aspirantes. Par ailleurs, leur réalisation en bois fait appel aux ressources et aux savoir-faire locaux. En effet, l'entreprise qui a assuré leur montage a utilisé les techniques traditionnelles de fabrication des cuves viticoles. La conception du bâtiment en petits volumes séparés les uns des autres et surélevés permet une meilleure circulation de l'air et des économies en termes de chauffage et d'éclairage. Enfin, la couverture de cuivre capte la chaleur, laquelle est ensuite stockée dans le socle de béton.
La notion d'architecture-système est fondamentale dans l'œuvre de Rogers, qui a été parfois réduite, de ce fait, à l'expression d'un « style high-tech ». S'il y a bien dans son travail une esthétique de la fonction, que l'on retrouve dans le concept de lisibilité, il ne s'agit jamais d'un geste gratuit. Les systèmes constructifs, grâce aux nouvelles technologies et aux matériaux modernes, ont pour objectif la préfabrication et l'application de la production en série à l'architecture qui permet souplesse, efficacité, faibles coûts de production et économie de chantier.
En 1992, un concours lancé en Corée du Sud pour un programme de logements industrialisés donne l'occasion à Rogers de revenir sur les recherches menées à ses débuts. Dans un processus de « clip-on » inversé, les services et les circulations qui, dans la Lloyd's, sont connectés au bâtiment, sont ici regroupés dans un noyau central en béton auquel viennent se fixer des cellules de logement en tôle emboutie (non réalisé). Le Terminal 4 de l'aéroport de Madrid Barajas récemment achevé est le projet icône de ce thème dans l'exposition.
Terminal 4 de l'aéroport de Madrid Barajas
La réalisation d'un terminal d'aéroport est un exercice qui implique de prendre en compte de nombreuses contraintes en termes de circulations et d'éclairage. Afin d'y faire face, l'agence a recours, pour le terminal 4 de l'aéroport de Madrid, à un système de « canyons » qui traversent de haut en bas les trois niveaux de la superstructure, et filent sur toute la longueur du terminal.
Terminal 4 de l'aéroport de Madrid Barajas, 1997-2005
Croquis
© Rogers Stirk Harbour + Partners
Recouvrant l'ensemble, une couverture ondulée, présentée comme « une invitation au rêve et au voyage », devient la façade principale du lieu. Loin de n'être que le résultat d'une recherche esthétique, cette couverture a été élaborée afin de répondre aux contraintes du terminal, d'en favoriser l'éclairage et la ventilation et de permettre en surface la récupération des eaux de pluie. Elle est construite à partir d’un même module utilisé de manière répétitive. Conçu à l’aide de l'outil informatique, celui-ci permet d’allier résistance, économie et facilité d'assemblage.
Depuis les premières réalisations de l'architecte à la fin des années 1960 et au fil des collaborations, l'agence récemment rebaptisée Rogers Stirk Harbour + Partners n'a cessé de croître et d'étendre son territoire d'activité. Comprenant aujourd'hui près de 200 personnes et adoptant la forme originale d'une fondation, elle mène de nombreux projets sur toute la planète.
Vue de l’exposition
© Centre Pompidou - Photo Georges Meguerditchian
Parmi ces derniers, on peut signaler la reconversion des arènes de Barcelone en complexe de loisirs et de spectacles, une opération de logements à Hyde Park (Londres) ou encore le Palais des Congrès Jacob-K.-Javits à Manhattan (New York). Dans cet ensemble, la tour du 122 Leadenhall Street se distingue.
122 Leadenhall Street
Cette tour de 224,50 mètres de hauteur, actuellement en construction au milieu des autres tours de la City, fait face à la Lloyd's réalisée par l'agence il y a plus de vingt ans. Dans cet environnement, elle se signale par sa silhouette effilée prenant, de face, la forme d'un long triangle isocèle pointé vers le ciel. Loin de n’être qu’un signe distinctif, cette forme particulière est dictée par la nécessité de préserver, dans cet environnement très dense, des cônes de vision sur le dôme de la cathédrale Saint-Paul située à proximité.
Tour, Leadenhall Street / Londres, Royaume-Uni / 2002 (en cours de réalisation)
Croquis
© Rogers Stirk Harbour + Partners
Rompant avec le traditionnel noyau central en béton, la structure opte pour une armature tubulaire qui suit les périmètres des plateaux. Une tour regroupant services et circulations est accolée au nord du bâtiment principal. Enfin, au sol, un intérêt particulier a été porté à son insertion dans le tissu urbain : les sept premiers étages sont bâtis en retrait, ce qui permet la pénétration, au cœur de la parcelle, d'un espace public arboré.
Au fil de l'exposition, guidé par le vocabulaire de l'agence de Richard Rogers le visiteur est invité à explorer toute la richesse et la portée de son œuvre. Grâce aux nouvelles clefs de lecture dont il dispose, il peut poursuivre cette visite par une (re)découverte in situ de ce qui est finalement la première œuvre, à l'échelle 1, de l'exposition : le Centre Pompidou lui-même, dans lequel est mis en application le concept d'espace public, on l'a vu, mais également ceux de transparence, de lisibilité, de systèmes ou de légèreté.
Cette rétrospective est aussi une invitation à se pencher, aux côtés d'un architecte engagé, sur les enjeux d'une profession qui construit aujourd'hui le monde de demain.
Liste des projets et rÉalisations
prÉsentÉs dans l'exposition, classÉs par thÈmes
(Les débuts)
Campus des Sciences, Yale University / Connecticut, USA / 1961 (non réalisé)
Usine d'électronique Reliance Controls / Swindon, Royaume-Uni / 1967 (réalisé)
Maison de Nino et Dada Rogers / Londres, Royaume-Uni / 1968-1969 (réalisé)
Maisons Zip-Up / 1968-1971 (prototype)
Lisibilité
Immeuble de la Lloyd's of London / Londres, Royaume-Uni / 1978-1986 (réalisé)
Tour Kabuki Cho / Tokyo, Japon / 1987-1993 (réalisé)
Tour Tomigaya / Tokyo, Japon / 1990-1992 (non réalisé)
Réaménagement de Chiswick Park / Londres, Royaume-Uni / 1999-(en cours de réalisation)
Transparence
Immeuble de Channel 4 Television / Londres, Royaume-Uni / 1990-94 (réalisé)
Immeuble de bureaux du 88 Wood Street / Londres, Royaume-Uni / 1994-99 (réalisé)
Immeuble de la Lloyd's Register of Shipping / Londres, Royaume-Uni / 1995-2000 (réalisé)
Public
Centre Pompidou / Paris, France / 1971-1977 (réalisé)
Extension de la National Gallery / Londres, Royaume-Uni / 1982 (non réalisé)
Cour Européenne des Droits de l'Homme / Strasbourg, France / 1989-95 (réalisé)
Tokyo International Forum / Tokyo, Japon / 1990 (non réalisé)
Réaménagement du quartier de South Bank / Londres, Royaume-Uni / 1994-1997 (non réalisé)
Palais des Congrès de Rome / Rome, Italie / 1999 (non réalisé)
Systèmes
Système de logements industrialisés / Corée du Sud / 1992 (non réalisé)
Ecole de Minami-Yamashiro / Kyoto, Japon / 1995-2003 (réalisé)
Terminal 4 de l'aéroport Barajas / Madrid, Espagne / 1997-2005 (réalisé)
Terminal 5 de l'aéroport Heathrow / Londres, Royaume-Uni / 1989-2008 (réalisé)
Chais viticoles de Bodegas Protos / Peñafiel, Espagne / 2003-2008 (en cours de réalisation)
Environnemental
Module ARAM / lieu non défini / 1971 (non réalisé)
Trésor public de Nottingham / Nottingham, Royaume-Uni / 1992 (non réalisé)
Palais de Justice de Bordeaux / Bordeaux, France / 1992-1998 (réalisé)
Immeubles de bureaux et de logement de Daimler Chrysler / Berlin, Allemagne / 1993-99 (réalisé)
Palais de Justice d'Anvers / Anvers, Belgique / 1998-2005 (réalisé)
Parlement du Pays de Galles / Cardiff, Pays de Galles / 1999-2005 (réalisé)
Collège de Mossbourne / Londres, Royaume Uni / 2002-2004 (réalisé)
Plan d'aménagement de la Potsdamerplatz et de la Leipzigerplatz / Berlin, Allemagne / 1991 (non réalisé)
Plan d'urbanisme de Coto de Macairena / Grenade, Espagne / 2004-(en cours de réalisation)
Plan d’urbanisme de Valladolid Alta Velocidad / Valladolid, Espagne / 2005-(en cours de réalisation)
Urbain
Réaménagement de Coin Street / Londres, Royaume Uni / 1979-83 (non réalisé)
Exposition "London as it could be" / Londres, Royaume Uni / 1986 (non réalisé)
Plan d’aménagement du nouveau quartier de Lu Jia Zui / Shangaï (Pudong), Chine / 1992-1994 (non réalisé)
Légèreté
Centre de production et de distribution Fleetguard / Quimper, France / 1979-81 (réalisé)
Usine de microprocesseurs INMOS / Newport, Pays de Galles / 1982-87 (réalisé)
Maison de Michael Elias / Los Angeles, Californie / 1991 (non réalisé)
Complexe de Saitama / Omiya, Japon / 1995 (non réalisé)
Dôme du Millenium / Londres, Royaume Uni / 1996-99 (réalisé)
(Futur, les travaux en cours)
Tour et terminal de transport Transbay / San Francisco, USA / 1998-2007 (non réalisé)
Reconversion des arènes de Barcelona / Barcelone, Espagne / 2000-(en cours de réalisation)
Tour, Leadenhall Street / Londres, Royaume Uni / 2002-(en cours de réalisation)
Immeubles de logement du 1 Hyde Park / Londres, Royaume Uni / 2004-(en cours de réalisation)
Logements Key Worker / Londres, Royaume-Uni / 2004-(en cours de réalisation)
Palais des Congrès Jacob K. Javits / New York, Etats-Unis / 2005-(en cours de réalisation)
Projet de maison industrielle / Milton Keynes, Royaume Uni / 2005-(en cours de réalisation)
Aerospace Campus / Toulouse, France / 2007-(en cours de réalisation)
Site Internet de l'agence Rogers Stirk Harbour + Partners
Richard Rogers + Architectes, catalogue de l'exposition, sous la direction d’Olivier Cinqualbre, éditions Centre Pompidou, 2007
Ouvrages parus sur l'œuvre de Richard Rogers et de son agence
● POWELL, Kenneth, Architecture of the future : Richard Rogers, Basel, Birkhäuser, 2006.
● POWELL, Kenneth, Richard Rogers : complete works. Volume 2, London, Phaidon, 2000.
● POWELL, Kenneth, Richard Rogers : complete works. Volume 1, London, Phaidon, 1999.
● BURDETT, Richard, Richard Rogers : œuvres et projets, Paris, Gallimard-Electa, 1996.
Textes de Richard Rogers
● Des Villes pour une petite planète, Paris, Le Moniteur , 2000.
● Towards an Urban Renaissance, London, Taylor & Francis, 1999.
● Toward a Strong Urban Renaissance
Ouvrages sur l'architecture contemporaine
● Atlas Phaïdon de l'architecture contemporaine mondiale, 2004.
● CHAMPY, Florent, Sociologie de l'architecture, Paris, La Découverte, 2001.
● MONNIER, Gérard, L'architecture moderne en France. 3, De la croissance à la compétition, Paris, Picard, 2000.
● RAGON, Michel, Histoire de l'architecture et de l'urbanisme modernes. 3, De Brasilia au post-modernisme, Paris, Seuil, 1991.
Contacts
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Contact: centre.ressources@centrepompidou.fr
© Centre Pompidou, Direction de l’action éducative et
des publics, novembre 2007.
Texte : Noémie Giard
Maquette: Michel Fernandez, Françoise Sy Savane
Dossier en ligne sur www.centrepompidou.fr/education/ rubrique
’Dossiers pédagogiques’
Coordination : Marie-José Rodriguez