Arts de la scène : aux limites du théâtre
Philippe Quesne / Vivarium studio, La Mélancolie des dragons / 1 2 3 4 5 6 Repères

 

 

Entretien avec Philippe Quesne, metteur en scène, par Aude Lavigne
2. Le processus de crÉation du Vivarium studio

« J’aime cette idée de commencer une pièce ‘en panne’ »

Comment avez-vous élaboré cette dernière pièce, La Mélancolie des dragons ?

« Comment ça marche le théâtre ? » Retour à la première scène : une voiture en panne…
De gauche à droite, Gaëtan Vourc’h, Isabelle Angotti, Tristan Varlot, Sébastien Jacobs
© Martin Argyroglo Callias Bey

En réalité, je commence toutes mes pièces avec le titre que je leur donne et l’envie de travailler avec un groupe bien précis de personnes. À partir des mots du titre, dans ce cas « Mélancolie » et « dragons », j’établis des listes avec des mots ou des références proches. Par exemple, le mot « Mélancolie » m’a mené sur la voie du champ pictural avec Dürer, entre autres peintres. Le mot « dragon » a ouvert une réflexion sur différentes questions telles que : où sont les monstres aujourd’hui ? Quels sont les monstres à combattre aujourd’hui ? Ensuite nous travaillons tous ensemble et les scènes arrivent progressivement.

J’aurais du mal à refaire l’histoire précise, mais la première scène du spectacle La Mélancolie des dragons représente une voiture en panne dans la neige. J’aime cette idée de commencer une pièce « en panne », ce qui place le public face à une question simple : « comment ça marche le théâtre ?», « comment démarrer ? ». Le public, comme nous en réalité, n’a à ce moment que le titre de la pièce comme appui, La Mélancolie des dragons, et peut donc laisser aller son imaginaire. Ensuite, sur scène, une femme arrive, comme venant de l’extérieur, et elle diagnostique la panne du véhicule. Elle est d’une certaine manière une projection mentale du public pour que cette pièce commence.

De l’air enfermé dans d’immenses structures gonflables.
Une image finale où se rejoignent l’idée de la mélancolie et celle d’une création qui échappe

© Photo Pierre Grosbois

Une autre partie importante dans notre travail de recherche, dans le processus même de création, est le travail des interprètes avec des objets. Pour cette pièce, j’ai souhaité que tous les acteurs élaborent des objets qui ne servent à rien. Ainsi nous avons travaillé sur l’idée d’enfermer de l’air. À force d’essais, d’immenses structures gonflables noires sont apparues. Dans le spectacle, elles apparaissent dans la scène finale et laisse le regard du spectateur en suspend. Dans cette image se rejoignent à la fois l’idée de la mélancolie, légère mais présente, et celle d’une création artistique qui nous échappe.

 

 

 

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