Le nouveau festival du Centre Pompidou
1ère édition, 21 octobre - 23 novembre 2009  / 1 2 3 4 5 6 Repères

 

 

5. Tous en scÈne !

Ulla von Brandenburg, Five Folded Curtains, 2008
Vue de 50 Moons of Saturn
Triennale de Turin, 6 novembre 2008 – 1er février 2009

Héritier de ces initiatives qui, depuis plus d’un siècle, ont intégré le corps et l’oralité dans le domaine des arts plastiques, le nouveau festival propose, dans les espaces du Centre Pompidou, à la Conciergerie et au Musée des arts et traditions populaires, des œuvres qui ont trait à la scène et sollicitent la participation du public.

Théâtre et arts plastiques

Compagnie du Zerep, Sur le Pont d’Avignon

Le lien des arts plastiques et du théâtre s’incarne dans l’investissement de l’Espace 315 du Centre Pompidou par Sophie Perez, fondatrice en 1998 de la Compagnie Zerep, et Xavier Boussiron, artiste et musicien, tous deux collaborant depuis 2001. Avec des spectacles qui s’adressent soit aux salles de théâtre (par exemple Laisse les gondoles à Venise, créé en 2005 au Théâtre national de Chaillot) ou aux lieux d’art contemporain (Bartabas Tabasse, performance réalisée à la Force de l’art 2), la compagnie Zerep est pionnière dans le processus de fusion des arts visuels et des arts de la scène. Pendant toute la durée du festival, Sophie Perez et Xavier Boussiron conçoivent leur propre programmation, de manière indépendante, invitant chaque jour comédiens, musiciens, danseurs, artistes à venir performer. On peut ainsi assister à une initiation à la poterie intitulée « Passe-temps et loisirs » donnée par la Compagnie Zerep, à une performance du musicien pop Philippe Katerine ou à la présentation de la peinture Boudin, l’été dernier par son auteur, Arnaud Labelle-Rojoux.

Autre espace autonome représentant le rapprochement entre théâtre et arts plastiques, le Teatrino Palermo de Pierre Leguillon. Critique d’art et photographe, Pierre Leguillon s’est spécialisé depuis le début des années 90 dans la projection de diaporamas qu’il organise dans des festivals, des lieux d’art et ailleurs, selon les sollicitations, et assure le commissariat d’expositions qui renouvellent le rapport à l’image. Son Teatrino Palermo, construit comme une réplique du théâtre de marionnettes du peintre allemand Blinky Palermo, une œuvre oubliée qui intégrait pourtant les arts de la scène dans le champ des arts plastiques, est un théâtre mobile qui présente lui aussi sa propre programmation en conviant des artistes et des intellectuels à des rendez-vous quotidiens avec le public.

Musique et arts plastiques

Cocktail Designers et Olivier Vadrot, Kiosque électronique, 2004, espace scénique
190 x 240 x 240 cm, collection Frac Ile-de-France
Vue dans le cadre de l'exposition
« Rooms, Conversations » au Frac Ile-de-France / Le Plateau, Paris, hiver 2007

L’intrusion de la musique dans les arts plastiques est particulièrement bien représentée dans le nouveau festival, aussi bien par des installations sonores qu’une programmation de performances poético-musicales.

Dans la Galerie sud, lieu où sont exposées les installations permanentes du festival, Olivier Vadrot, architecte et designer, associé à Cocktail Designers, un collectif d’architectes, de graphistes et de musiciens, présente un kiosque à musique électronique. Conçue comme une boîte en verre hermétique, cette pièce accueille des musiciens que l’on ne peut écouter de l’extérieur que par l’intermédiaire de casques, le dispositif restituant au concert tout son potentiel visuel. De même, une installation sonore, Amulette de protection magnétique, par le jeune artiste Davide Balula, occupe la mezzanine.

Mais c’est surtout un programme complet d’expérimentations autour de la musique, de la poésie et des arts visuels qui incarne la présence de la musique dans ce festival, avec la programmation intitulée Bruits de bouche. Des musiciens, des performers sont invités à se produire dans différents lieux, salle de spectacle et salle d’exposition. Percussionniste, chanteur d’opéra et performeur, l’Américain David Moss inaugure cette programmation avec un spectacle de musique expérimentale, dans la continuité du travail de John Cage. Quelques jours plus tard, le poète Sébastien Lespinasse donne un « pneuma-récital », dans la lignée de la poésie sonore de Kurt Schwitters. Puis, la chanteuse Donatienne Michel-Dansac interprète une pièce de Georges Aperghis, pionnier du théâtre musical.

Le lien entre l’art et la danse sera quant à lui évoqué par la programmation au sous-sol du Centre Pompidou de Vidéodanse, festival qui a lieu chaque année et associé à la première édition du nouveau festival.

Et autres rendez-vous : Peintures parlées, Tableaux vivants, Conférences-performances, Rosbud….

Le nouveau festival propose aussi des Peintures parlées, des œuvres tirées du Musée national d’art moderne commentées par des artistes, des Tableaux vivants intitulés Parfums pourpres du soleil des pôles, un ensemble de performances qui associent les sons et les couleurs, mais sa partie sans doute la plus originale réside dans la programmation de Conférences-performances, qu’il s’agisse de théoriciens qui font évoluer leur pratique vers la performance ou d’artistes qui font de la conférence une forme artistique.

Eric Duyckaerts
Performance du 25 octobre 2003

Initiateur de cette deuxième catégorie, Eric Duyckaerts parodie les démonstrations construites par les logiciens et les mathématiciens, en procurant à leur rhétorique hermétique un tour burlesque et poétique. A sa suite, Benoît Maire et Étienne Chambaud, explorateurs du temps qui passe, font de la conférence une forme artistique à part entière.

Inversement, des critiques d’art, dont la conférence est une forme habituelle de travail, revisitent le genre pour en faire une performance, entre la délivrance d’information et l’action artistique. Jean-Yves Jouannais, qui présente régulièrement depuis 2008 son Encyclopédie des guerres au Centre Pompidou, un abécédaire qui traite de thèmes liés à la guerre sur le ton de l’absurde, donne un « hors série » plus théâtral que jamais dans le cadre du festival. Dans un style proche, un autre critique d’art, Guillaume Désanges, auteur notamment d’une Histoire de la performance en 20 min où un acteur mime des performances célèbres, propose Signs and Wonders, une conférence entièrement illustrée par des ombres chinoises.

Parallèlement à ces conférences-performances une programmation intitulée Rosebud fera intervenir des écrivains donnant des lectures performées de leurs textes.
Enfin, un ensemble de spectacles en Grande salle complète cette programmation.

 

 

 

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