Danse contemporaine - Pour une chorégraphie
des regards
Entretien avec Serge Laurent /
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4. Un enjeu: la présence. Un médium: le corps
N’observez-vous pas de véritables tics scéniques,
dont la portée s’émousse, pour être devenus des figures
obligées? On peut penser par exemple au nu en danse.
Mais c’est absolument secondaire! Ca n’est pas un enjeu. Il y a
un enjeu: la présence. Un médium: le corps. Le nu n’en
est qu’une variation. L’unique intérêt est, dès
lors, la façon dont le nu s’habille par l’esprit: il y a
des nudités violentes, d’autres douces, des crues, des abstraites,
des cliniques, des discursives, des
genrées, des énigmatiques, des obscènes,
des drôles, des floues, des surprenantes, des banales…
Le projet de la plupart des artistes chorégraphiques que vous programmez semble être la déconstruction de la représentation spectaculaire. Ce projet ne court-il pas le risque de s’épuiser? D’une part, parce qu’il en passe par la démonstration, la révélation des codes, opération qui perd de son impact dès lors qu’elle est assimilée. D’autre part parce qu'on ne fait jamais, en définitive, que toujours et encore du spectacle…
Je suis assez d’accord. De toute façon, on ne sort pas du champ
de la représentation spectaculaire. Ce qu’on fait, c’est
bien du spectacle. Mais voici sans doute une excellente nouvelle pour les spectateurs.
Car le spectacle est une relation, riche, mobile, toujours à réinventer.
Les critiques les plus acerbes du spectacle, les plus iconoclastes et irrévérencieuses,
révèlent en fait l’immense importance qu’en définitive
elles lui reconnaissent.
Elles témoignent d’une véritable fascination, d’un
profond respect.
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