Arts de la scène et nouvelles technologies
Myriam Gourfink, Les temps tiraillés /
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2. Myriam Gourfink
Une position singulière dans le paysage chorégraphique
Dans cette constellation très riche, Myriam Gourfink apparaît comme une personnalité singulière. Elle s’inscrit dans une recherche chorégraphique qui s’intéresse essentiellement à l’organisation des mouvements de la danse, sa structure interne, ses schémas dans l’espace. Une recherche qui, depuis Waw aux Temps tiraillés, s’attache inlassablement à tisser des liens entre mouvements du corps et nouvelles technologies.
Myriam Gourfink, Waw, 1998
© Frédérique Fichet
L’observation par ordre chronologique de chacune des
pièces de Myriam Gourfink révèle autant une continuité dans
son travail chorégraphique qu’une exigence sans cesse approfondie.
Son premier solo Waw (1998) peut se lire comme un geste inaugural dans
lequel elle pose les prémisses d’une danse à la fois organique
et hypnotique. Sa silhouette modelée dans un costume en latex rouge,
Myriam Gourfink avance lentement vers le public en suivant le tracé imaginaire
d’une simple ligne droite. C’est à partir de ce dessin
dans l'espace, épuré à l’extrême, qu’elle
construit sa gestuelle : des positions toujours de face ou dos au public,
jamais de profil, une tension extrême qui donne à ressentir
les mouvements intérieurs du corps, la respiration, sa transpiration
ténue, le temps élastique, étiré jusqu’à en
devenir irréel.
Il ne s’agit pas alors de construire une danse minimaliste mais de la
ramener à
son expression la plus ténue, à son origine. A en questionner
physiquement ses mouvements premiers, comme le font, dans des registres chorégraphiques
très différents, Jérôme Bel, Boris Charmatz, Emmanuelle
Huynh, Xavier Leroy, Catherine Contour, Claudia Triozzi, Alain Buffard, Jennifer
Lacey ou La Ribot.
Myriam Gourfink, Überengelheit, 1999
© Frédérique
Fichet
Überengelheit (1999), sa première pièce de groupe, explore les limites de l'enveloppe corporelle. En répétition, cette limite est augmentée en travaillant dans de petits espaces. C’est dans cette restriction de l'espace physique extérieur qu'elle commence à aborder le mouvement. Elle élabore alors l'écriture de quatre phrases, une pour chaque danseuse, inscrites dans un même espace scénique, sans aucune connexion temporelle. La chorégraphie se porte sur l'écoute du mouvement dans ses parcelles les plus intimes. La quasi-immobilité de la gestuelle prend forme à travers des micromouvements, des petits heurts souterrains, des petits effondrements et des reprises, dans un perpétuel jeu de balance entre tensions et contre-tensions.
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