Arts de la scène : aux limites du théâtre
Didier Galas, La Flèche et le Moineau / 1 2 3 4 5 6 7 Repères

S’affranchir des codes de la représentation

« Je pense qu'il n'y a pas de différence fondamentale entre les acteurs et les danseurs : c'est le corps qui nous pousse à écrire et à dire ; et dans le corps il y a du mouvement, de l'énergie et de la vie, tout commence là. »

La Flèche et le Moineau
1- Côte à côte, théâtre et danse réinventent la présence sur scène
2- Dans ce porté, Edith Christoph, la danseuse, soutient Fany Mary, la comédienne
Représentation au Bateau Feu, Scène nationale de Dunkerque, 22 janvier 2009
© Eric Legrand

Ces propos de Didier Galas éclairent parfaitement sa démarche sur le plateau : ne pas s'enfermer dans des contraintes stériles, libérer les sens et s'affranchir des codes de la représentation. Pour ce faire, il déplace les interprètes hors de leur surface de prédilection et organise un chaos fertile où les turbulences des corps et les oscillations de la pensée se percutent en un mouvement générateur de sensations et de sentiments.

Dans cette « sphère de l'entre-deux », la place du spectateur est à géométrie variable selon le regard qu'il pose ou l'imaginaire qu'il porte. Confortablement installé dans la salle, le public voit alors les interprètes le rejoindre, toutes lumières allumées, pour un décryptage en règle des indices abandonnés hors d'un plateau régulièrement investi par le scénographe Jean-François Guillon. Lequel dispose les flèches selon un rituel concis avant de revenir prendre place entre deux spectateurs.

Ce faisant, le metteur en scène nous invite à le suivre hors les murs et hors du monde. Car s'il veut épouser les lignes invisibles de la pièce, le spectateur doit prendre les intervalles et s'engouffrer dans une terra incognita sans craindre de se perdre. La Flèche et le Moineau est ainsi un labyrinthe mental où le spectateur − privé de repères (pas d'histoires ni de personnages) − s'enfonce, s'égare et se retrouve pour mieux disparaître à nouveau dans les abysses d'un monde absurde, océan impénétrable où se dérobent le mystère du monde et ses beautés cachées.

Arts de la scène : aux limites du théâtre
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