Arts de la scène : aux limites du
théâtre
Didier Galas, La Flèche
et le Moineau /
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Repères
« Nous étions tous là au même niveau »
La Flèche et le Moineau
Entre naturel et non naturel, tous les registres font partie de l’éventail de jeu
De gauche à droite : les danseurs Edith Christoph,
Sylvain Prunenec et la comédienne Fany Mary
Représentation à la Maison de la Culture de Bourges, 17 février 2009
© Eric Legrand
Didier Galas a voulu rassembler dans ce spectacle des acteurs, des danseurs et un non-interprète. Vous êtes ce non-interprète. Quel est le rôle du non-interprète ?
Dans la phase de création du spectacle, Didier a posé la question du texte aux danseurs, et la question du corps aux acteurs, il m’a aussi demandé d’être présent sur scène. Il nous donnait à chacun des extraits de textes à partir desquels nous devions faire des propositions. C’était très déroutant et en même temps très stimulant. Nous étions tous là au même niveau. Entre interprète et non interprète, il voulait brouiller les cartes. Le résultat, certifié par les spectateurs, est qu’on ne sait plus qui est danseur, qui est acteur. En ce qui me concerne, mon statut est à part, je fais peu de choses sur la scène, je manipule des bouts de bâton et, à sa demande, de la façon la plus naturelle possible. D’ailleurs, j’étais devenu pour tous, à la fin de la conception du spectacle, Monsieur Réel. J’étais une balise de réalité. A certains moments ma présence leur apportait quelque chose, à d’autres ils m’oubliaient, présence et absence qu’on retrouve chez Gombrowicz.
Acteurs et danseurs ont beaucoup travaillé sur la frontière ambiguë entre naturel et non naturel. Ce trouble se ressent dans le spectacle quand, par exemple, les acteurs arrêtent d’être des acteurs et vont dans la salle pour dire : « Qu’est-ce que c’est ce moineau qui est pendu, qui l’a mis là ? ». Ils n’en restent pas moins interprètes et tous les registres font partie de leur éventail de jeu. Ma position, en tant que non-interprète, ajoute à cette façon de perdre le spectateur. Comme Gombrowicz perd facilement son lecteur, ce spectacle cherche à perdre les spectateurs, non pas à perdre leur attention mais à les perturber.
Selon vous, quels sont les enjeux esthétiques de cette pièce ?
C’est, je pense, une positon philosophique et esthétique par rapport au monde, à la réalité, à l’observation, à l’interprétation. Le questionnement perpétuel sur les objets, leur sens, rejoint mes questionnements artistiques sur la forme. Comment une forme que j’ai créée et qui me parle peut-elle intéresser quelqu’un d’autre ? J’ai déjà mentionné cette adresse très simple et sincère, d’humain à humain, qu’il y a chez Gombrowicz. J’ai cherché dans une espèce d’épure à aller droit à cette simplicité. Les différents niveaux de jeu théâtral et dansé rejoignent aussi les problématiques des masques, être soi, pas soi, comme chez Gombrowicz.
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