Arts de la scène : aux limites du
théâtre et de la danse
Claudia Triozzi, Ni vu ni connu /
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Repères
biographie
Interprète au sein de compagnies
Claudia Triozzi, née à Milan en 1962, s’installe à Paris en 1985, attirée par l’effervescence de la danse contemporaine en France. Elle y prend des cours, puis devient interprète au sein de plusieurs compagnies : celles de Georges Appaix, Odile Duboc, François Verret, puis Xavier Boussiron, Alain Buffard, Xavier Le Roy, Alain Michard.
En 1991, pour une soirée au 18-Théâtre, elle crée un premier solo, La Vague. L’année suivante, elle en présente un autre, d’une durée de quatre minutes environ : Les Citrons, dans lequel elle incarne un personnage s’entraînant pour un numéro de cabaret à la fois comique et légèrement inquiétant. A partir de 1995, tout en continuant de participer à d'autres projets en tant qu’interprète, elle commence à se consacrer pleinement à ses propres créations. Il s'agit toujours de soli – nourris cependant de la collaboration, voire de la présence en scène, d'autres artistes (notamment musiciens et plasticiens) – qu'elle interprète elle-même.
Le corps aux prises avec des objets.
Le travail vocal
En 1996, elle crée Gallina Dark, à partir de la question qu’elle se pose alors : comment construire une pièce quand on n’a plus envie de « danser » ? C’est le début d’une recherche qui met le corps aux prises avec des objets, travail qui se poursuivra avec Park (1998), pièce déambulatoire, puis avec Dolled Up (2000).
1. The Family Tree, 2002
Photo Olivier
Charlot
En 2002, avec Family Tree, Claudia Triozzi retrouve une configuration scène-salle traditionnelle et commence à questionner le travail vocal : la pièce se présente comme « une suite de chansons », conçue avec la complicité de Xavier Boussiron (présent sur scène également). Un intense travail vocal sera également à l'œuvre dans Stand (2004), qui cherche « à mettre en scène la photographie[17] » et « à mettre en scène le stand comme lieu d’exposition », avec la collaboration du photographe Olivier Charlot. Pour la production de la pièce, de nombreuses séances de photo sont organisées, qui exposent un corps intime, déshabillé, dans des cadres divers – principalement des appartements dont Claudia Triozzi a demandé aux occupants si elle pouvait les investir. Les photographies apparaissent et disparaissent dans une scénographie de « stand » et sont accompagnées par les improvisations vocales de Claudia Triozzi et instrumentales de Michel Guillet.
Dénégation ou amplification du corps ?
L’année suivante, suite à un séjour au Japon, elle crée Opera’s Shadows : des tableaux de lumières se composent et se recomposent sur un écran, derrière lequel Claudia Triozzi, Michel Guillet et la compositrice japonaise Haco improvisent. La chorégraphe souligne le fait qu’il s’agissait de questionner l’écran du cinéma ou de la télévision : « Qu’est-ce qu’on attend d’un écran ? Qu’est-ce qu’on accepte de lui ? »
2. Claudia Triozzi, Up to date, 2007
Photo Olivier Charlot
En 2006, avec les mêmes collaborateurs, elle présente une
performance sonore, Fais une halte chez Antonella. Aux spectateurs qui parlent,
face à sa démarche, de négation ou de disparition du corps, elle répond :
« Pour moi, c’est une amplification du corps. [...] Ce qu’on voit
n’est pas ce qu’on voit. Mais on le voit. Et ce qu’on a cru voir, on l’a
peut-être vraiment vu, alors qu’il n’était pas là ! » En 2007, dans Up to
date, le corps de la chorégraphe est de nouveau visible, mais il se
fond dans un décor-camouflage : une suite de tableaux mouvants qui, là encore,
entre en relation avec un travail sonore. Dans La Prime 2008,
l’improvisation vocale se confrontera au bruit des machines de l’usine.
3. Claudia Triozzi, Ni vu ni connu, 2010
Photo Hervé Véronèse – Centre Pompidou
En 2010, Claudia Triozzi crée Ni vu ni connu. La scénographie s’organise autour d’instruments de musique étonnants, et le travail vocal donne lieu à un traitement électronique effectué en direct par Fernando Villanueva. « La vocalité est traitée comme mouvement, comme dynamique pensante, mais également comme puissance de figuration[18]. »
Ces pièces sont présentées en Europe, aux États-Unis et au Japon, où Claudia Triozzi a bénéficié de la bourse AFAA, Villa Kujoyama hors les murs (2004). En 1999, elle est lauréate de la Villa Médicis hors les murs. En 2005, elle est artiste associée aux Laboratoires d’Aubervilliers.
Des expériences hors normes
Indépendamment des pièces qu’elle produit et qui sont destinées à « tourner », Claudia Triozzi est une habituée des expériences hors normes. Pour La Prime 2008, elle va à la rencontre du patron et des employés de l’entreprise Soreal, dans le cadre d’un projet initié par les Ateliers de Rennes pour la Biennale Valeurs croisées, qui interroge la notion de valeur, dans le champ du travail artistique et de l’activité salariée. En octobre 2009, dans le cadre du festival Playtime, organisé par Bétonsalon (lieu de recherche artistique implanté au cœur d’une université), elle improvise, avec la compositrice Haco, lors d’un cours de neurosciences...
Claudia Triozzi produit également des vidéos et installations (parfois tirées de ses pièces) qui sont exposées par des musées et galeries : Museum Kunst Palast, Düsseldorf (2001), Biennale d’art Contemporain de Lyon, Connivence (2001) ; Studio National des arts contemporains, Le Fresnoy, Tourcoing (2002) ; Galerie Maisonneuve, Paris (2002).
En 2006, dans le cadre d’une VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), elle obtient le Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique, option art, auprès de l'École Nationale des Beaux-Arts de Lyon. Elle enseigne régulièrement au sein d'écoles d'art, notamment à l'École supérieure d'art de Rueil-Malmaison depuis 2006.
Productions
• Ni vu ni connu (2010), présenté au Centre Pompidou du 14 au 17 avril 2010
• Cours à la fac (2009)
• La Prime (2008)
• Up to date (2007)
• Fais une halte chez Antonella (2006)
• Strip-tease (2006)
• La baronne et son tourment (2006)
• Opera’s Shadows (2005)
• Stand (2004), présenté au Centre Pompidou du 16 au 18 novembre 2004
• The Family Tree (2002), présenté au Centre Pompidou du 24 au 27 mars 2003
• Dolled Up (2000), performance présentée dans le cadre de l’exposition Au-delà du spectacle, entre novembre
2000 et janvier 2001
• Park (1998), présenté au Centre
Pompidou les 29 et 30 mars 2003
• Gallina Dark (1996)
• Les Citrons (1992)
• La Vague (1991).
RÉfÉrences bibliographiques
Imprimés
• Yvane Chapuis, « Adina fume des anglaises », Mouvement n°5, juin 1999.
• Yvane Chapuis, « Portraits de chorégraphes », in N. Chapuis (éd.), Créateurs Création en France – la scène contemporaine, Paris, CNDP / Autrement, 2002.
• Laurent Goumarre, « Le cas Triozzi », Danser, n°265, mai 2007.
• François Piron, « Claudia Triozzi », Mouvement, supplément-programme du festival Studio Vidéo Danse (Ajaccio, 2000).
• Sabine Prokhoris, « Une femme de la scène », in La Psychanalyse excentrée, Paris, Presses Universitaires de France, 2008 (version remaniée du texte paru sous le même titre dans Art Press en 2004).
• Marie-Christine Vernay, « Adina dort, dîne, badine... », Libération, 1er juin 1998.
Audiovisuel
• Claudia Triozzi. Entretien conduit par Geisha Fontaine, réal. Centre National de la Danse, 2005 (DVD consultable à la médiathèque du CND).
En ligne
• Plusieurs textes sur le travail de Claudia Triozzi ont été
publiés par les Laboratoires d’Aubervilliers, dans Le Journal des Laboratoires ou
sur le site internet de la structure www.leslaboratoires.org. Citons
notamment :
-
Christophe Kihm,
« In-définir, une analyse du travail de Claudia Triozzi et Xavier
Boussiron », Le Journal des
Laboratoires n°1, novembre 2003 - mai 2004 ;
-
Cyril Seguin, « Opera’s shadows, une pièce de Claudia Triozzi », Le Journal des laboratoires n°5, janvier
- juin 2006 ;
-
Claudia Triozzi & Vincent Dupont,
discussion, avril 2007.
• Dossier pédagogique : Pour une chorégraphie des regards
[17] Cette
citation et les suivantes sont tirées de Claudia
Triozzi. Entretien conduit par Geisha Fontaine, op. cit.
[18] Présentation de la pièce sur le site du bureau d’accompagnement chargé de la
diffusion du travail de Claudia Triozzi : www.latitudescontemporaines.com
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