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 Robert Van
Ackeren,
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1965, le début d'une nouvelle ère. Le
cinéma Super 8 (faisant appel à des caméras
automatisées bon marché fonctionnant à l'aide de
cassettes pratiques) permet désormais à tout un chacun
de réaliser ses propres films consacrés à son univers
personnel, en donnant libre cours à ses fantasmes. La
diffusion des équipements vidéo amateur dans les
années 80 met fin à l'heure de gloire du Super 8. En
réalisant le film Deutschland Privat, Robert Van
Ackeren "écrit" donc à la fois un hommage au
genre et son testament. Même s'il se sert uniquement
d'images qu'il a trouvées et qu'on lui a fait parvenir
(il a effectué sa sélection à partir de 200 heures
d'images), le film est plus qu'une simple compilation.
C'est un véritable discours visuel sur les normes du
format spécifique au cinéma d'amateurs, qui après tout
n'a droit à l'existence que dans l'intimité du salon.
La projection publique ne peut que lui faire
(délibérément) injustice. Mais en rompant tout lien
avec le contexte adéquat, on fait apparaître plus
clairement que jamais les limites, les possibilités et
les acquis du genre. Une telle projection est d'ailleurs
à double tranchant : confronté à ces images
personnelles, le spectateur, qui est toujours voyeur dans
une certaine mesure, devient un voyeur de première
catégorie - plus précisément du document
cinématographique ultime d'une société en proie à
l'exhibitionnisme. Des
images d'enfance aux souvenirs de vacances, des évènements familiaux
aux ébats érotiques, le cinéaste amateur filme avec
grand enthousiasme son univers depuis son point de vue
subjectif, oubliant volontiers son travail pendant ce
temps-là. Car la structure du film de Van Ackeren
démontre que le format Super 8 s'intéresse par
excellence aux loisirs ; le monde du travail en reste
absent. Le cinéaste amateur ne dirige jamais sa caméra
sur les aspects moins admirables de son existence ; on
sauve toujours les apparences. Cet univers intime est une
édition compacte de Hollywood,
même si les cinéastes et acteurs amateurs vont parfois
plus loin dans la représentation de leurs fantasmes.
Qu'il s'agisse d'un film publicitaire pour la voiture du
ménage ou d'une scène porno hardcore mettant en scène
l'épouse et l'animal de compagnie, le cinéma, la
télévision et la publicité ont incontestablement
laissé des traces dans ces films.
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