LE FUTURISME À PARIS
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FÉlix Del Marle et valentine de saint-point
À Paris, la poétesse Valentine de Saint-Point et le peintre Félix Del Marle sont les seuls à rallier sans réserve le futurisme. Chacun allant de son manifeste, sorte d’épreuve pour plonger dans le bain de la table rase.
Valentine de Saint-Point
Le Manifeste de la femme futuriste (mars 1912) de Valentine de Saint-Point pourrait être un texte féministe (si elle n’y affirmait : « Le féminisme est une erreur politique »), réclamant l’égalité entre homme et femme, la part de masculinité et de féminité en chacun des êtres, avec des élans nietzschéens :
Cessons de bafouer le désir.[...] Femmes, redevenez sublimement injustes, comme toutes les forces de la nature ! […] Que l’homme, libéré de la famille, mène sa vie d’audace et de conquête, dès qu’il en a la force physique […]
Son Manifeste futuriste de la Luxure (janvier 1913), publié simultanément en français et en italien, est une surenchère d’incitations à délivrer son énergie, au-delà de tout sentiment :
La Luxure, c’est la recherche charnelle de l’Inconnu, comme la Cérébralité en est la recherche spirituelle.
Félix Del Marle
Pour Félix Del Marle, il s’agit tout simplement de détruire Montmartre, « vieille lèpre romantique », lieu aussi où se concevait le cubisme. Le Manifeste futuriste à Montmartre (juillet 1913) a aussi ses mots d’ordre :
PLACE A LA PIOCHE FUTURISTE !!! Montmartre aura vécu. Ce ne sera plus le cerveau pourri couronné d’une calotte cléricale, pesant sur Paris s’éveillant au génie aveniriste.
Ecouter des extraits du Manifeste futuriste à Montmartre,
1913’
Félix
Del Marle, Le Port, 1913-14
Huile sur toile, 81 x 65 cm
Musée des Beaux-arts de Valenciennes
Début 1913, Félix Del Marle a rencontré Severini qui lui a fait découvrir la peinture futuriste. « Le Port, explique Didier Ottinger dans le catalogue, commencé durant l’hiver 1913-1914, illustre la complexité, le tissage serré des relations entre cubisme et futurisme. Le tableau fait écho au Souvenir du Havre de Picasso, une toile elle-même conçue en réponse à un tableau de Severini, Souvenirs de voyage, inspiré au peintre italien par une lecture de Bergson. »
De part et d’autre d’un axe médian, deux coques d’un paquebot occupent le centre du tableau, deux ellipses ouvertes suscitant une tension dynamique – la « place du spectateur au centre du tableau » selon le Manifeste des Peintres futuristes. L’une des coques sur laquelle est écrit NIAGARA semble arriver au port, le mot entraînant la lecture en simultané de NEW YORK (situé en bas à gauche du tableau), provenance du paquebot. L’autre coque est déjà amarrée au quai.
Les aplats noirs et ocres des coques contrastent avec l’environnement ; grues, hangars, détails des quais : un foisonnement de touches et de lignes colorées qui transcrivent la vie du port avec ses bruits, ses couleurs, ses odeurs. L’intrusion des mots dans cet ensemble de signes et l’étagement des plans rappellent les procédés employés par Braque et Picasso. Le peintre a entrepris ici une synthèse entre cubisme et futurisme.
L’œuvre introduit à la salle suivante : Hybridations .
Voir d’autres œuvres de Félix Del Marle présentées dans l’exposition
● Sur le site du MoMA, New York
> L’Effort, 1913● Sur le site du Centre Pompidou
> Les Patineuses, 1913
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